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Le PLF 2021 donne un tout petit coup de pouce à l'emploi

Le nombre de postes de travail créés demeure néanmoins dérisoire au regard de celui des emplois détruits par la Covid-19 et du réservoir actuel de chômeurs

Mercredi 21 Octobre 2020

La lutte contre le chômage s’annonce plus ardue cette année pour les pouvoirs publics au regard de la crise économique et sanitaire particulièrement difficile que vit le Maroc depuis l’avènement en mars dernier de la pandémie de Covid-19. Déjà mal en point, le marché du travail se trouve aujourd’hui fortement impacté par une crise actuelle qui « a révélé un ensemble de dysfonctionnements, de déficits et elle a eu un impact négatif sur l’économie nationale et l’emploi », a fait remarquer Sa Majesté le Roi lors de son discours du 9 octobre 2020. « C’est pourquoi, nous avons lancé un plan ambitieux de relance économique et un grand projet de couverture sociale universelle. Nous avons également souligné l’impératif d’appliquer les règles de bonne gouvernance et la nécessité de réformer les établissements du secteur public », a souligné le Souverain qui s’est ainsi exprimé à l’ouverture de la première session de la 5ème année législative de la 10ème législature. A cette occasion, le Souverain a expliqué : «Ces projets d’envergure sont de nature à enrayer les effets de la crise et à favoriser la mise en œuvre optimale du modèle de développement que nous appelons de nos vœux. A cet égard, nous plaçons le plan de relance économique en tête des priorités de l’étape actuelle». A la lumière des Hautes orientations Royales, le gouvernement a pris un certain nombre de dispositions dans l’objectif de relancer l’économie nationale et par ricochet inverser, un tant soit peu, la courbe du chômage dont le taux devrait avoisiner les 12,3% au terme de cette année et franchir la barre de 13% l’année prochaine, selon les anticipations du ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration. Adopté vendredi dernier en Conseil de gouvernement, le projet de loi de Finances (PLF-2021) prévoit ainsi la création de quelque 40.000 emplois ou postes au titre de l'année prochaine. En effet, en détail, le projet prévoit la création de 20.956 postes budgétaires répartis entre près d’une vingtaine de départements ministériels et institutions. Selon la note de présentation du PLF, 300 autres postes budgétaires seront créés au profit du chef du gouvernement qui pourra les « répartir entre les différents départements ministériels ou institutions, dont 200 sont réservés aux personnes en situation de handicap». Soulignons qu’à compter du 1er janvier 2021, il est aussi prévu la création auprès du ministère de l’Intérieur de 1.547 postes budgétaires, en plus, pour les fonctionnaires relevant du budget des assemblées préfectorales et provinciales qui seront transférés à cette même date dans le cadre de l'opération de redéploiement desdits fonctionnaires prévue par l’article 227 de la loi organique n°112.14 relative aux préfectures et provinces. La même source annonce également la création de 700 postes budgétaires auprès du ministère de l'Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Des postes destinés à la régularisation de la situation des fonctionnaires titulaires du diplôme de doctorat qui sont recrutés, par voie de concours, en qualité de professeur-assistant. Précisons qu’il sera procédé, à cette même date, à la suppression des «postes budgétaires occupés par les intéressés dans les départements ministériels ou institutions auxquels ils appartiennent». 17.000 postes supplémentaires seront également créés au profit des Académies régionales de l'éducation et de la formation (AREF), dont 15.000 postes pour le recrutement des enseignants et 2.000 postes pour le recrutement du personnel d'appui pédagogique et administratif au niveau des établissements scolaires, rapporte la MAP. Signalons que pour encourager l'insertion professionnelle des jeunes, le PLF 2021 a prévu d’exonérer de l’IR, pendant 24 mois, les salaires versés aux personnes âgées de 30 ans au plus lors de leur premier recrutement, à condition que leur contrat de travail soit à durée indéterminée. En dépit de toutes ces annonces, bien de chômeurs continueront à faire le pied de grue face au marché du travail. La situation de l’emploi devrait donc rester préoccupante à bien des égards. D’autant plus que l'économie restera fragile l'année prochaine, malgré une amélioration du PIB. Et ce ne sont pas les statistiques et pronostics des institutions nationales et internationales qui diront le contraire. Il faut rappeler que les pertes d’emplois enregistrées au cours de cette année et les suppressions annoncées dans bien de secteurs sont trop importantes pour croire que la création de ces postes d’emploi va véritablement changer grand-chose sur ce volet. A ce propos, soulignons qu’entre le deuxième trimestre de 2019 et la même période de 2020, l’économie marocaine a perdu 589.000 postes d’emploi, résultant d’une perte de 520.000 postes en milieu rural et de 69.000 en milieu urbain, contre une création annuelle moyenne de 64.000 postes au cours des trois années précédentes. Selon le Haut-commissariat au plan (HCP), «cette perte a touché tous les secteurs d’activité, 477.000 postes dans l’"agriculture, forêt et pêche", 30.000 dans les "services", 69.000 dans l’"industrie y compris l'artisanat" et 9.000 dans le BTP». Dans sa note d’information relative à la situation du marché du travail au deuxième trimestre de 2020, le HCP souligne également que «le nombre de chômeurs a augmenté de 496.000 personnes entre le deuxième trimestre de l’année 2019 et celui de 2020, passant de 981.000 à 1.477.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 50,6%». Enregistrée exclusivement parmi les personnes ayant déjà travaillé, cette hausse résulte d’une hausse de 311.000 chômeurs en milieu urbain et de 185.000 en milieu rural, précise le HCP. Par ailleurs, il ne nous a pas échappé que le privé dont plusieurs secteurs ont été lourdement touchés par les effets de la pandémie sur leurs activités, ne serait pas en mesure de combler le vide que laissera le public en termes de création d’emplois. Dans sa revue de la conjoncture économique, monétaire et financière d’octobre, Bank Al-Maghrib a indiqué récemment le recul de 22% de la valeur ajoutée des industries de transformation au deuxième trimestre Le moins que l’on puisse dire, c’est que le gouvernement a fort à faire et qu’il doit retrousser ses manches comme il ne l’a jamais fait. 

Alain Bouithy

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