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La parité à la tête des laboratoires pharmaceutiques ? Peut mieux faire !


Libé
Jeudi 14 Juillet 2022

A quand des laboratoires de taille mondiale dirigés par des femmes? Si les chercheuses sont nombreuses dans le secteur de la santé, la route reste longue avant la parité au sommet des entreprises du médicament.

Il suffit de regarder l'organigramme des gros laboratoires pharmaceutiques pour réaliser le retard. Les femmes parviennent, certes, jusqu'aux comités exécutifs, mais la direction générale demeure, dans la très grande majorité, occupée par des hommes.

A titre d'exemple, les américains Pfizer, Johnson & Johnson, le suisse Novartis, le français Sanofi, ou encore l'anglo-suédois Astrazeneca se sont tous choisis des dirigeants masculins.

Seules exceptions, relativement récentes: Emma Walmsley, arrivée à la tête du britannique GSK en 2017, tandis que le laboratoire allemand Merck a, lui, choisi l'Espagnole Belén Garijo pour le diriger l'an dernier, devenant la première entreprise du Dax dirigée par une femme.

"Il reste un plafond de verre: même si les femmes sont présentes, elles n'accèdent pas aussi facilement aux postes à hautes responsabilités", reconnaît Elyes Jouini, professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine-PSL et responsable de la chaire Unesco "Femmes et Science", créée pour promouvoir la parité dans les disciplines scientifiques.

Cette situation ne se limite pas aux grosses entreprises. Selon le panorama de l'association France Biotech, en 2021, sur 423 sociétés françaises de biotechnologies, seules 18% étaient dirigées par des femmes, et ce alors même qu'au sein de ces sociétés, contrairement à d'autres disciplines scientifiques largement masculines, la parité est quasiment de mise, avec 53% d'hommes pour 47% de femmes.

Céline Vallot, chercheuse en épigénétique à l'Institut Curie, a cofondé en 2020 une biotech, One Biosciences, spécialisée dans l'analyse des données du génome. Pour la chercheuse, qui a reçu la médaille de l'innovation du CNRS récemment, la question de la parité se pose aussi lorsqu'il s'agit d'aller chercher des fonds.

"En biologie, il y a plus de femmes que dans d'autres disciplines, mais plus l'on monte dans la hiérarchie, moins elles sont nombreuses", atteste-t-elle. "En outre, le milieu des start-up et des financeurs n'est pas assez féminisé. Je comprends que cela puisse en rebuter certaines; l'ambiance générale favorise les hommes", dit-elle.

Même ressenti de la part de Nawal Ouzren, la directrice générale de Sensorion, une biotech spécialisée dans les pathologies de l'oreille interne.

"Ce milieu était très masculin. Il y a encore un énorme travail à faire", juge-t-elle: "Pourquoi perd-on les femmes vers 30, 35 ans? C'est l'âge où elles commencent à avoir une famille, et elles ont des responsabilités disproportionnées".

Pratique consciente ou pas, quand il s'agit de donner du pouvoir, les préjugés sont de mise, abonde Rafaèle Tordjman, la fondatrice de Jeito, un important fonds européen dédié aux sciences de la vie.

"On a toujours tendance à soutenir et à faire confiance à des gens qui nous ressemblent, que ce soit en termes de diversité ou de genre", explique-t-elle à l'AFP.

"J'ai déjà vu des investisseurs changer de dirigeante et mettre à la place un homme pour convaincre d'autres investisseurs. On en est parfois encore là!", s'exclame-t-elle.

Les spécialistes du secteur s'accordent néanmoins pour reconnaître une évolution. Gabriella Camboni dirige BiovelocITA, un incubateur de biotechs italien, après que la société qu'elle avait cofondée, EOS, a été vendue 200 millions de dollars.

"Dans des pays dotés d'un bon système de sécurité sociale, il est plus facile pour les femmes de mener de front carrière et vie de famille", estime l'entrepreneuse.


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