Un effort "concerté" sera "énormément bénéfique pour tout le monde", a-t-il argué, relevant que l'Europe disposait encore d'un espace budgétaire si elle était confrontée à de nouveaux chocs. Le FMI table sur une croissance de 4,5% cette année en Europe. Mais la croissance du PIB européen ne reviendra pas à son niveau d'avant pandémie avant 2022 et à condition que les vaccins "soient largement disponibles à l'été 2021 et tout au long de 2022", a souligné M. Kammer, mettant en avant la grande incertitude entourant ces prévisions. Accélérer la production et la distribution des vaccins "est le défi le plus critique à ce stade" et "les décideurs politiques doivent continuer à fournir une aide d'urgence pour soutenir les ménages et les entreprises", estime ainsi l'institution de Washington. Pour autant, "il ne s'agit pas d'un appel à augmenter les dépenses de manière (...) permanente mais d'un coup de pouce bien ciblé et temporaire", a commenté Alfred Kammer.
Les pays doivent stimuler la reprise par des investissements "verts" pour générer une croissance durable et respectueuse de l'environnement. "En ce qui concerne la restructuration de l'économie, nous ne savons pas combien de temps cela va prendre", a admis Alfred Kammer. "Ce que nous savons, c'est que le soutien budgétaire doit se poursuivre en 2021 et 2022". Il a jugé le plan de relance de l'UE "suffisant à ce stade", à condition qu'il soit effectivement mis en oeuvre. "Le plus tôt sera le mieux", a-t-il dit. "De nouveaux retards dans sa mise en oeuvre doivent être évités", a-t-il ajouté alors que ce plan pourrait apporter 1,5% de croissance supplémentaire d'ici 2023. Pour l'heure, les pays de l'UE n'ont pas encore tous ratifié ce fonds de relance de 750 milliards d'euros, financé par une dette commune inédite et laborieusement négociée l'été dernier. La justice allemande menace de bloquer cet instrument en raison de doutes sur sa légalité. Alfred Kammer a toutefois souligné qu'il était "important" que les pays se donnent du temps pour élaborer de bons projets. Le FMI a calculé qu'un soutien supplémentaire, représentant 3% du PIB sur 2021-22, pourrait augmenter le PIB d'environ 2% d'ici la fin de 2022. A moyen terme, les effets de la crise seraient réduits "de plus de la moitié", a-t-il expliqué.
En d'autres termes, plus la reprise sera rapide, moins les effets de la crise seront durables. Le Fonds est particulièrement inquiet de la possibilité que des personnes ayant perdu leur emploi au cours de la pandémie n'en retrouvent pas à l'avenir. "Il est important de travailler sur la cohésion sociale et le contrat social", a déclaré à l'AFP Alfred Kammer, rappelant que la crise avait exacerbé les inégalités et touché plus durement les jeunes, les femmes et les personnes peu qualifiées. S'agissant des jeunes, il est nécessaire "de leur administrer une dose équitable d'opportunités et de les préparer à ces opportunités". Si ces problématiques n'étaient pas adressées, les pays pourraient s'exposer à des troubles sociaux, estime le FMI.