“L’écharpe rouge” de Mohamed Lyounsi projeté à Fès

Le film évoque l’affaire des Marocains expulsés d’Agérie


Mustapha Elouizi
Vendredi 15 Décembre 2017

 Les cinéphiles de Fès se sont rappelés, samedi dernier, les moments forts des soirées cinématographiques. Le moment était nostalgique avec la projection du film «L’écharpe rouge» de Mohamed Lyounsi. L’initiative de l’Institut français, en collaboration avec la Fédération nationale des cinéclubs au Maroc, est louable. Le critique Bouchta Lmachrouh a bien expliqué le contexte et les bienfaits d’une telle rencontre, dans un lieu hautement symbolique, à savoir la mythique salle de cinéma « Boujloud »
Des dizaines de cinéphiles de la ville ont ainsi afflué, défiant un froid presque glacial. Pour eux, le retour du fils prodigue, Mohamed Lyounsi, mérite cette forte présence, une occasion même pour débattre des faits historiques évoqués dans ce long-métrage sorti en 2016. Pour quelques-uns, il s’agit de se remémorer un événement historique dramatique. Ils sont donc venus relater leurs propres histoires qui perdurent jusqu’à présent.
Une année après, le film suscite toujours moult interrogations, notamment pour ce qui est du traitement cinématographique des questions historiques. Les relations des deux pays voisins, le Maroc et l’Algérie, sont toujours tendues, et le fait de relater un événement des plus pénibles, à savoir le refoulement par les autorités algériennes de milliers de Marocains, est déjà une aventure en soi.
Un choix courageux de Mohamed Lyounsi, pour un premier long-métrage. L’histoire, sujet controversé, étant donné les lectures et interprétations multiples, constitue, en effet, une matière difficile à porter à l’écran.
 Le metteur en scène est ainsi parvenu à raconter cette histoire, à la faveur d’histoires parallèles de gens modestes n’étant même pas conscients des faits à caractère politique. L’on dirait que Lyounsi a condensé toute une histoire s’ouvrant sur la naissance et s’achevant par la mort.
Lahbib et Louisa, un couple maroco-algérien, chose très normale à l’époque, se sont subitement retrouvés l’un et l’autre des deux côtés des frontières fermées, sur une décision politique algérienne. A l’instar de plusieurs autres familles, ils restent attachés à l’espoir de se revoir un jour pour vivre ensemble, avec leur enfant qui venait de naître.
Louisa devient objet de convoitise d’un notable cupide et Lahbib, objet d’exploitation d’un colon sans pitié. Le processus narratif va crescendo retraçant un train-train quotidien aussi pénible que désolant, mais aussi un voisinage affecté par des décisions politiques erronées. L’enchaînement dramatique a été facilité par un casting de haut niveau et de belles prestations artistiques des acteurs tels que Mohamed Bastaoui, Karim Saidi, Noura Koraychi, Rawya, Jamaleddine Dkhissi, Mohamed Choubi, Yousra Tarek… Les personnages évoluent sous le signe d’une écharpe rouge gage de fidélité, de reconnaissance et de promesse de renouer les relations, non seulement entre les protagonistes Lahbib et Louisa, mais surtout entre deux peuples qui s’aiment.


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