“Le Caire confidentiel”, un thriller palpitant pré-printemps arabe

Jeudi 6 Juillet 2017

“Le Caire confidentiel”, un thriller palpitant pré-printemps arabe
Grand prix du jury au dernier Festival du cinéma indépendant de Sundance et Grand prix du Festival international du film policier de Beaune, "Le Caire confidentiel", du Suédois d’origine égyptienne Tarik Saleh, mérite amplement ces deux récompenses. Il est de plus servi par l’interprétation sans faille de Fares Fares, star libanaise qui va sans nul doute percer en Europe avec ce film puissant, lit-on dans le site spécialisé «culturebox».
Au Caire, en 2011, quelques jours avant le printemps égyptien, un commissaire corrompu va changer d'attitude suite à son enquête sur un meurtre où un proche du président Moubarak est impliqué. Pour lui, les pots de vin, c'est terminé. La qualité première de "Le Caire confidentiel" repose sur son écriture qui nourrit le changement de comportement de ce flic "ripou", à la lumière des événements. Sa révolution intérieure rencontre celle du peuple égyptien contre un pouvoir dénaturé.
Tarik Saleh est d’autant plus méritant, qu’il signe aussi le scénario original. Il s’inspire d’une véritable affaire d’assassinat d’une jeune chanteuse ayant impliqué deux hauts fonctionnaires égyptiens qui ont été emprisonnés. Etonnant, en aparté, de voir le film sortir le même jour que la reprise de "Memories of Murder" de Bong Joon-Ho, avec lequel il entretient plus d’un point commun (fait-divers, prolongements politiques, portraits de policiers…) avec une même efficacité sur des enquêtes différentes.
Le cinéaste colle à son récit avec une maîtrise remarquable, dans la mise en place de l’intrigue et des personnages. C’est à travers eux que tout se raconte. Et au premier chef du point de vue de Noredin (Fares Fares), de tous les plans, qui va être embarqué dans une enquête dangereuse qui valse avec les arcanes du pouvoir, et le met en porte-à-faux par rapport à ses collègues corrompus jusqu’à la lie. Comme la présidence Moubarak qui, à force de tirer sur la corde subira la vindicte populaire, jusqu’à son éviction.
En cela Nouredin suit la même prise de conscience que tout un peuple, comme s’il en incarnait la figure emblématique. Personne n’a vu venir ce bouleversement soudain, sans retour. Mais comme le laisse supposer la fin ambiguë du film, les lendemains qui chantent sont encore loin. L’actualité l’a vérifié… Filmé avec une grande efficacité, nerveux et finement écrit, "Le Caire confidentiel" remplit son contrat en or. Edifiant.  


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