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En témoigne la mésaventure vécue par une équipe de tournage à Marrakech. “C’était un samedi matin, on devait tourner dans une ruelle d’un quartier populaire. Tout allait bien pendant la mise en place et l’installation du matériel. Mais dès que l’on a commencé à tourner, un homme s’est introduit sur le plateau, interrompant la prise en nous menaçant avec une arme blanche”, confie l’un des techniciens présents au moment des faits.
L’intrusion a logiquement semé un vent de panique. Heureusement, l’assaillant n’est pas allé plus loin que le stade de la menace. “Il prétextait que l’un des techniciens avait fait du gringue à sa femme qui se trouvait parmi les badauds. Mais après, on a su qu’en réalité, il a semé la zizanie car contrairement à d’autres jeunes du quartier, il n’a pas eu sa part du gâteau" révèle notre interlocuteur, témoin privilégié de l’embrouille.
C’est un secret de polichinelle, les régisseurs et autres assistants de production ont pour habitude de pacifier un quartier sensible. Comment ? Tout simplement en achetant une relative tranquillité à coup de billets. En clair, en soudoyant les jeunes du quartier. Comme quoi, il ne suffit pas d’avoir les autorités de son côté. Quoique, ces dernières ne sont pas toujours d’un grand secours. Au vrai, elles sont rarement présentes sur les plateaux de tournage. D’où l'intérêt d’engager une société de sécurité privée. Mais combien de producteurs optent pour cette solution? Quasiment aucun. Quand les producteurs ont l’habitude d’économiser sur les repas de tournage, il est clair que la sécurité ne fait pas partie de leurs priorités. Sauf que le retour de bâton est souvent douloureux.
“Il y a quelques années, dans l’ancienne médina de Casablanca, nous avons dû changer de lieu de tournage car notre matériel n’était pas en sécurité. Dès le premier jour, on s’est fait dérober plusieurs accessoires de caméra”, se remémore un chef opérateur. Et d’ajouter, désabusé “Le plus grave, c’est qu’au moment où l’on s’est rendu compte du vol, certains habitants ont essayé de se dédouaner alors que personne ne les avait accusés". S’en sont suivis des accrochages verbaux dans une ambiance délétère.
Une situation tendue qui a fini par obliger le producteur et le réalisateur à se rabattre sur un second lieu de tournage. Ironiquement, le producteur a perdu au passage des milliers de dirhams parce qu'il a voulu en économiser des centaines. Et ça c’est dans le meilleur des cas. Car des fois, ce sont des vies et des familles qui sont anéanties. Le 4 juin dernier, lors du tournage d’un clip mettant en scène le rappeur marocain Don Bigg et le chanteur Aminux, deux personnes ont perdu la vie et plusieurs autres ont été grièvement blessées. En cause, un automobiliste alcoolisé qui a foncé sur le plateau de tournage.
Concrètement, l’équipe de production n’y est pour rien dans cette tragédie. Il y avait une chance sur des millions pour qu’un tel accident survienne. Mais en engageant une équipe de sécurité privée, tout en mettant en place une zone tampon, la tragédie aurait pu être évitée et des vies sauvées. Mais pour certains, cela ressemble à un idéalisme exacerbé. Alors qu’en réalité, ça doit être la norme.
Chady Chaabi