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Le Premier ministre tunisien annonce un Exécutif d'indépendants


Samedi 4 Janvier 2020

Le Premier ministre tunisien Habib Jemli, désigné par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, a présenté jeudi son gouvernement composé de personnalités indépendantes après un mois et demi de tractations difficiles et l'échec des négociations avec les partis politiques.
Arrivé en tête des législatives du 6 octobre, Ennahdha a désigné mi-novembre M. Jemli, 60 ans, un de ses compagnons de route, pour former le nouveau gouvernement.
Cet ex-secrétaire d'Etat a choisi des personnalités indépendantes et plusieurs membres du gouvernement, qui doit être approuvé par le Parlement, ne sont pas connus du grand public. Le cabinet est composé de 28 ministres dont quatre femmes, et de 15 secrétaires d'Etat.
"Je suis confiant que ce gouvernement sera approuvé par le Parlement", a déclaré M. Jemli à la presse.
Ce dernier avait annoncé à plusieurs reprises avoir finalisé sa liste mais celle-ci n'a été finalement signée par le président Kais Saied que ce jeudi.
La jeune démocratie tunisienne a connu il y a quelques mois des élections législatives et présidentielle qui ont vu un grand renouvellement du Parlement et l'arrivée à la tête de l'Etat de M. Saied, un néophyte en politique, sans parti.
Avec seulement un quart des sièges, le parti Ennahdha est cependant le premier groupe de l'Assemblée, et son chef historique Rached Ghannouchi a été élu président de cette instance.
Dans le nouveau gouvernement Jemli, le juriste et porte-parole du parquet ainsi que du pôle antiterroriste, Sofiène Sliti, a été désigné ministre de l'Intérieur. Les ministères de la Défense et de la Justice ont été attribués respectivement au juge Imed Derouiche et à Hédi Guédiri, ex-Premier président de la Cour de cassation. L'ex-ambassadeur Khaled Séhili a été nommé aux Affaires étrangères.
Le seul ministre reconduit est René Trabelsi, qui reste à la tête du ministère du Tourisme.
Un ex-ministre des Finances Fadhel Abdelkéfi a été choisi comme ministre du Développement et de la Coopération internationale.
A la Jeunesse et aux Sports, M. Jemli a nommé l'ex-légende du football Tarek Dhiab. L'acteur populaire Fathi Hadaoui a été désigné à la tête du ministère de la Culture.
Pour former un gouvernement, M. Jemli avait consulté partis, syndicats et personnalités nationales sans parvenir à rallier des partis à une coalition gouvernementale.
Après l'échec des discussions, il avait annoncé le 23 décembre sa décision de former un gouvernement "d'indépendants" en raison des "tiraillements" entre partis dont certains ont imposé selon lui des "conditions énormes" pour participer au gouvernement.
Deux importants partis, les sociaux-démocrates d'Attayar (22 sièges) et les nationalistes d'Al-Chaab (15 sièges), ont renoncé à rejoindre le gouvernement, indiquant ne pas avoir obtenu les ministères clés qu'ils demandaient, dont la Justice et l'Intérieur.
D'autres partis ont dit craindre d'être associés à Ennahdha, qui a déjà été directement ou indirectement au pouvoir ces dernières années sans parvenir à faire décoller l'économie, ni répondre aux attentes sociales attisées par la révolution de 2011.
"Habib Jemli s'est trouvé coincé au milieu de jeux, de calculs et de manoeuvres politiques très compliqués", écrit le quotidien francophone La Presse. Il sera placé devant un défi encore plus grand: "Obtenir la confiance d'un Parlement fragmenté, hétérogène et faire face à une opposition plus forte que jamais".
Le bureau du Parlement se réunit ce samedi pour fixer la date de la plénière destinée au vote de confiance, selon un communiqué.
D'après la Constitution, si la confiance du Parlement n'est pas accordée, le président "engage des consultations dans un délai de dix jours avec les partis et les groupes parlementaires, en vue de charger la personnalité jugée la plus apte, de former un gouvernement dans un délai maximum d'un mois".
Le retard dans l'entrée en fonctions d'un gouvernement risque de repousser davantage les réformes indispensables à la relance de l'économie nationale.
Huit ans après la révolution qui a mis fin à la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie, berceau du Printemps arabe, reste confrontée à de nombreux défis.
Si la sécurité s'est nettement améliorée après une série d'attentats jihadistes en 2015, le chômage continue de frapper la population, notamment les jeunes, et l'inflation grignote un pouvoir d'achat déjà faible.


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