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L’USFP décline ses propositions pour l’élaboration d’un nouveau modèle de développement

Driss Lachguar : Le nouveau modèle de développement doit s’articuler autour de cinq fondamentaux


Mourat Tabet
Samedi 21 Avril 2018

«L’importance de cette journée d’étude réside dans le contexte particulier dans lequel elle s’inscrit et marqué par l’appel fait par S.M le Roi à tous les acteurs et les concernés afin d’élaborer un nouveau modèle de développement dans le cadre d’une approche participative et intégrée», a souligné le Premier secrétaire de l’USFP dans son intervention lors de la séance de clôture de la journée d’étude organisée par le parti de la Rose, jeudi dernier, au Palais des congrès à Skhirat et au cours de laquelle ont pris part des experts marocains et étrangers, des cadres du parti et l’ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.
Dans ce cadre et partant de sa longue histoire militante et sa vision politique à vocation sociale, l’USFP adhère pleinement à l’effort national collectif, a fait savoir le Premier secrétaire avant d’ajouter que l’USFP  avait déclaré il y a bien longtemps  la nécessité de revoir le modèle de développement actuel  qui s’est essoufflé et n’a plus raison d’être.   
Le Premier secrétaire a mis l’accent sur 5 fondamentaux qu’il faut prendre en considération à l’heure de l’élaboration d’un nouveau modèle de développement.
Il s’agit tout d’abord du volet institutionnel. Dans ce cas, Driss Lachguar a assuré que cela renforcera le rôle des institutions qui servent de base au modèle économique, social et culturel que le Maroc ambitionne de développer dans le cadre des dispositions constitutionnelles,  de l’Etat de droit et de la préservation des droits et des libertés.
Pour ce qui est du deuxième fondement, il permet de reprendre l’initiative nationale dans le domaine de la gestion financière et économique, d’autant que le Maroc a besoin aujourd’hui d’élaborer un modèle de développement dynamisant les forces de production  nationales et renforçant le pouvoir d’achat en vue de booster le marché intérieur.
Un modèle qui ouvre de nouvelles perspectives devant les PME pour leur permettre d’accéder aux sources de financement, a indiqué Driss Lachguar, tout en rappelant la nécessité d’une créativité en matière de moyens de financement. Et d’ajouter que les politiques monétaire, bancaire et financière poursuivies actuellement peuvent déboucher sur des faillites d’entreprises, des  pertes d’emplois, la détérioration du niveau de vie des ménages marocains et l’aggravation du déficit des Caisses  de sécurité sociale. A cet effet, il est primordial de s’orienter vers les investissements engendrant des postes d’emploi en vue de créer une dynamique économique capable de propulser le processus de développement, a fait savoir le Premier secrétaire.
A propos du troisième fondement devant garantir les droits économiques et sociaux liés au travail, à l’enseignement et à la santé, il urge de prendre des initiatives audacieuses afin de créer des postes d’emploi, encourager une économie sociale, productive et d’investissement et ce, pour surmonter la précarité et l’exclusion sociale, a souligné Driss Lachguar.
De même qu’il est primordial de couper court à l’attentisme et d’avoir le courage nécessaire pour procéder à la réforme du système éducatif dans sa globalité. Et de réitérer à ce propos que l’on ne peut nullement taire les cas de ceux qui veulent maintenir l’enseignement public en l’état actuel alors qu’ils scolarisent leurs enfants dans l’enseignement privé, où l’éducation moderne multi-langues et l’ouverture sur le monde sont assurées. En tant que socialistes, nous demandons à ce qu’il y ait une égalité en matière d’enseignement afin que fils de pauvre ou de riche puissent bénéficier du même système éducatif.
Au sujet de la santé, il est primordial de résoudre les dysfonctionnements relevés dans ce domaine, à travers la mise en place de services de qualité et à la portée de tout le monde, en instaurant un régime  global d’aide médicale basé sur l’équité et la justice territoriale, a affirmé Driss Lachguar.
 Le Premier secrétaire  a, par ailleurs, évoqué le volet social  qui constitue un élément important dans l’opération de modernisation et de progrès et  qui permet d’axer le projet de développement sur l’approche genre, laquelle constitue un pas supplémentaire  pour améliorer de manière effective la situation des femmes et  de leur garantir leurs droits  économiques et sociaux. De même que ce projet de développement  doit  disposer  des outils  d’intégration nécessaires destinés aux personnes en situation de handicap, personnes âgées, entre autres catégories sociales, traduisant ainsi les valeurs d’équité, d’égalité et  de solidarité, a-t-il  poursuivi.
S’agissant du levier culturel qui ne manque pas d’intérêt, Driss Lachguar a indiqué que ce volet  permettra de préserver la pluralité et la diversité et ce dans le cadre de l’identité nationale et d’ouvrir le champ devant une contribution forte et efficace, les expressions et les langues locales dans la culture nationale. Dans ce cadre, il a mis l’accent sur le droit à la liberté et la nécessité de renforcer la libre créativité, la culture de la différence, l’esprit de tolérance et l’ouverture sur l’Autre.  
«L’USFP est un parti respecté au sein de l’Internationale socialiste», a tenu à affirmé José Luis Zapatero dans son discours lors de cette séance de clôture. Et de préciser : «Mon parti, le PSOE, entretient de bonnes relations avec l’USFP et nous souhaitons poursuivre ces relations, apprendre et travailler ensemble ».
Selon l’ancien président du gouvernement espagnol, les idées socialistes ont fortement contribué à transformer l’histoire de l’humanité et à faire sortir des gens de la pauvreté.
Par ailleurs, José Luis Zapatero a affirmé que le fait que l’USFP soulève la question du modèle de développement pour le Maroc «constitue déjà une victoire». «Soulever cette question signifie qu’il y a des choses à changer», a-t-il précisé, tout en soulignant que la stabilité politique est «une condition sine qua non du développement».
José Luis Zapatero a défendu l’intégrité territoriale du Maroc qui «est également une condition de développement et de  stabilité du pays». D’après lui, «la stabilité du Royaume n’est pas seulement bonne pour le Maroc en tant que tel, mais aussi pour la communauté internationale». Et d’ajouter : «La sécurité est également un facteur de développement et le Maroc est un pays stable et sûr dans la région ».
Le dirigeant socialiste espagnol a mis en exergue l’ouverture du Royaume sur d’autres cultures et d’autres religions, tout en s’attachant à sa propre culture et à son identité.
 Il a souligné que la politique industrielle du Maroc doit se focaliser sur trois secteurs importants, notamment une politique industrielle dans le domaine de l’environnement. Selon lui, le Maroc a toutes les capacités et les conditions pour devenir un leader en la matière.
L’intervenant a mis également l’accent sur l’industrie agroalimentaire. Et le troisième secteur est celui du tourisme. Le Maroc, selon lui, remplit les conditions pour devenir un leader mondial vu sa proximité de l’Europe et la diversité de sa culture et la richesse de son histoire.
Il a également mis l’accent sur l’éducation et les droits des femmes. «Prenez une carte du monde, vous constaterez que les pays les plus développés sont ceux où il y a égalité entre les deux sexes», a-t-il souligné. Et d’ajouter : «Je dis à nos amis à l’USFP : pour être socialiste, il faut être féministe».
Il y a lieu de signaler que la séance de clôture a été modérée par Abdelhamid Jmahri, membre du Bureau politique de l’USFP. Pour celui-ci, un Etat faible ne peut subvenir aux besoins du peuple ni concrétiser ses rêves, alors qu’une société solidaire est le ciment de ce pays. Car sans solidarité, l’Etat ne peut pas être fort. Et d’ajouter : «L’USFP est un parti réformiste, à vocation sociale et pétri d’une vision humaniste et universelle».
Il convient de rappeler que la séance matinale de cette journée d’étude a été marquée par des interventions importantes des experts et des cadres du parti qui ont abordé tous les aspects du nouveau modèle de développement. La modération de cette journée a été assurée par Khadouj Slassi, membre du Bureau politique et présidente de l’OSFI.
Tarik El Malki, professeur universitaire et membre du Bureau politique a soulevé lors de son allocution la question suivante : «Quel modèle de développement pour le Maroc dans le cadre de la mondialisation ?».
Pour lui, le Maroc a accompli des progrès notables au cours de la décennie 2000, mais la situation générale du pays se dégrade depuis 2010-2011. Il a noté notamment une augmentation continue des dépenses publiques (environ 30% du PIB), la dégradation des comptes publics (déficit du Trésor en moyenne de 5,5% du PIB), un endettement total qui frôle la non soutenabilité, un investissement public en hausse mais dont l’impact sur la croissance reste faible et la dégradation de la position extérieure du pays.
Pour sortir de cette impasse, l’intervenant a proposé la mise en place «d’un contrat économique et social qui soit basé sur une nouvelle génération de réformes». Dans ce cadre, il a appelé, entre autres, à la création des conditions d’une croissance forte, inclusive et créatrice d’emplois qui favorise la solidarité sociale et territoriale, à la révision du rôle de l’Etat à l’aune des défis posés par la mondialisation et la concurrence sur les marchés, au renforcement de la concurrence loyale et la lutte contre l’économie de rente et le clientélisme, à la promotion de l’activité privée dans les secteurs de production à forte valeur ajoutée.
Pour sa part, Ishani Labi, adjointe du représentant résident du PNUD au Maroc, a traité quelques modèles de développement dans le monde. Elle a appelé à l’intégration des personnes marginalisées vivant dans les montagnes et les oasis et à la promotion des politiques publiques en matière d’éducation et de santé.
Elle a également insisté sur la reddition des comptes, tout en préconisant le renforcement du rôle des partis politiques et des élus.
La question sociale dans le nouveau modèle de développement a été abordée par Abdelhamid Fatihi, secrétaire général de la FDT. Il a critiqué le fait que la politique sociale au Maroc soit limitée dans ses programmes sectoriels et les catégories sociales ciblées, tout en affirmant que l’intervention de l’Etat dans le secteur social est inefficace en dépit des efforts consentis.
Concernant le dialogue social, Abdelhamid Fatihi a affirmé que le Maroc a réalisé beaucoup d’acquis depuis 1996, mais il a en même temps déploré l’absence d’un cadre, voire de bases claires du dialogue social.
L’intervention d’Abdelmaksoud Rachdi, membre du Bureau politique et acteur associatif, a été axée sur «Les entrées de la question sociale à l’horizon du nouveau modèle de développement». D’emblée, Abdelmaksoud Rachidi a tenu à préciser qu’il ne faut pas «concevoir un modèle de développement qui ne prenne pas en compte le citoyen, ses besoins vitaux et ses intérêts».
Selon lui, le prélude à tout modèle de développement passe par l’école publique. Il est inconcevable, d’après lui, d’assurer la cohésion sociale au Maroc sans l’école publique.
Le deuxième volet est la santé. Abdelmaksoud Rachdi a critiqué la politique sanitaire qu’il a qualifiée de «modeste» et de «misérable». Pis encore, elle est concentrée dans une zone géographique limitée. L’intervenant a mis également l’accent sur la question de l’emploi.
Pour le membre du Bureau politique, il y a une nouvelle génération de revendications comme l’attestent plusieurs mouvements sociaux qui ont secoué le Maroc, récemment à Jerada et à Al-Hoceima. «Ces mouvements constituent un nouveau modèle de lutte démocratique pour le développement», a-t-il explicité.
Younes Moujahid, membre du Bureau politique de l’USFP et secrétaire général du SNPM, a abordé les dimensions socioculturelles du nouveau modèle de développement. La question principale qu’il s’est posée c’est : peut-on qualifier le système politique actuel de néo-patrimonial ? ». Un système néo-patrimonial se caractérise par un mélange de structures traditionnelles et d’aspects modernes. Selon lui, la gestion de la chose publique dans un tel système est marquée par le népotisme et l’allégeance au pouvoir central.
L’intervenant a affirmé que le gouvernement de l’Alternance sous la présidence d’Abderrahman El Youssoufi et le nouveau règne ont sonné le glas de ce modèle (nouveau concept de l’autorité, promulgation des lois modernes dans plusieurs domaines comme le Code de la famille). Pourtant, le Maroc fait face à plusieurs défis notamment la perpétuation de la culture de la sorcellerie et du discours fanatique, la crise du système éducatif, la crise de la culture et de la lecture.
Le ministre ittihadi, Mohamed Benabdelkader, a affirmé que le nouveau modèle de développement n’est pas un programme réformiste ni un plan économique, c’est un cadre référentiel pour orienter les politiques publiques.
Il a mis l’accent sur la limite de ce qu’il a nommé la transférabilité. Pour lui, il est difficile de transférer les modèles des dragons asiatiques (Singapour, Corée du Sud, Indonésie…). «Ces modèles ont leur propre contexte. C’est pourquoi, il est extrêmement difficile de les transposer».
Pour sa part, Abdelkrim Benatik, membre du Bureau politique et ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Marocains résidant à l'étranger et des Affaires de la migration, a souligné que les Marocains du monde peuvent apporter leurs contributions au nouveau modèle de développement d’autant plus que 500.000 Marocains occupent des positions importantes dans les sociétés d’accueil et dans des secteurs très importants.
Les Marocains du monde peuvent apporter leurs contributions notamment au niveau du transfert de technologie. Ils peuvent également contribuer à l’investissement dans leur pays d’origine. Le ministre ittihadi a ajouté un bémol : «L’investissement ne signifie pas seulement de l’argent. L’important c’est d’avoir un projet et de la volonté ».
Abdelkrim Benatik a mis également l’accent sur la nécessité de faire du lobbying. Car, selon lui, le secteur industriel ne peut émerger sans promotion et sans la conquête des marchés. Dans ce domaine, les Marocains du monde sont d’un grand secours.
Driss Guerraoui, secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a évoqué plusieurs fragilités ou des vulnérabilités  auxquelles fait face le Maroc.
Il s’agit notamment de la défiance due à la dévalorisation de l’action politique et des institutions élues, de la radicalisation religieuse, des menaces régionales réelles, des inégalités sociales, territoriales et entre les genres, du problème de la gouvernance, et, in fine,  de la crise des élites dans tous les secteurs : politique, culturel, etc.
«Que faire ?», s’est interrogé Driss Guerraoui. Et de répondre : «Le Maroc a besoin d’un sursaut national porté par un nouveau contrat. Il a besoin d’un nouveau rêve».
La question de la relation entre la démocratie et le développement a été décortiquée par Benyounes El Marzouki. L’orateur a mis en exergue le fait que la démocratie n’engendre pas le développement, ni celui-ci ne peut créer la démocratie. Selon lui, la fonction du développement est de préserver la démocratie.
Enfin, Esteban Pérez Caldentey a axé son intervention sur les leçons qu’on peut tirer du développement en Amérique latine.

 


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1.Posté par Zouaghi le 21/04/2018 21:30 (depuis mobile)
Article très intéressant bien détaillé et hyper bien rédigé . Bravo Mr Mourad TAbet

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