
Yanis Varoufakis a été reçu par Wolfgang Schäuble, l'un des plus ardents défenseurs de la rigueur budgétaire en Europe. Ce déplacement dans la capitale allemande, qui marque le premier échange bilatéral direct entre Berlin et Athènes depuis l'arrivée au pouvoir du leader de la gauche radicale Alexis Tsipras, devrait être la dernière étape de l'opération séduction engagée par la nouvelle équipe aux commandes en Grèce auprès de ses partenaires européens.
Athènes cherche à renégocier sa dette de plus de 300 milliards d'euros et mettre fin à la cure de rigueur imposée en échange de l'aide internationale.
Varoufakis espère obtenir le soutien des Allemands. Mais la BCE a porté un coup aux desseins grecs mercredi soir.
L'institution monétaire de Francfort a annoncé qu'elle suspendait à compter du 11 février un régime de faveur accordé jusqu'ici aux banques grecques, qui leur permettait d'emprunter de l'argent auprès de la BCE avec des garanties inférieures à ce qu'elle exige habituellement.
L'annonce de la BCE a fait l'effet d'une bombe sur les marchés financiers. L'euro a fortement accusé le coup face au dollar, passant sous 1,14 dollar. Le taux d'emprunt de la Grèce est repassé jeudi au-dessus de la barre des 10% à l'ouverture du marché obligataire en zone euro, et les Bourses européennes étaient en baisse.
Le ministère grec des Finances a tempéré la portée de cette initiative, en assurant qu'elle n'avait "pas de répercussions négatives" sur le secteur financier du pays qui reste "totalement protégé" grâce aux autres canaux de liquidités toujours disponibles.
Mercredi, Varoufakis était venu en personne à Francfort demander à Mario Draghi, président de la BCE, de quoi "garder la tête hors de l'eau" le temps de s'entendre avec ses partenaires européens.
Joignant le geste à la parole, le conseil des gouverneurs réuni mercredi après-midi a décidé d'augmenter la pression sur Athènes. La disposition qu'il suspend permettait aux banques grecques de financer des achats d'obligations grecques, et donc à l'Etat grec de lever de l'argent. Elle était conditionnée au programme d'aide dont bénéfice Athènes, et ce encore jusqu'à février.
Le coup de semonce de la BCE survient alors que M. Tsipras s'est dit mercredi à Bruxelles "très optimiste" sur la possibilité de "trouver une solution viable pour notre avenir". Il a proposé un plan de réformes et de financement sur quatre ans (2015-2018), a indiqué une source gouvernementale à Athènes.