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Le Maroc fortement concerné par le stress hydrique


Chady Chaabi
Samedi 24 Février 2018

Entre niveau de barrages en berne, pluviométrie en baisse et augmentation de la demande, le Royaume n’échappe pas à ce fléau des temps modernes.
Ubiquitaire sur terre et dans l’atmosphère, sous ses trois formes, solide, liquide et gazeux, seconde ressource naturelle la plus utilisé dans le monde après l’air, cette substance chimique tout sauf banale, constituée de molécules H2O qu’est l’eau, est indispensable à la survie de tout être vivant, végétal ou animal. Seulement voilà, le Royaume comme de nombreux pays, notamment d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, est confronté à une pénurie d’eau. Il fait même partie du Top 20 des pays les plus touchés par le stress hydrique, avec seulement 500 mètres cubes d’eau par habitant et par an, contre 2.500 mètres cubes en 1960. Une information dévoilée dans le cadre de la Semaine mondiale de l’eau, qui s’est tenue, il y a quelques jours, en Suède. Placée sous le thème «Eau et déchets : réduire et recycler» la rencontre rassemblait près de 3000 participants de par le monde, qui ont débattu des défis liés à l’eau et son impact sur l’environnement.
Dans un classement où les pays sont notés de 1 à 5, cette dernière exprimant le plus haut niveau de stress hydrique, le Maroc s’est vu adjugé un score de 4,68, le plaçant en 19e position. Ainsi, plusieurs régions du pays se trouvent en alerte « haut risque ». Pis, certaines sont même classées « extrêmement risquées », à l’instar de Marrakech et ses environs.
En se fondant sur les données révélées par le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les scientifiques chercheurs, du World Resources Institute (WRI, Institut des ressources mondiales), ont ciblé trois secteurs particulièrement voraces en eau, et sans aucun doute en grande partie à l’origine de cette situation : le secteur industriel accapare 6% des ressources en eau quand celui agricole atteint les 82%. Le secteur domestique quant à lui est à hauteur de 12%.
Dans les faits, outre des populations de plus en plus nombreuses souffrant de  soif, en l’occurrence dans les régions arides du Sud, les retenues des principaux barrages du Maroc, ont enregistré un taux de remplissage de 40,1%, comme indiqué par la Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau, Charafat Afailal, soit 6,1 milliards de m3 à la date du 13 février 2018. Des chiffres largement inférieurs à la même période de l’année écoulée, lors de laquelle les retenues étaient d’environ 8,3 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 54,4%.
De plus, des études s’appuyant sur des données collectées au cours des 40 dernières années, révèlent une réduction de la pluviométrie accompagnée d’un épilogue saisonnier atteint plus tôt que d’habitude, une diminution globale des pluies recueillies sur le territoire national, estimée entre 3 et 30%, mais aussi une régression significative des précipitations en particulier pendant la saison hivernale sur les Hauts plateaux de l’Oriental. En cause, le prolongement du nombre de jours consécutifs lors desquels la pluie déserte le sol marocain, à savoir 15 jours de plus, entre septembre et mars. Résultat, les précipitations ont connu en quatre décades une dégringolade de 23 mm. Ceci dit, certains scientifiques tempèrent ces résultats en arguant qu’ils ne sont ni anormaux ni exceptionnels. Ils ne seraient que l’une des deux faces d’une même pièce qui est l’irrégularité pluviométrique, donnée structurelle du climat marocain. Qu’à cela ne tienne, ceci n’obstrue en rien la gravité de la situation et le gouvernement en est bien conscient.
Une prise de conscience qui s’est déclinée par la mise en œuvre d’un programme d’urgence, visant d’une part à assurer l’approvisionnement en eau potable pour les zones dépendant principalement de sources d’eau  vulnérables et d’autre part  à garantir l’irrigation des arbres fruitiers, dont l’importance, au même titre que l’agriculture de manière générale, ne sont plus à démontrer dans le PIB du pays. Aussi, une stratégie pour préserver les ressources hydriques fut développée depuis plusieurs années, complétée par une Charte nationale de l’environnement, ou Plan national de l’eau. Elle est dédiée à garantir la sécurité hydrique du Royaume et nécessitera plus de 200 milliards de DH à l’horizon 2030.
Autre possibilité étudiée, le dessalement de l’eau mer. En juin dernier fut lancé le projet de l’unité mutualisée de dessalement de l'eau de mer à Chtouka pour l’irrigation et l'alimentation en eau potable de la région Souss-Massa. Une unité dont la capacité de production pour les besoins de l’irrigation et de l’eau potable, en font mondialement, la plus grande du genre. Mais voilà, cette technique se trouve être aussi coûteuse qu’énergivore.
Au regard de ces éléments, et au-delà des actions gouvernementales, on devine aisément que la meilleure des solutions pour préserver les ressources en eau, passera inéluctablement et avant tout, par un changement de notre mode de vie et de consommation.


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