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La relance économique reste fragile et hétérogène

Les taux de pauvreté pourraient attendre jusqu’à 2023 avant de revenir aux niveaux de 2019, selon la Banque mondiale

Vendredi 14 Janvier 2022

La relance économique reste fragile et hétérogène
La mise en œuvre complète de réformes de grande envergure accélérerait la croissance de l’économie marocaine, a affirmé la Banque mondiale dans un récent rapport.

« Afin de parvenir à une croissance généralisée et à la création d'emplois, la mise en œuvre soutenue d'un programme de réformes diversifié et ambitieux sera essentielle », souligne le document, rendu public mercredi 12 janvier, qui analyse les performances de croissance de l'économie nationale au cours des dernières décennies.

Selon le « Rapport de suivi de la situation économique au Maroc de la Banque mondiale - Automne 2021: de la reprise à l'accélération », qui analyse également la performance de l'économie marocaine en 2021, jusqu'à présent, l'accumulation de capital fixe a été le principal moteur de la croissance, avec des gains de productivité limités et une contribution insuffisante de la main-d'œuvre malgré une situation démographique favorable.

La mise en œuvre d'un vaste programme de réformes est cruciale
pour atteindre les objectifs de croissance ambitieux fixés par le NMD


Se basant sur les simulations reflétant l'impact de diverses options politiques sur la croissance économique au Maroc, la Banque mondiale estime que « la mise en œuvre soutenue d'un vaste programme de réformes, visant à fortifier le capital humain, la participation économique et la productivité des entreprises, sera cruciale pour atteindre les objectifs de croissance ambitieux fixés par le Nouveau Modèle de Développement ».

Comme le relève Jesko Hentschel, directeur des opérations pour le Maghreb à la Banque mondiale, il se trouve que « le Nouveau Modèle de Développement prévoit notamment la mise en œuvre de réformes à grande échelle visant à dynamiser l'investissement privé, stimuler l'innovation, inclure les femmes sur le marché du travail et augmenter le capital humain. »

L'économie marocaine devra diversifier ses sources de croissance
pour continuer à créer des emplois et réduire la pauvreté


Pour l’institution de Bretton Woods, il ne fait donc aucun doute qu’« un tel programme favorisera le déblocage du potentiel de productivité du Maroc, permettra aux jeunes et aux femmes d'accéder au marché du travail et améliorera le profil de formation des travailleurs ».
Quoi qu’il en soit, Jesko Hentschel estime qu’« à l'avenir, l'économie marocaine devra diversifier ses sources de croissance pour continuer à créer des emplois et réduire la pauvreté ».

Commentant la performance de l'économie marocaine en 2021, qui a montré un taux de croissance projeté de 5,3 %, l’institution internationale souligne : « Une performance exceptionnellement forte du secteur agricole marocain, un recul temporaire de la pandémie, la relance de la demande extérieure en matière d’exportations industrielles et agricoles, ainsi que des politiques macroéconomiques favorables constituent les principaux moteurs d'une reprise marquée mais inégale après la crise de la Covid-19 ».

Outre le fait que la reprise en cours commence à inverser l'impact social de la pandémie, les données montrent que « le rebond cette année de la production agricole a entraîné une baisse rapide du chômage dans les zones rurales, alors que dans les zones urbaines, les indicateurs du marché du travail n'ont commencé à rebondir qu'au troisième trimestre 2021 », constate la Banque mondiale dans son rapport.

Les taux de pauvreté pourraient attendre jusqu’à 2023
vant de revenir aux niveaux de 2019, selon la Banque mondiale


Il faut cependant noter qu’en dépit des effets des programmes de transferts monétaires du gouvernement, initiés pendant le confinement, les taux de pauvreté pourraient attendre jusqu’à 2023 avant de revenir aux niveaux de 2019. Et ce après avoir culminé à environ 6,4 % en 2020.

Dans son rapport, la Banque mondiale soutient, par ailleurs, qu’« une reprise marquée des recettes publiques permet au gouvernement de réduire son déficit budgétaire – les autorités s’étant principalement appuyées sur les marchés intérieurs pour couvrir leurs besoins de financement ».

Dans son analyse, l’institution internationale fait toutefois remarquer que « la hausse des prix de l'énergie et l'effondrement des recettes touristiques ont excédé les entrées supplémentaires générées par la bonne performance des exportations manufacturières et des envois de fonds des travailleurs ».

La gestion des vulnérabilités macro-financières
sera essentielle pour une reprise durable 


Cette hausse a eu pour conséquence l’augmentation du déficit du compte courant du pays, souligne la même source.
S’il est avéré que la politique monétaire expansionniste et le soutien en trésorerie fourni par la Banque centrale ont aidé le secteur financier marocain à braver la tempête, le rapport de la Banque mondiale craint que « le taux de prêts non productifs, qui reste élevé, pourrait encore augmenter ». Il note, en outre, que la reprise du crédit reste timide d’autant plus qu’en dépit du rebond constaté au niveau du crédit à la consommation, le crédit à l’équipement continue de baisser.

S’agissant de la gestion des vulnérabilités macro financières, l’institution financière estime qu’«elle sera essentielle pour une reprise durable ». Et le rapport de constater que malgré des signes de normalisation, la dynamique du secteur bancaire suggère que des vulnérabilités persistent.

Concernant les perspectives, et après des récoltes exceptionnelles en 2021, le rapport de suivi de la situation économique au Maroc prévoit que « la production agricole devrait se contracter légèrement à l'avenir, contribuant à un ralentissement de la croissance du PIB à 3,2 % en 2022, avant une reprise progressive attendue ».

Le rapport précise toutefois que ces perspectives sont sujettes à une incertitude considérable, « le choc de la Covid-19 ayant laissé des séquelles sur le secteur privé marocain, et les risques pour l’économie mondiale s’intensifiant, notamment au regard de la circulation de nouveaux variants de la Covid-19 .

Bien que la relance économique reste fragile et hétérogène, comme celle du marché du travail, la Banque mondiale est persuadée que le Maroc entre dans une phase de normalisation, marquée par le ralentissement de la pandémie, la reprise du secteur agricole et la relance de la demande extérieure. 

Alain Bouithy

Alain Bouithy

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