
L'alternance politique en Grèce et les changements décidés par le nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras "ne doivent pas se faire au détriment" des autres Européens, a mis en garde de son côté le ministre allemand de l'Economie, Sigmar Gabriel.
Même le président du Parlement européen Martin Schulz, qui devait être jeudi après-midi le premier responsable reçu à Athènes, a semblé moins conciliant que d'habitude considérant que "Tsipras sait qu'il doit trouver un compromis (avec l'Union européenne). Et que tout ce qui a été dit dans le feu de l'action durant la campagne électorale ne peut être mis en place aussi facilement".
Un autre poids lourd de l'Europe, Jeroen Djisselbloem, le président de l'Eurogroupe qui regroupe les ministres des Finances de la zone euro, est attendu ce vendredi à Athènes. Il faut dire que la première journée du gouvernement Tsipras a été très inquiétante pour les créanciers du pays, notamment l'UE : le Premier ministre a multiplié avec son ministre des Finances Yanis Varoufakis les déclarations emphatiques ("nous verserons notre sang pour la dignité du peuple grec") ou plus acceptables par ses créanciers ("instaurer une nouvelle relation de confiance et de sincérité").
Au fur et à mesure des prises de fonctions, les ministres énonçaient une kyrielle de mesures, toutes comprises dans le programme de Syriza et toutes contraires aux préconisations des créanciers du pays (UE, FMI) : arrêt des privatisations, notamment celle du port du Pirée -- la Chine s'est dite jeudi à ce sujet ‘’très préoccupée’’.
Le tout alors que le plan d'aide de l'UE doit s'achever fin février, avec à la clé le versement de 7,2 milliards d'euros indispensables au pays en échange d'une grande sagesse budgétaire. Dans ce contexte, le précédent ministre des Finances, Guikas Hardouvelis, a prévenu son successeur que "les besoins financiers du pays sont assez tendus", et des chiffres de la Banque de Grèce publiés par Bloomberg ont montré que les retraits d'argent des banques grecques, déjà sous aide de la BCE, s'étaient accélérés en janvier (11 milliards d'euros contre 3 en décembre) : les investisseurs affolés ont vendu en masse mercredi leurs titres bancaires.
Le numéro deux du gouvernement Ioannis Dragasakis a tenté de rassuré mercredi soir, assurant que l'objectif du gouvernement était de "renforcer les banques, d'améliorer leur position et plus généralement de développer notre économie".