Le 7ème art sur fond de scandales sexuels “Nouvelle ère” pour #MeToo


M.O
Mercredi 26 Février 2020

Chaque jour apporte son lot d’accusations d’agressions ou de harcèlement sexuel dans le milieu du cinéma, à l’encontre d’hommes qui détiennent le pouvoir. L’affaire Weinstein a provoqué une onde de choc et a ouvert les vannes. Plus d’une dizaine d’hommes puissants dans l’industrie du cinéma sont accusés à ce jour.
L’ex-magnat d’Hollywood Harvey Weinstein a été reconnu coupable lundi d’agression sexuelle et de viol mais a évité une condamnation pour les accusations les plus graves, un verdict applaudi par le mouvement #MeToo et plusieurs de ses accusatrices.
Agé de 67 ans, Weinstein a été immédiatement écroué à la tristement célèbre prison de Rikers Island en attendant de connaître sa peine, le 11 mars. Il risque jusqu’à 29 ans de prison. En fin de journée, il a néanmoins quitté l’établissement pour être admis à l’hôpital Bellevue de Manhattan en raison de douleurs à la poitrine, a indiqué à l’AFP son porte-parole.
Son avocate, Donna Rotunno, a annoncé qu’il ferait appel et que le combat n’était “pas terminé.” Le jury l’a disculpé de la circonstance aggravante de comportement “prédateur”, qui aurait pu lui valoir la prison à vie.
Weinstein, qui a toujours assuré que ses relations sexuelles étaient consenties, n’a montré aucune émotion à l’annonce du verdict et n’a fait aucune déclaration. Selon l’un de ses avocats, Arthur Aidala, il aurait répété: “Je suis innocent, je suis innocent. Comment un truc comme ça peut arriver aux Etats-Unis?”. Il s’agit de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-MeToo.
La condamnation, en avril 2018, de l’acteur Bill Cosby résultait de poursuites entamées en 2015, avant que le mouvement anti-agressions sexuelles ne commence en octobre 2017. Ce verdict “change le cours de l’histoire” dans la lutte contre les violences sexuelles, a affirmé le procureur de Manhattan, Cyrus Vance. “Un viol est un viol, qu’il soit commis par un inconnu dans une ruelle sombre, ou par un partenaire dans une relation intime”, a-t-il déclaré à des journalistes. “C’est un viol même s’il n’y a aucune preuve matérielle et si ça s’est passé il y a très longtemps”, a-t-il ajouté. C’est le début “d’une nouvelle ère de justice”, a abondé la présidente du mouvement Time’s Up, Tina Tchen, dans un communiqué.
Ce verdict de culpabilité partiel, après cinq jours de délibérations, concrétise la chute de celui qui fit la pluie et le beau temps dans le monde du cinéma indépendant durant un quart de siècle. Les jurés devaient se déterminer sur le témoignage de trois femmes, parmi les plus de 80 qui ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agression sexuelle.

Chaque jour apporte son lot d’accusations

Kevin Spacey
D’autres accusations très graves concernent l’acteur Kevin Spacey. Elles viennent exclusivement d’hommes, presque tous mineurs au moment des faits présumés. Le témoignage d’un acteur, Anthony Rapp, a poussé d’autres victimes présumées de Spacey à sortir de l’ombre. Sept hommes l’accusent d’agression sexuelle, dont le fils de l’acteur Richard Dreyfuss.

James Toback
James Toback, auteur et réalisateur (Mélodie pour un tueur, le dragueur, Bugsy), est accusé par 38 femmes dans un article du Los Angeles Times. Toback les aurait abordées alors qu’elles étaient très jeunes, souvent étudiantes, parfois lycéennes dans les rues de New York, en faisant la queue à la banque ou dans un magasin. Il en aurait également harcelé plusieurs sur des plateaux de tournage. Selma Blair, Rachel McAdams sont parmi les victimes présumées. La police de Los Angeles a reçu de nombreux témoignages. Et le Los Angeles Times affirme avoir été contacté par plus de 200 femmes après la publication de son premier article.

Steven Seagal
L’acteur de film d’action (Piège en haute mer, Ultime décision) est accusé de harcèlement et d’agressions par trois actrices Julianna Margulies (héroïne des séries The good wife et Urgences), Portia de Rossi (de la série Ally Mac Beal), Jenny Mac Carthy (Scream 3, Scary movie, Mon oncle Charlie). Seagal a déjà été assigné en justice deux fois pour de telles accusations (en 2001 et 2010). Il n’a pas été condamné.

Ben Affleck
L’acteur et réalisateur oscarisé a été l’un des premiers à condamner sur Twitter les actes présumés d’Harvey Weinstein. Mais dans la foulée, il est accusé par Rose Mac Gowan de n’avoir rien dit, alors qu’elle lui en avait parlé. Puis une vidéo datant de 2003 le montre ayant des gestes très inappropriés envers une actrice, alors animatrice de l’émission de télévision où il est invité.

Dustin Hoffman
Deux femmes l’accusent : l’auteure Anna Graham Hunter affirme dans le Hollywood reporter qu’il l’a agressée sexuellement quand elle avait 17 ans, en 1985, sur le tournage du téléfilm tiré de Mort d’un commis voyageur. Elle était lycéenne, en stage sur le tournage. Une seconde, la productrice Wendy Riss Gatsiounis  (Genius) aurait également été harcelée par l’acteur en 1991, selon Variety.

Richard Dreyfuss
Il doit faire face aux accusations de harcèlement sexuel, provenant de l’auteure Jessica Teich, 58 ans. Les comportements déplacés qu’elle dénonce se seraient étendus sur une période de deux à trois ans au milieu des années 80, alors qu’elle collaborait avec l’acteur. Elle affirme qu’il se serait dénudé devant elle à une occasion.  “Il a créé un environnement de travail très hostile, où je me sentais sexualisée, objectifiée, et pas en sécurité,” a-t-elle déclaré au site Internet Vulture.
Dans un communiqué, Dreyfuss, dont le fils Harry a accusé Kevin Spacey  de l’avoir agressé en 2008, a nié s’être exhibé devant Teich. Toutefois, il a déclaré avoir “flirté” avec des femmes, Teich comprise: “J’ai effectivement flirté avec elle, et je me souviens d’avoir essayé d’embrasser Jessica, ce qui faisait partie de ce que je croyais être un rituel de séduction consensuel qui s’est poursuivi pendant plusieurs années”, a-t-il déclaré.  Avant de reconnaître “que la façon dont les hommes se comportent envers les femmes depuis des lustres n’est pas acceptable” et de se déclarer “horrifié de découvrir que cela n’était pas consensuel”.


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