Le temps des faux-fuyants et des discours lénifiants est bel et bien révolu. L’heure est désormais au réalisme et à l’action. La crise frappe à notre porte et il ne fait aucun doute qu’elle risque d’impacter négativement le marché de l’emploi. Les jeunes et les seniors sont les premiers visés. Les premiers, parce qu’ils n’ont pas assez d’expérience. Les seconds, parce qu’ils sont trop chers et estimés, à tort ou à raison, moins productifs. Les intérimaires et les titulaires de contrats à durée déterminée ne seront pas, non plus, épargnés. Idem pour les employés des secteurs qui avaient le vent en poupe il n’y a pas si longtemps. Notamment le textile et l’automobile qui ont été officiellement identifiés comme vulnérables et les métiers que le Plan Emergence avait mis en relief. Seul le secteur agricole pourrait tirer son épingle du jeu si la clémence du ciel se poursuivait jusqu’au terme de l’actuelle campagne. Il existe certes deux solutions pour parer à cette situation. Il faudrait, à cet égard, soit aider le secteur privé à créer des emplois en relançant la croissance, via une politique ciblée et cohérente de soutien au pouvoir d’achat et de désendettement des ménages, soit initier une intervention directe de l’Etat en vue de créer de nouvelles opportunités d’emploi dans des domaines où le besoin s’en fait ressentir.
La loi de Finances 2009 ne semble privilégier aucune de ces deux pistes.
La question de savoir comment réduire le chômage tout en créant, simultanément, des emplois productifs et satisfaisants pour leurs titulaires, demeure donc posée avec tellement d’acuité qu’elle devrait inciter l’Exécutif à lui consacrer un débat national sérieux et porteur de sens.
Bien symptomatique de cette crise est l’atmosphère d’incertitude croissante qui pénètre pratiquement tous les secteurs d’activité et qui handicape toutes les initiatives. Le manque de visibilité est patent et il suffit de sonder le patronat pour s’en rendre compte et toucher du doigt son acuité et ses effets pervers.
Certes, même les pays dotés des économies les plus dynamiques souffrent des effets néfastes de cette crise à la fois économique et financière qui s’est abattue sur la planète. Tous les responsables cherchent donc actuellement des solutions dont le coût social serait supportable par la collectivité et élaborent des scénarios à même de leur permettre de gérer au mieux la situation.
Le Maroc n’échappe pas à cela, ne serait-ce qu’à cause de son ouverture sur le monde, sa dépendance vis-à-vis du marché de l’Union européenne et son niveau de développement économique global.