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L'expression «avoir les yeux plus gros que le ventre» trouve tout son sens durant le Ramadan : Maxi prix pour mini produits


Nezha Mounir
Mercredi 8 Août 2012

L'expression «avoir les yeux plus gros que le ventre» trouve tout son sens durant le Ramadan : Maxi prix pour mini produits
13 heures. Une pâtisserie dans un quartier chic de Rabat. Un branle-bras de combat pour recevoir les clients en cette journée de la mi-Ramadan. Des étalages disposés avec beaucoup de raffinement. Un plaisir des yeux. Côté gâteaux marocains et au miel,  côté viennoiserie, côté galettes salées.
Juste après la prière d'addohr, tout est prêt. Les premiers clients sont là. Hésitants, ils passent d'un étalage à l’autre sans pouvoir se fixer. La tentation est tellement forte que la pilule des prix passe plus facilement. On déguste et on savoure mentalement. Il faut être dans un  état second pour  ouvrir machinalement son porte-monnaie. L'expression « avoir les yeux plus gros que le ventre » trouve tout son sens. Les incontournables gâteaux au miel trônent majestueusement. Chebbakia 80 DH et Mkharka 120 DH le kg. De mini rghaifs farcies au khlii  6 DH l'unité (à peine deux bouchées) disposés à côté de canapés salés. Les mini panini 15 DH essaient de ravir la vedette aux  briouates au fromage 5 DH. De mini beghrir 1,50 DH et des mlaoui 2,50 DH trouveront sans doute preneur.
Un client particulièrement hésitant, tourne en rond. Apparemment les courses, c'est pas sa tasse de thé.  Qu'à cela  ne tienne. Dans ces cas, le téléphone portable est une invention divine. Indécis, il se rabat dessus. Sa femme  lui serait sans doute d'un grand secours. «Alors est ce qu'il y en aura pour tout le monde?» lui demande-t-il après avoir entendu ses explications. Il rapporte à la gérante le propos de sa femme : « Aucun souci, je me ferai un plaisir de vous préparer un assortiment. Un vrai régal pour votre famille ». La gérante le prend en main. « Au fait, ces petits canapés sont délicieux. C'est la première fois que je les commercialise cette année ». Pour encourager les clients, elle les dépose près de la caisse et en offre gratuitement. « Vous m'en donnerez des nouvelles. Je suis sûre que vous reviendrez en prendre… ». Comme commercial, on ne peut pas faire mieux. Rompue aux techniques de marketing!
Dehors, les voitures sont garées en 2ème position. A l'intérieur, il y a tellement de monde qu'on joue aux coudes. Les vendeuses sont débordées et ont du mal à faire face à l'impatience des clients. Mais la gérante est là. Un sourire par-ci, une parole gentille par-là. Tout pour préserver son capital. Et pour cause, elle avoue réaliser le double de son chiffre d'affaires, sans avancer un montant pour autant. Vu la grande affluence, elle décide de mettre la main à la pâte et rejoint les vendeuses pour avancer plus rapidement. On se croirait dans une ruche tellement on ne s'entend plus. Et pourtant, «c'est du miel de première qualité que nous utilisons. Il y va de notre réputation et puis la qualité a un prix», répond  sur la défensive la gérante à une cliente qui a à peine balbutié une remarque à propos du prix de « chebbakia ». Sur le qui-vive, la gérante  réagit promptement à toutes les situations.
D'aucuns et en clients avertis ont eu la présence d'esprit de passer leurs commandes d'avance et viennent juste les prendre en coup de vent. « En tant qu'ancienne et fidèle  cliente, j'ai mes privilèges et parfois même on me livre à domicile», nous confie cette cliente avant de passer directement à la caisse. Elle se fait aider pour déposer ses paquets dans la voiture.
Petit à petit, les clients se font rares. Tout le monde commence à souffler.  Les retardataires ont évidemment moins de choix. En effet, les étalages sont presque vides. «C'est bien dommage. Il ne reste plus de  maqrout farci aux dattes dont je raffole», se plaint ce jeune homme. «Aucun problème, passez votre commande et demain vous serez servi, même si vous êtes en retard», le rassure la gérante toute souriante.
Les traits tirés et le visage fatigué, une vendeuse commence presque à somnoler « vivement que je me retrouve chez moi. La journée a été longue et je ne sens plus mes pieds»,  s'exclame-t-elle.  Et une autre de lancer: «Ma famille m'attend et il me reste encore à préparer le ftour et tout ce qui s'ensuit». Que de courage !
A quelques mètres, une autre pâtisserie est fermée durant le mois sacré comme l'indique une pancarte accrochée sur la devanture du magasin. A chacun ses motivations voire ses convictions en cette période où tous les produits associés au Ramadan subissent leur plus fort pic de ventes.
 Autre lieu, autre décor. Dans une ruelle de la médina. Un local qui a été aménagé, pour l'occasion, en une boutique  pour vendre les chhiwates de Ramadan. Là aussi beaucoup de monde. Une queue interminable. Une profusion de produits. Un étalage avec moins  de raffinement, bien sûr. Sauf que les prix sont sensiblement moins chers. Des rghaifs farcis au khlii 4 DH, des portions individuelles de pastilla 10 DH. Quant à chebbakia, elle ne dépasse pas les 25  DH le kg et mkharka 30 DH. «J'ai toujours eu l'habitude de tout préparer moi-même, c'est mieux et ça revient beaucoup moins cher», regrette une cliente qui attend d'être servie. Et d'ajouter: «Pour faire plaisir à ma famille je suis obligée de prendre beghrir à 0,50 DH l'unité. Comme nous sommes nombreux, le chiffre grimpe vite… ». Comme quoi tout est relatif !


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