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philosophique, Abdellah Baïda prête sa voix à celui
dont il affectionne le plus la compagnie : le livre. Retour sur
«Testament d’un livre», un roman choral qui nous rappelle
l’essentiel : le livre délivre.
Avez-vous déjà entendu un livre ? Habituellement, le livre se donne à nous dans le silence de la lecture. Nous nous immergeons en solitaire pour nous ressourcer autant de savoirs que de rêves et de pensées. A notre tour, à travers ce lien exclusif, nous nous donnons à lui. S’opère alors une symbiose où coule le plaisir d’un partage polyphonique.
Mais là, dans Testament d’un livre, Abdellah Baïda le dote de sons et superpose les paroles aux mots. Le livre, alors sonore, entame un long monologue au nom de son espèce dont il estime la menace grande. Telle une plaidoirie, il défile pour le lecteur épris d’humanité le long chapelet de ses vicissitudes et les innombrables chemins de croix qu’il a dû traverser pour perpétuer sa présence à l’intérieur d’époques aussi périlleuses les unes que les autres. Dans cette plaidoirie au timbre philosophique, qui nous ramène à l’Histoire en nous projetant dans l’avenir, il n’y a pas de ressentiment. Le témoignage est sans parti pris, exonéré du jugement qui est par essence arbitraire. Comme si l’auteur, par la voix de ce personnage en caractères d’imprimerie, scandait sa distance avec ceux qui ont voué le livre à toutes les gémonies.
Pour mieux nous inviter dans ce voyage livresque, Abdellah Baïda emprunte un style épuré qui résonne comme un conte. On l’écoute avec passion en nous réjouissant de partager les tourments de celui qui nous a offert tant de richesses.
En lisant Testament d’un livre, c’est dans notre Histoire que nous plongeons, celle qui a été écrite pour que jamais, jamais l’oubli n’efface ni les crimes, ni les grandeurs de l’Homme. C’est aussi un pas dans l’avenir que nous engageons en prenant mieux conscience que le livre reste l’écrin le plus précieux pour recevoir la vie. S’il venait à subir de létales menaces, ce serait alors risquer l’extinction de la pensée.
Abdellah Baïda nous rappelle à cette réalité avec force. Ses idées, comme son verbe, creusent, s’aventurent dans les épisodes afin de mieux nous dire l’Histoire des livres à travers la confession d’un livre. Il écrit comme s’il utilisait un instrument contondant mais sans jamais se compromettre dans le jugement. Percent néanmoins dans les phrases son cri et son espoir que jamais plus aucun livre n’écrira encore de testament crépusculaire.
Testament d’un livre est donc un livre fait pour être lu, écrit par un auteur qui connaît son sujet. Ce n’est pas un tocsin qu’il sonne, mais plutôt un appel pour que vive toujours à l’abri de l’inquisition cet objet inestimable : le livre.
Abdellah Baïda nous livre ici un roman salutaire, sans rides, promis à un bel avenir, et qui fait chorus à la magnifique formule de Henrich Heine : « Là où on brûle les livres, on finit par brûler les hommes».
* (Cercle de Littérature
Contemporaine)