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Le Fonds monétaire présente son rapport sur le Maroc

Le Royaume entre bénédiction du ciel et nécessité de réforme


Achir karim
Lundi 16 Novembre 2009

Les experts du Fonds monétaire international viennent de livrer leur verdict : le Maroc peut mieux faire. Le texte de la déclaration de la mission du FMI, publiée vendredi, semble, en surface, faire dans la dentelle. On y lit notamment que « les résultats économiques du Maroc restent solides, en dépit du ralentissement de l’économie mondiale ». La mission, dirigée par Mark Lewis, a relevé, après son séjour au pays (du 2 au 13 novembre 2009) que « la croissance du PIB réel a atteint 5,6 % en 2008 et devrait avoisiner 5 % en 2009, portée par une demande intérieure vigoureuse et une production agricole exceptionnelle ».
Telle qu’elle est présentée, la déclaration de la mission du FMI tranche, cette fois-ci, avec le discours rigoureux des précédents rapports de l’Institut de Bretton Woods. Il y a cinq ans, le FMI devait tirer la sonnette d’alarme au sujet notamment de la politique budgétaire et de son pendant fiscal. Les experts du FMI exigeaient, en effet, la mise en place d’une discipline budgétaire avec un déficit plafonné à 3% du PIB. On insistait aussi sur la réforme fiscale en vue d’élargir l’assiette et d’accroître les recettes de la TVA. La réforme du secteur public et du système administré des prix des produits de première nécessité figurait également parmi les urgences imposées par le FMI.
Autrefois, le FMI épinglait « l’insuffisance de croissance », la « dépendance de l’agriculture » et « la croissance du chômage et de la pauvreté » et surtout le risque de déséquilibre qui menace les fondamentaux du système financier.
Aujourd’hui, sans doute en raison de la crise économique et financière qui a terrassé les économies développées, les experts du FMI semblent relativiser quelque peu leurs propos. Au fond, entre les lignes, le rapport dit l’essentiel : la croissance devrait avoisiner 5% en 2009, tirée essentiellement par une demande intérieure vigoureuse et une production agricole exceptionnelle. On savait que la Banque mondiale exigeait toujours un taux de croissance supérieur à 5% sur une longue durée, pour que le Maroc puisse corriger les déficits et créer de l’emploi.
Cela dit, il est curieux de constater que les conclusions de la mission du FMI tombent le jour même où la Chambre des représentants entame la discussion du projet de loi de Finances 2010. Simple coïncidence dirions-nous. En tout cas, la mission du FMI estime que “la politique budgétaire sera à juste titre accommodante en 2009 et en 2010, en bonne partie sous l’effet des mesures anticycliques des autorités”. Une dépêche de la Map rapporte aussi que les experts du FMI estiment qu’”il serait important de placer la politique budgétaire dans une perspective à moyen terme visant à ramener le déficit sous le niveau de 3 % du PIB, sans toutefois compromettre le redressement économique”.
Les observateurs peuvent remarquer la nuance : la double nécessité de ramener le déficit au-dessous de 3% du PIB et d’assurer la reprise économique. Deux conditions sine qua non pour que le Maroc mérite le bon point de l’Institut de Bretton Woods. Les observateurs remarqueront également que le « bon comportement » de l’économie nationale demeure en grande partie redevable à la générosité du ciel. Une générosité qui est certes une bénédiction, mais aussi un handicap aux yeux des analystes, en ce sens qu’elle pénalise « l’équilibre » des fondamentaux.
Cela dit, le Maroc a réussi, au cours des cinq dernières années, plusieurs réformes. Des réformes, notamment celles en cours dans le domaine des finances publiques, qui ont été bien saluées par les experts du FMI. Sur ce point, la mission du FMI note que Bank Al Maghrib a réagi “de manière appropriée à l’évolution de la situation économique et financière au moyen de sa politique de taux d’intérêt et ses outils de gestion des liquidités”. De la même manière, la mission estime que “le secteur bancaire demeure solide et a été largement épargné par les évolutions des marchés financiers internationaux. Etant donné la croissance rapide du crédit ces dernières années, la Banque centrale continue de suivre de près la qualité du crédit”. Par rapport aux réformes en cours notamment des secteurs de la justice, de l’enseignement, de l’agriculture et de l’énergie, la mission souligne que “ces efforts devraient permettre d’accroître l’investissement et la production, et de s’attaquer aux problèmes sociaux dont le chômage des jeunes”. En fait, si « le Maroc peut mieux faire », beaucoup reste à faire.


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