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Le Niqab et un film d’animation au centre d’une polémique : Heurts entre policiers et islamistes à Tunis


Reuters
Mardi 11 Octobre 2011

Les policiers tunisiens ont fait usage de gaz lacrymogènes dimanche à Tunis pour tenter de disperser plusieurs centaines d’islamistes qui les attaquaient à coups de pierres, de couteaux et de bâtons, a constaté un journaliste de Reuters. Les islamistes protestaient contre l’interdiction faite aux femmes portant le niqab, ou voile intégral, de s’inscrire à l’université, mais aussi contre la décision d’une chaîne de télévision privée tunisienne d’avoir diffusé vendredi le film d’animation franco-iranien  «Persepolis»  où figure une représentation d’Allah, ce qu’interdit l’islam. Plusieurs centaines d’islamistes se sont rassemblés devant le principal campus universitaire de la capitale, d’où ils se sont dirigés vers le quartier populaire de Djebel El-Ahmar, au nord du centre, où ont eu lieu les échauffourées. Un responsable du parti islamiste Ennahda a condamné les violences de dimanche. «Nous sommes favorables à des manifestations pacifiques afin de réclamer des droits, et sur le principe, nous condamnons la violence» , a-t-il dit. Un journaliste de Reuters a vu une centaine de véhicules de police et plusieurs centaines d’agents en tenue anti-émeutes. Les protestataires, essentiellement des jeunes gens, ont bloqué une grande artère traversant le quartier et lancé des pierres contre les véhicules tentant de passer malgré tout.  «Allahou Akbar«, ont-ils scandé, de même que  «Nous mourrons pour Allah» . La tension monte entre les islamistes tunisiens et les laïques, lesquels dominent l’élite dirigeante, à l’approche des élections à l’assemblée constituante le 23 octobre, lors desquelles le parti islamiste Ennahda devrait arriver en tête. Le gouvernement de transition, au pouvoir depuis la chute du président Zine Ben Ali en janvier, a autorisé pour la première fois les islamistes à présenter des candidats, mais les organisations laïques estiment désormais que leurs valeurs libérales, modernes, sont menacées. Les affrontements de dimanche  «sont un très mauvais signe avant la tenue d’élections démocratiques«, a déclaré à Reuters l’analyste Salah Attya.  «Le climat n’est pas bon. Il y a certains partis ou courants qui font tout pour que la situation explose avant l’élection», a-t-il poursuivi. Un des porte-parole du ministère de l’Intérieur, Hichem Meddeb, a confié que la sensibilité religieuse des musulmans pieux devait être respectée mais que  «les opposants devaient se comporter de manière pacifique» , a-t-il dit.  «Nous sommes déterminés à défendre toutes les institutions et les individus de ce pays» , a-t-il prévenu. Avant les échauffourées de dimanche à Tunis, les derniers troubles en date avaient éclaté samedi quand des islamistes avaient tenté de prendre le contrôle d’une université à Sousse, ville à 150 km au sud de Tunis. L’administration de l’université, appliquant les directives gouvernementales, a refusé d’inscrire une femme qui se présentait en niqab. Quelques heures avant la manifestation partie d’un campus à Tunis, des islamistes avaient protesté devant les locaux de la chaîne de télévision privée Nessma, dans le centre de la capitale. La chaîne avait diffusé  «Persepolis»  qui, selon des manifestants, violait les règles de l’islam en dépeignant Allah. Trois cents manifestants, dont certains armés de couteaux et de bâtons, ont tenté de mettre le feu aux locaux de la chaîne mais ils en ont été empêchés par un grand nombre de policiers, ont indiqué à Reuters des témoins, parlant d’au moins 40 arrestations.  Nabil Karoui, directeur de la chaîne Nessma qui a diffusé le film d’animation, a dénoncé ce qu’il a qualifié de  «dictature de la violence«, à travers laquelle  «certains tentent d’étouffer la voix de la liberté d’expression«, selon l’agence de presse tunisienne .


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