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L’enseignement en rupture de ban


AHMED SAAIDI
Samedi 21 Février 2009

L’enseignement en rupture de ban
Ce serait un truisme que d’affirmer que le secteur de l’enseignement est en crise. Il s’agit d’une réalité sur laquelle tout le monde s’accorde. Pour s’en assurer, il suffit de compter le nombre de diplômés chômeurs ou celui des grèves qui ont jalonné les dernières années scolaires et qui en disent long sur ce malaise qui sévit dans le secteur.
Inutile donc d’épiloguer longuement sur la question. Notre enseignement est certes  en crise, mais la crise est si profonde qu’on ne sait toujours pas bien par où commencer pour y remédier. L’élaboration d’un plan d’urgence en ce début d’année ne semble nullement donner davantage d’élan au projet de réforme initié il y a fort longtemps par la défunte COSEF. Celle-ci avait dressé des constats et tracé la voie à même de permettre au secteur d’aller de l’avant. S’il ne l’a pas fait jusqu’ici, c’est qu’il y a un problème que personne n’a voulu affronter de face. Il est politique et concerne la finalité même de toute réforme.
L’éducation est, en général, considérée comme générant une part des conditions indispensables au fonctionnement et à la reproduction d’une société et de ses élites. Elle le fait d’abord en assurant les apprentissages minimaux nécessaires à la vie quotidienne dans les sociétés modernes et en conférant aux apprentis des diplômes dont la valeur est reconnue par tous. Elle procure aussi une certaine familiarité avec les éléments de base de l’héritage culturel de la société d’appartenance, ainsi qu’avec ses rouages économiques, ses structures sociales et son fonctionnement institutionnel. De plus, le développement de toute société dépend, entre autres, de sa capacité à dispenser des formations hautement qualifiées dans les domaines techniques et scientifiques. Croissance et développement ne peuvent être assurés sans exploitation judicieuse des investissements éducatifs. Il est donc tout à fait légitime que l’on s’attende à ce que les progrès réalisés dans ce domaine rejaillissent, à terme, sur l’augmentation des revenus nationaux et individuels, ainsi que sur les niveaux d’efficacité et de productivité sociale.
Au Maroc, le système éducatif a commencé à avoir de sérieux ratés le jour où le seul volet financier de la problématique a été mis sur les devants de la scène ; voire évacué via l’encouragement du secteur privé à s’investir davantage pour suppléer à un effort que l’Etat ne pouvait  plus consentir pour cause de plan d’ajustement structurel.
Pour y parvenir, d’aucuns n’ont pas hésité à détricoter les acquis séculaires de nos établissements scolaires sous la double impulsion du laxisme et d’un zélotisme contrôleur et administratif  qui a conduit vers une déconnexion totale par rapport aux réalités socio-économiques.
Comment s’en sortir ? La question se pose avec tant d’acuité et la tâche est si ardue qu’il faut savoir faire montre de volontarisme et avoir le courage politique nécessaire pour  la mener à terme.
Recadrer la finalité du système éducatif et accroître son efficience en consolidant la décentralisation et en renforçant l’autonomie en matière de gestion et de décision, relever le défi de la qualité en rénovant le cadre de l’école marocaine tout en l’ouvrant sur son environnement et en permettant à ses lauréats de trouver du travail en adéquation avec leurs compétences,  sont, aujourd’hui, des impératifs certes incontournables, mais qui nécessitent préalablement une remise à niveau de tous les rouages du système de fonctionnement du secteur et l’implication de tout le monde sans arrière-pensées ni exclusives. Sans cela, ils resteront lettre morte.


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