
Les forces de l'ordre en tenue antiémeute ont repris le contrôle manu militari de la place emblématique du centre de la mégapole turque, repoussant quelques dizaines de protestataires qui y avaient passé la nuit en tirant plusieurs salves de grenades lacrymogènes et en utilisant des canons à eau.
Immédiatement, des dizaines de jeunes gens casqués et équipés de masques à gaz ont refait leur apparition derrière les barricades érigées dans les rues environnantes et ont riposté par des jets de pierre et de cocktails Molotov.
La police s'est jusque-là contentée d'occuper Taksim mais n'est pas intervenue dans le parc, où les centaines de militants qui l'occupent ont été réveillés, incrédules, par l'intervention des forces de l'ordre.
Les forces de l'ordre avaient quitté la place Taksim le 1er juin, après vingt-quatre heures presque ininterrompues d'affrontements violents avec des centaines de manifestants, ameutés par les réseaux sociaux pour dénoncer la brutalité avec laquelle la police avait évacué le parc Gezi à l'aube du 31 mai.
Plusieurs centaines de militants associatifs l'occupaient depuis plusieurs jours pour dénoncer l'arrachage des 600 arbres du parc dans le cadre d'un projet contesté d'aménagement de la place Taksim.
Depuis ce retrait de la police, la place Taksim avait accueilli tous les soirs des milliers de personnes, certains jours des dizaines de milliers, qui exigeaint la démission du chef du gouvernement islamo-conservateur, accusé de dérive autoritaire et de vouloir "islamiser" la société turque.
La reprise, symbolique, de la place Taksim intervient au lendemain de l'annonce d'une rencontre, prévue mercredi, entre M. Erdogan et des représentants de la contestation, qu'il a présentés à longueur de discours comme des "pillards" ou des "extrémistes".
Le vice-Premier ministre, pour sa part, avait déclaré que "les manifestations illégales ne (seraient) plus tolérées en Turquie", ouvrant ainsi la porte à l'intervention de mardi matin.