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Le Parlement libanais reporte l'examen de lois controversées fustigées par la rue


Libé
Mercredi 20 Novembre 2019

Le Parlement libanais a dû renoncer mardi, pour la deuxième fois, à l'examen de propositions de lois dénoncées par le mouvement de contestation qui secoue le pays depuis plus d'un mois, après de vives tensions dans le centre-ville de Beyrouth.
"La séance a été reportée à une date qui sera déterminée ultérieurement", a annoncé un responsable du Parlement, Adnane Daher, lisant un communiqué devant les caméras de télévision. Il a évoqué l'absence de quorum et "les conditions exceptionnelles actuelles, en particulier sécuritaires".
"C'est un nouvel accomplissement pour la révolution", s'est félicité Mohamed Ataya, un manifestant de 28 ans, selon qui cette séance ne pourra se tenir "tant que le peuple contrôle la rue, et avec cette énergie".
"A bas le pouvoir voyou, le peuple est la ligne rouge", a lancé au mégaphone un manifestant dont les slogans ont été repris en coeur.
Des bousculades, concert de casseroles et même tirs de semonce avaient auparavant eu lieu dans le centre de Beyrouth, placé sous haute sécurité, où des centaines de manifestants s'efforçaient d'empêcher la tenue de la séance, selon des correspondants de l'AFP.
Des accrochages limités ont opposé des protestataires aux forces de l'ordre équipées de casques et de boucliers, notamment lorsqu'ils ont essayé à plusieurs reprises d'arracher les fils barbelés et les barrières en fer bloquant les rues et avenues menant à la place de l'Etoile, où se trouve le Parlement.
Les tirs de semonce ont résonné au passage d'un convoi, suscitant la colère des contestataires, d'après des images diffusées par la télévision privée LBC.
"Révolution, révolution" ont scandé les manifestants, le poing levé, brandissant des drapeaux libanais.
Outre l'accès au Parlement rendu difficile, plusieurs partis avaient annoncé qu'ils boycotteraient la séance qui devait se tenir à huis clos, et avait déjà été reportée il y a une semaine sous la pression des contestataires.
"Ils veulent une amnistie pour échapper aux (accusations) d'évasion fiscale et lâcher dans la rue les criminels", a dénoncé auprès de l'AFP Tracy, 24 ans, fustigeant un Parlement "illégitime".
Le Liban, qui se trouve dans une situation économique et financière très délicate, est secoué depuis le 17 octobre par un soulèvement inédit réclamant le départ d'une classe dirigeante jugée corrompue et incompétente. Ce mouvement mobilise des centaines de milliers de Libanais de tous bords.
Dans ce contexte, l'examen de plusieurs propositions de loi controversées, notamment une loi d'amnistie générale qui engloberait des milliers de personnes, a suscité le courroux des protestataires.
Les manifestants assurent que cette loi d'amnistie pourrait exonérer des personnes condamnées ou soupçonnées d'implication dans des affaires d'évasion fiscale ou encore de crimes environnementaux, dans un pays confronté au fléau de la corruption.
Techniquement, cela serait possible car l'amnistie concerne tous les crimes sauf ceux qui sont nommément exclus, a assuré à l'AFP l'ONG spécialisée dans les questions juridiques Legal Agenda.
Elle a estimé que la loi représentait "un grand danger" car incluant, selon elle, "les crimes des corrompus au pouvoir".
La séance parlementaire devait également examiner une proposition de loi concernant la création d'un tribunal spécialisé dans les crimes financiers ou liés à la gestion des fonds publics.
Le texte prévoit que les juges soient nommés par le Parlement, ce qui met en question leur indépendance et porte atteinte à la séparation des pouvoirs, a encore signalé Legal Agenda.
Après plus d'un mois de crise, aucune solution politique n'est en vue: sous la pression de la rue, le Premier ministre Saad Hariri a démissionné le 29 octobre et les consultations parlementaires indispensables pour former un nouveau gouvernement n'ont toujours pas été lancées.
Dans un pays qui ploie sous la dette publique et les difficultés économiques, les banques ont toutefois rouvert mardi, après une semaine de grève des employés. Ceux-ci protestaient contre des incidents avec des clients irrités par les restrictions sur les retraits.
Depuis le début du mouvement de contestation, des manifestants ont aussi souvent empêché les banques d'ouvrir pour dénoncer un système bancaire qu'ils jugent comme une équation du problème.
Mardi matin, devant plusieurs banques de Beyrouth, dont l'entrée était gardée par des policiers, des dizaines de personnes faisaient la queue en attendant l'ouverture, a constaté une correspondante de l'AFP.

Pékin accentue la pression sur Hong Kong

Avertissements sans frais, éditoriaux au vitriol et justice locale désavouée: le régime chinois fait monter la pression sur Hong Kong face à la fronde sans précédent des contestataires pro-démocratie de l'ex-colonie britannique. Après cinq mois de manifestations de plus en plus violentes contre l'exécutif pro-Pékin, le pouvoir chinois n'est toujours pas parvenu à obtenir un retour au calme dans le territoire autonome.
Pékin a même enregistré un revers lundi, lorsque la Haute Cour de justice hongkongaise a invalidé l'interdiction du port de masques dans les manifestations, qui avait été décrétée le mois dernier par le gouvernement local.
Sans tarder, le régime du président chinois Xi Jinping a jugé nulle et non avenue cette décision de la justice hongkongaise.
Seule l'Assemblée nationale populaire (ANP) a le pouvoir de décider si une loi est conforme ou non à la loi fondamentale hongkongaise, a déclaré mardi un porte-parole du Parlement chinois.
"Aucune autre institution n'a le droit de rendre un jugement ou une décision", a-t-il déclaré, alors que la haute Cour hongkongaise avait jugé "anticonstitutionnelle" la décision de l'exécutif local, estimant qu'elle allait "au-delà de ce qui est raisonnablement nécessaire".
Sa décision sur le port du masque "affaiblit gravement la gouvernance du chef de l'exécutif et du gouvernement" de Hong Kong, a déclaré Zang Tiewei, porte-parole de la commission des Lois du comité permanent de l'ANP.
M. Zang a laissé entendre que le Parlement de Pékin pourrait agir formellement contre la décision de la haute Cour hongkongaise.
"Nous examinons des avis et suggestions déposées par certains députés", a-t-il déclaré.
Pour ne pas être identifiés et éviter les poursuites judiciaires, les manifestants ont pris l'habitude de défiler avec des masques depuis le début de leur mouvement en juin.
En octobre, la cheffe de l'exécutif local, Carrie Lam, a interdit le port de masques, invoquant des dispositions d'urgence datant de l'époque coloniale en 1922, et qui n'avaient plus été appliquées depuis des émeutes à la fin des années 60.
Applaudie par Pékin, cette interdiction n'a jamais été respectée par les manifestants.
Le militant démocrate Joshua Wong a vu dans l'avertissement de Pékin le signe que le régime communiste était décidé à réinterpréter à sa guise la Constitution hongkongaise.
"Quand l'Etat perd, il change la règle du jeu. Pékin n'est jamais disposé à se plier aux règles", a-t-il déploré sur Twitter.
Le député Dennis Kwok a averti que dépouiller les tribunaux hongkongais de leurs pouvoirs signifierait "la fin" du principe "Un pays - deux systèmes" qui a présidé à la rétrocession du territoire à la Chine en 1997.
Les tribunaux hongkongais ont à de multiples reprises statué sur la loi fondamentale depuis cette date, a-t-il fait valoir.
Pékin dispose à Hong Kong d'une garnison de plusieurs milliers d'hommes, qui n'est pas censée quitter ses casernes mais peut être amenée à rétablir l'ordre sur demande du pouvoir local.
Armés de balais, quelques dizaines d'entre eux sont toutefois sortis "spontanément" samedi pour nettoyer sur la voie publique des dégâts laissés par des manifestants.
Le gouvernement hongkongais a indiqué n'avoir pas demandé cette intervention, une première depuis le début de la crise.
Par la voix de son ambassadeur à Londres, le régime chinois a averti qu'il ne resterait pas "les bras croisés" si la situation dans le territoire devenait "incontrôlable".
Hong Kong "glisse dans l'abîme", a martelé devant la presse l'ambassadeur Liu Xiaoming, ajoutant que si les violences continuent, "l'avenir sera épouvantable".
La Chine a "suffisamment de détermination et de puissance pour mettre fin au soulèvement", a-t-il menacé.
Le spectre de la répression sanglante de la place Tiananmen à Pékin contre les manifestants pro-démocratie de 1989 est toujours présent.
"Alors que les jeunes contestataires sombrent dans le désespoir et que la police de Hong Kong est davantage prête à utiliser des armes mortelles, la possibilité d'une tragédie du type Tiananmen est tout à fait réelle", selon la lettre d'information spécialisée SinoInsider.


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