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L’impact positif des outils numériques sur les apprentissages sujet à polémique

Les chercheurs de l’Institut d’apprentissage et des sciences du cerveau de l’Université de Washington sonnent l’alarme


Chady Chaabi
Vendredi 5 Avril 2019

Fruit d’une collaboration entre le ministère l'Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, et de la célèbre entreprise ‘’Samsung Electronics’’, connue du grand public par les téléviseurs ou la téléphonie mobile, le projet «Samsung Smart School» a pour objectif la refonte du travail éducatif, en y intégrant des tablettes tactiles au processus d'apprentissage en classe.
Dans ce cadre, et à l’instar de l’année scolaire précédente, plusieurs établissements bénéficieront cette année encore d’un kit scolaire comportant 15 tablettes, destinées aux étudiants et aux enseignants.
Si ledit projet présente nombre d’atouts, notamment au niveau de l’acclimatation avec les nouvelles technologies d’information et de communication, l’impact positif des outils numériques sur les apprentissages a sérieusement été remis en question, par une étude américaine, exposée lors d’un colloque sur les sciences cognitives, récemment organisé à Paris, et relayée par Le Figaro.
A la question : faire écouter des comptines aux enfants leur permet-il d’apprendre une langue étrangère ? Patricia K. Kuhl, codirectrice de l’Institut d’apprentissage et des sciences du cerveau de l’Université de Washington, à Seattle, a répondu par la négative. En guise d’argumentaire, la chercheuse qui s’intéresse aux capacités d’apprentissage linguistique, a indiqué avoir exposé au mandarin deux groupes de trente enfants américains âgés de 9 mois.
Alors que le premier a expérimenté une douzaine de séances dont la durée a atteint vingt-cinq minutes, et pendant lesquelles une personne parlant cette langue lisait des livres et jouait avec eux, le second groupe a, quant à lui, été exposé aux mêmes activités, pour le même nombre de séances, mais à l’aide d’une vidéo.
La suite consistait pour les scientifiques outre-Atlantique, à voir, par le biais des mesures cérébrales, si les personnes étudiés avaient appris à distinguer les sons utilisés dans cette langue étrangère. Résultat : le groupe qui a regardé attentivement l’écran au cours des séances n’avait pas plus la capacité de distinguer les sons qu’un groupe d’enfants qui avaient entendu l’anglais en même temps. En revanche, l’apprentissage des bébés qui avaient entendu un être humain leur parler mandarin était très solide. Leur capacité à différencier les sons était statistiquement équivalente à celle des enfants d’un pays étranger qui apprenaient le mandarin depuis plusieurs mois.
Et ce n’est pas tout. On apprend également via la même source, que les résultats de cette étude sont dans la lignée de ceux obtenus par d’autres études sur les enfants plus âgés exposés à du matériel linguistique provenant d’émissions de télévision pour enfants. D’après Patricia K. Kuhl, «même s’il est prouvé que l’exposition à des programmes de télévision permet d’apprendre des éléments de vocabulaire, les aspects les plus complexes du langage, tels que la phonétique et la grammaire, ne sont pas acquis grâce à la télévision ».
Cela dit, les participants au colloque sur les sciences cognitives, nuancent ce constat en rappelant que l’âge de l’enfant doit également être questionné. Par exemple, ce qui serait intéressant d’utiliser avec des adolescents ne l’est pas forcément avec de jeunes enfants. En atteste un logiciel gratuit d’entraînement à la lecture graphogame.
Élaboré par des chercheurs finlandais, ce logiciel adapté à la langue de Molière propose de nombreux jeux, dont celui qui consiste en la prononciation d’un mot, que l’enfant doit retrouver parmi 2 à 4 mots écrits, mais encore, celui où il doit reconstituer le mot ou la phrase qu’il a entendue à partir de ses constituants, graphèmes ou sous forme de mot. L’avantage du logiciel serait de permettre à l’enseignant de dégager du temps en déléguant des tâches répétitives et fastidieuses à l’ordinateur, mais aussi d’augmenter le temps effectif engagé dans le décodage des mots. D’ailleurs, les résultats observés auprès de 74 enfants, seraient probants, puisqu’il est dit que les élèves les plus faibles bénéficient tout particulièrement de cette technique, qui leur permet de rattraper leur retard. Bref, vous l’aurez certainement deviné, ce n’est pas tant l’éducation numérique qui pose problème, mais plutôt son utilisation.


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