L’armée syrienne tire sur les manifestants à Banias

Les forces syriennes ont tiré vendredi pour disperser des manifestants hostiles au régime à Banias (ouest) faisant un nombre indéterminé de victimes, a indiqué un militant, au moment ou des milliers de contestataires défilaient dans plusieurs villes de Syrie.
«Il y a eu des tirs nourris pour disperser deux manifestations à Banias et il y a eu des victimes» parmi les protestataires, a déclaré le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme Rami Abdel Rahmane, basé à Londres, joint au téléphone par l'AFP à Nicosie.
«Les forces de sécurité ont pourchassé les manifestants jusque dans les ruelles pour les disperser», a-t-il dit. «Elles ont sommé les habitants de ne pas sortir sur leurs balcons».
Selon lui, plusieurs autres manifestations ont eu lieu dans la ville de Homs (centre), dans la région de Deraa (sud) et dans celle de Jableh (ouest).
Les manifestants «lancent des slogans hostiles au régime et solidaires des villes assiégées» par l'armée, a-t-il poursuivi.
De son côté, le militant des droits de l'Homme Abdallah al-Khalil a affirmé qu'environ 2.500 personnes défilaient dans les rues de Tabqa, près de la ville de Raqqa (nord), mais que les forces de sécurité n'étaient pas intervenues.
Néanmoins, il a fait état d'une forte présence des forces de sécurité devant les mosquées de Raqqa.
De son côté, l'agence officielle syrienne Sana a fait état de «trois policiers blessés» vendredi par des «hommes armés» dans le quartier de Qaboune à Damas.
Mais l'agence a aussi fait état de «rassemblements» dans plusieurs villes syriennes, dont Damas, Hama (nord) et Deir el-Zor (est) qui «criaient différents slogans». Il est rare que l'agence syrienne évoque ces manifestations.
Comme tous les vendredis depuis le début de la révolte contre le régime le 15 mars, les militants pro-démocratie ont appelé à une journée de mobilisation, la dédiant cette fois à un héros de la révolte syrienne contre le mandat français (1920-1946), Saleh al-Ali.
Vendredi dernier, alors que des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues à travers le pays après la prière musulmane hebdomadaire, plus de 25 manifestants avaient été tués par les troupes appuyées par des hélicoptères.
Par ailleurs, des soldats syriens appuyés par des chars et des hélicoptères de combat ont pris vendredi Maaret al-Nouman, ville du nord-ouest du pays, après plusieurs jours de siège, ont annoncé deux militants des droits de l'Homme.
De nombreux habitants de Maaret al-Nouman, ville de 100.000 habitants située sur la route reliant la capitale Damas et la deuxième ville du pays Alep, ont quitté les lieux depuis les opérations de la semaine dernière dans la province d'Idlib, près de la frontière turque.
D'après Omar Idilbin des comités de coordination locaux, les soldats ont pris le contrôle de la ville.
Des militants des droits de l'Homme estiment que plus de 1.400 Syriens ont été tués et 10.000 ont été emprisonnés dans le cadre de la répression.
Le nombre de Syriens qui sont entrés en Turquie pour fuir la répression dans leur pays a atteint 9.700 vendredi avec l'arrivée ces 24 dernières heures de plus d'un millier de nouveaux réfugiés, a-t-on appris de source officielle turque.
«Le nombre de Syriens en Turquie vendredi est de 9.700», a souligné à l'AFP cette source. Environ 1.200 Syriens ont traversé la frontière jeudi et dans la nuit, a-t-on ajouté de même source.