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Le Groupe socialiste à la Chambre des représentants interpelle le gouvernement sur le drame d’Essaouira

Limogeage du commandant régional de la Gendarmerie Royale


Abdelali Khallad
Jeudi 23 Novembre 2017

 Comme annoncé par le communiqué du ministère de l’Intérieur suite aux Hautes directives Royales qui ont appelé à une reddition des comptes et un encadrement ferme des actions caritatives, le gouverneur d’Essaouira va être incessamment auditionné par la justice dans le cadre d’une enquête judiciaire déclenchée après la mort dramatique de 15 femmes à l’occasion d’une catastrophique opération de distribution de produits alimentaires par une association locale à Sidi Boulaâlam à Essaouira. Par ailleurs, le commandant régional de la Gendarmerie Royale a été démis de ses fonctions la nuit du 20 novembre 2017 à l’entame d’une probable série de mesures qui vont sûrement secouer les différents corps administratifs liés à ce dossier.
Un sit-in organisé à la place Moulay Hassan à Essaouira a fustigé les autorités locales et élues, le conseil provincial surtout. Et a appelé à un vrai séisme administratif et politique dans la province qui a besoin de programmes stratégiques de désenclavement.
Le Centre marocain des droits de l’Homme a de son côté publié un rapport comportant plusieurs remarques et recommandations liées au drame. Il a, à  cet effet, appelé à l’institutionnalisation des actions caritatives tout en attirant l’attention sur les pratiques violentes de certaines femmes qui avaient agressé  d’autres femmes afin de les forcer à leur céder le passage pendant l’opération de distribution.
La responsabilité du président de l’association n’est pas à écarter dans cette tragédie qui a coûté la vie à 15 femmes.
«Avant de parler des conditions et des circonstances chaotiques de l’opération de distribution, je me demande de quel droit, et sur la base de quoi cet imam s’est permis de collecter des fonds. N’a-t-il pas violé la loi n° 004-71 relative aux appels à la générosité publique ? Ce monsieur prétend n’avoir rien à se reprocher alors que l’opération est basée sur l’illégalité totale !», s’est indigné un acteur associatif.
Effectivement, la loi n° 004-71 du 12 octobre 1971 relative aux appels à la générosité publique stipule qu’il ne peut être organisé, effectué ni annoncé d'appel à la générosité publique sur la voie et dans les lieux publics ou chez les particuliers par quelque personne et sous quelque forme que ce soit, sans autorisation du secrétaire général du gouvernement. Par appel à la générosité publique, il faut entendre toute sollicitation adressée au public en vue d'obtenir au profit total ou partiel d'une œuvre, d'un groupement ou de tiers bénéficiaires, des fonds, des objets ou produits, par un moyen quelconque (notamment quête, collecte, souscription, vente d'insignes, fête, bal, kermesse, spectacle, audition) indépendamment des loteries qui sont régies par des textes qui leur sont propres.
Toujours selon ladite loi, toute annonce ou diffusion d'un appel à la générosité publique, en particulier par voie de presse, d'affiches, de tracts, de bulletins de souscription, même distribués à domicile ou par tout autre moyen d'information, ne peut être faite que si l'appel a été autorisé et que l'annonce mentionne le numéro de l'autorisation prévue par la loi et  assortie d'un prélèvement obligatoire, qui ne pourra dépasser 15 % du recouvrement, au profit d'œuvres d'intérêt général désignées par ladite autorisation. Ce prélèvement est recouvré par l'administration des douanes et impôts indirects dans les conditions prévues par le Dahir n° 1-62-325 du 13 rejeb 1382 (10 décembre 1962) relatif au droit des pauvres.
Suite au drame d’Essaouira, précise-t-on, le Groupe socialiste à la Chambre des représentants a interpellé le gouvernement, lors de la session des questions orales lundi dernier, à propos des dessous de cette tragédie, tout en exprimant sa solidarité avec les familles des victimes et des blessées.
Selon Mohammed Mellal, membre du Groupe socialiste et député d’Essaouira, ce drame interpelle tout le monde, gouvernement et Parlement, sur les  défaillances de l’opération de distribution des aides alimentaires à Sidi Boulaâlam. Il s’est interrogé à propos des personnes qui ont organisé cette opération et l’origine des fonds qui lui ont été alloués.
Il a également assuré que les autorités locales se devaient de prendre toutes les mesures juridiques et sécuritaires afin d’éviter des dérapages et de garantir la sécurité des personnes et des biens, tout en critiquant ceux qui veulent instrumentaliser ce drame pour porter atteinte à l’image du Maroc qui a réalisé des progrès indéniables dans le domaine économique et social.
Ce qui s’est passé à Essaouira exige du gouvernement, selon le député ittihadi, la mise en application du principe de la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes pour éviter que ce genre de drame  se répète à l’avenir.
La responsabilité du gouvernement ne s’arrête pas là. Aussi Mohammed Mellal a-t-il exhorté l’Exécutif à prendre les mesures nécessaires pour préserver la dignité des Marocains surtout ceux des classes défavorisées et à mettre fin au chaos dans le domaine social, tout en mettant en garde contre ceux qui exploitent la misère des citoyens pour les assujettir à des fins personnelles.
Le député socialiste a aussi posé une question d’actualité au ministre de l’Intérieur, Abdelouahed Laftit, sur cette tragédie qui a suscité l’indignation et la colère de l’opinion publique et sur les mesures que le gouvernement compte  prendre pour encadrer les opérations de distribution des aides alimentaires. Il a également appelé, au nom du Groupe socialiste, à la tenue d’une réunion de la Commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants pour débattre de ce sujet.
Il a, en outre, appelé le gouvernement à retenir les leçons qui s’imposent et accorder à la province d’Essaouira la priorité requise afin d’initier des actions à même de permettre réduire efficacement les indicateurs de alarmants de la précarité émanant respectivement du Haut-commissariat au plan, et le Plan de développement établi par le conseil de la région de Marrakech-Safi.


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