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La fuite des compétences n’est pas une fatalité

La majorité des jeunes sondés envisagent de servir plutôt leur pays


Chady Chaabi
Mardi 16 Octobre 2018

 Comme partout ailleurs dans le monde, les jeunes diplômés marocains sont animés par des rêves somme toute légitimes au moment de plonger dans le grand bain du monde professionnel. Ces aspirations ont récemment fait l’objet d’une étude intitulée “Les métiers de demain au Maroc”. Réalisée conjointement par le cabinet d’études et de conseil Viavoice en partenariat avec Emylon business school Casablanca, ladite étude a concerné un échantillon de 400 jeunes diplômés de 20 à 30 ans résidant au Maroc, ainsi que 200 dirigeants d’entreprises. Et les résultats sont pour le moins étonnants.

Des jeunes attachés
à leur patrie  

Si on se fie aux idées reçues, on pourrait croire, surtout avec les temps qui courent, que débuter une carrière professionnelle à l’étranger est une idylle collective. Que Nenni.! L’étude révèle que la majorité des jeunes diplômés sondés déclarent préférer avoir une carrière professionnelle au Maroc, que ce soit à court terme (72% après l’obtention de leur diplôme), ou à plus long terme (61% d’ici 5 à 10 ans), tandis que 25 % ont exprimé leur volonté de travailler à l’international après l’obtention de leur diplôme. Un résultat nuancé par les 35 % qui envisagent d’embrasser une profession à l’étranger 5 ou 10 ans après la fin de leurs études.
Pour ces derniers, l’étranger signifie : l’Europe ( 59%), les Etats-Unis mais également le Canada ( 39%). Axées sur des pays développés, les envies d’ailleurs de ces jeunes sont à mettre à l’actif, entre autres, du « peu d’intérêt manifesté par les jeunes Marocains pour le continent africain, bien que ses besoins en matière de recrutement et ses perspectives d’évolution soient importants”, soulignent les auteurs de l’étude.

Priorité aux firmes
multinationales

Dire que les jeunes Marocains diplômés voient les choses en grand confine au doux euphémisme. Il n’y a évidemment pas d’outrage à avoir des ambitions élevées. Pour preuve, 41 % des répondants préfèrent décrocher un poste dans une entreprise internationale ou des firmes marocaines de grande taille ( 38%). Cependant, l’étude révèle un gouffre saisissant entre la réalité économique marocaine et les envies des personnes interrogées. Alors que 80 % des entreprises au Maroc sont des PME, uniquement 9 % des jeunes sondés ont émis le souhait d’y travailler. Un contraste qui peut être expliqué, selon l’étude en question, par un « certain manque de confiance envers les PME. Ce qui est logique à la lumière du taux de faillite des PME au Maroc, lequel est considéré comme étant l’un des plus élevés au monde».
Rentrons un peu plus dans les détails avec les dix firmes marocaines les plus lorgnées. En haut de la liste figure le Groupe OCP (44%), loin devant la Royal Air Maroc (RAM) (26%) et l’Office national des chemins de fer (ONCF) (21%). Ensuite viennent la BMCE Bank (19%), l’Office national de l’électricité et de l’eau (18%), Renault Maroc (14%) et Maroc Telecom (14%). Occupent les dernières positions Marsa Maroc (12%), Attijariwafa Bank (11%) et Bank Al-Maghrib (11%).

Entrepreneur dans l’âme
L’une des plus intéressantes révélations de l’étude trouve son origine dans l’esprit d’entrepreneuriat exprimé par les participants. Car près de 9 sur 10 d’entre eux ont exprimé le vœu de créer leur propre entreprise. Mais là, encore une fois, la fameuse différence entre les projections et la réalité du terrain joue les rabat-joie en nuançant les propos des sondés. Puisque l’étude souligne que moins de 1% des jeunes diplômés parviennent  à créer leur propre structure économique successivement à la fin de leurs études supérieures.
Donc, résumons. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la majorité des jeunes diplômés marocains ne sont pas obsédés par une carrière professionnelle à l’étranger. Et quand bien même c’est le cas pour certains, la tendance est plus pour une migration vers les superpuissances économiques mondiales, en dépit du potentiel de croissance dont jouissent plusieurs pays du continent africain. Autres enseignements. Les multinationales implantées dans le pays attirent les convoitises des jeunes sondés, au même titre que les grandes entreprises. Ce désintéressement pour les PME tranche avec le panorama économique marocain qui est constitué à 80 % de ces mêmes PME. Et enfin, pour rester dans le thème du contraste, 90 % des jeunes diplômés aimeraient devenir entrepreneurs. Un objectif à risques, à la lumière du taux de réussite estimé à moins de 1%.


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