Le déficit en ressources humaines gangrène le tissu productif et la compétitivité de l’économie marocaine. Les départements concernés expérimentent des alternatives afin de remédier aux carences du dispositif classique de l’enseignement et de l’éducation. Cette mission a été confiée à l’Ofppt dont la gouvernance est, cependant, loin d’être au top. Outre la gestion du fameux dossier des contrats spéciaux de formation, le taux d’intégration et le niveau de formation ne font pas l’adhésion de toutes les parties impliquées dans ce dossier.
Conscient des enjeux de la formation professionnelle, le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle a élaboré le Plan d’urgence dans le domaine de la formation professionnelle qui est déjà opérationnel. Ce plan est basé sur huit études. Ces dernières concernent les secteurs de l’agriculture (60.000) et de l’artisanat(60.000) et les licences professionnelles. Elles portent aussi sur l’accompagnement du plan par le développement intégré des secteurs industriels et hôteliers (62.000). Les autres études concerneront la régulation des offres publique et privée de formation professionnelle, l’optimisation des durées de formation ainsi que l’amélioration de l’employabilité des jeunes en difficulté d’insertion.
Ces études ont fait l’objet de conventions pour la mise en œuvre des plans d’actions élaborés. Ces conventions concernent la réalisation de programmes relatifs à la formation par apprentissage de 60.000 filles et fils d’agriculteurs et de 60.000 artisans.
Au niveau du secteur agricole qui continue d’être le principal employeur occupant 43,4 % de la population active globale, il est confronté à plusieurs contraintes dont le faible niveau de qualification des ressources humaines caractérisées par un taux d’analphabétisme de 67 %, qui pénalise la productivité du secteur agricole.
Pour faire face à ces défis, le système de formation professionnelle est appelé à mettre en place une offre de formation cohérente avec les spécificités et les besoins en compétences du secteur.
La formation par apprentissage mise en place dans le cadre de la Charte nationale d’éducation et de Formation constitue, d’après ses initiateurs, le mode le plus approprié pour doter le secteur agricole d’une main-d’œuvre qualifiée permettant d’accompagner la mise à niveau des exploitations et entreprises agricoles. Il s’agit aussi de permettre aux filles et fils d’agriculteurs d’acquérir les qualifications nécessaires pour favoriser leur insertion socioprofessionnelle en vue de préparer la relève en formant une nouvelle génération d’agriculteurs mieux qualifiés et plus ouverts aux innovations technologiques.
Les principaux résultats d’une étude réalisée au niveau des huit bassins agricoles, menée sur la base d’une enquête nationale auprès de 1080 exploitations agricoles ont identifié 20 métiers porteurs ainsi que 51 400 emplois potentiels recensés en tant que besoins en main-d’œuvre qualifiée exprimés par les exploitations agricoles.
Non moins important, le secteur de l’artisanat est considéré comme l’un des leviers de développement social et économique en termes de création d’emplois et de richesses. Pour accompagner le contrat-programme « Vision 2015 », le système de formation professionnelle est appelé à mettre en place une offre de formation cohérente avec les spécificités et les besoins en compétences du secteur. La formation par apprentissage mise en place dans le cadre de la Charte nationale d’éducation et de formation est retenue comme le mode le plus approprié pour doter le secteur d’artisanat d’une main-d’œuvre qualifiée permettant d’accompagner la mise à niveau des unités d’artisanat et aux jeunes d’acquérir les qualifications nécessaires afin de favoriser leur insertion socioprofessionnelle. Pour atteindre les objectifs fixés, une étude a été réalisée dans les différents bassins d’artisanat identifiés pour définir les métiers porteurs dans lesquels l’apprentissage doit être développé et cerner le potentiel de formation offert dans chacun de ces métiers. Les principaux résultats de cette étude, au niveau des neuf bassins d’artisanat, menée sur la base d’une enquête nationale auprès de 3.070 unités d’artisanat ont permis d’identifier 30 métiers porteurs, de recenser 104.600 emplois potentiels et une offre de 107.000 places d’apprentissage.
Le département en charge de ce dossier a aussi mis en œuvre les licences professionnelles. A ce niveau, l’étude de faisabilité réalisée a permis d’appréhender les besoins du marché de travail en cadres intermédiaires (licence professionnelle) et l’offre de formation mais aussi d’analyser l’environnement juridique et les modalités d’ordre pédagogique et organisationnel relatives au développement de ces Licences. Les besoins de l’économie, à l’horizon 2012, sont estimés à 7.250 lauréats formés dans 290 licences professionnelles. Le plan d’action retenu et mis en application prévoit le développement, dans le cadre d’une convention entre les deux ministères, des filières de licences professionnelles selon deux options. Il s’agit du (Bac+2)+1 : deux semestres de formation pour les titulaires du Bac+2 ainsi que le Bac+3 : six semestres de formation pour les titulaires du Bac ou d’un diplôme équivalent. Le démarrage des formations s’effectuera, dès la rentrée 2008-2009, dans 25 licences professionnelles accréditées avec un effectif de 625 inscrits, pour atteindre, à l’horizon 2012, une centaine de licences avec 2500 nouveaux inscrits.