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L’Etat social et la leçon magistrale de l’USFP


Mourad Tabet
Mardi 30 Novembre 2021

Abderrahim Chahid au nom du Groupe socialiste Il est illogique de prétendre à la consolidation des bases de l’Etat social tout en s ’ accrochant à des politiques publiques dépassées

Déconstruire le discours du gouvernement sur la question de l’Etat social et mettre à nu ses contradictions. Telle a été la teneur de l’allocution du président du Groupe socialiste à la Chambre des représentants, Abderrahim Chahid, lors de la première séance mensuelle sur la politique générale du gouvernement à la Chambre des représentants, tenue ce lundi 29 novembre, en réaction au discours prononcé par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui a porté sur «l’Etat social».
«Il nous est apparu clairement que votre discours sur les caractéristiques de l'Etat social tel que vous le concevez ne s'écarte pas de ce que vous aviez souligné dans le programme du gouvernement et la loi de Finances. Vous y annoncez vouloir "renforcer les fondements de l'Etat social", mais il y a un hiatus entre les désirs et la réalité, d'une part, et entre les désirs et la capacité réelle à changer la situation, d’autre part», a d’emblée martelé Abderrahim Chahid.
Selon le député ittihadi, l’on ne pourra absolument pas prétendre soutenir l'Etat social et ses valeurs liées à la justice, à la solidarité et à la dignité, et en même temps défendre « une vision libérale conservatrice s’inscrivant dans la continuité des politiques publiques existantes, et adopter des mesures capitalistes dont le gouvernement ne dévoile pas les sources de financement avec la précision requise, et ne contribuera pas à assurer la cohésion sociale », a-t-il souligné dans son allocution pertinente et bien structurée.
Après avoir rappelé les soubassements encadrant l'Etat social, dont notamment les orientations Royales, les dispositions constitutionnelles et les recommandations du nouveau modèle de développement, Abderrahim Chahid a mis l’accent sur les priorités nécessaires à même de renforcer l’Etat social au Maroc, à savoir le préalable politique, institutionnel et gestionnaire. « Concernant le préalable politique, nous n'avons pas encore compris comment on peut renforcer les piliers de l'Etat social en adoptant un référentiel politique capitaliste régi par la logique de l'économie de marché et une approche libérale conservatrice», a précisé Abderrahim Chahid au nom du Groupe socialiste à la Chambre des représentants. Et de s’adresser au chef du gouvernement en disant : «Le gouvernement pourra-t-il renforcer l’Etat social tout en se soumettant dans sa première loi de Finances aux équilibres budgétaires? Nous ne le croyons pas, et nous avons vu comment le gouvernement a failli à sa responsabilité de rétablir l'équilibre social en se dérobant face à la hausse des prix des produits de consommation, et en ne veillant pas à protéger le pouvoir d'achat des citoyens, notamment pour les couches sociales vulnérables et la classe moyenne, comme mesure de base de l'Etat social ».
Le gouvernement, selon Abderrahim Chahid, en favorisant l’équilibre budgétaire au détriment des équilibres sociaux fait preuve « d'absence de prise de conscience politique de l’importance de la dimension sociale dans la performance économique, et de l’importance du nouveau concept de la théorie du capital humain, qui considère les dépenses sociales comme un véritable investissement stratégique, et non une consommation improductive qui augmente les dépenses publiques et pèse lourd sur le budget public de l'Etat ».
« Il est donc illogique de prétendre à la consolidation des bases de l’Etat social tout en s’accrochant à des politiques publiques, notamment dans les domaines économiques et sociaux, politiques qui ont montré leurs limites, et dont le nouveau modèle de développement a appelé à mettre fin », a-t-il mis en exergue.
S’agissant du préalable institutionnel, le gouvernement ne peut pas renforcer les piliers de l'Etat social avec les mesures contenues dans le programme gouvernemental et la loi de Finances de 2022. « Le gouvernement a continué à adopter le système d'aide sociale directe (familles pauvres, enfants scolarisés, personnes âgées,...), au lieu de penser à mettre en place un cadre institutionnel homogène qui permettrait la mise en œuvre de manière efficace du projet de protection sociale élargie lancé par S.M le Roi. L'Etat social étant l'Etat des institutions sociales, et la rupture nécessaire avec les politiques sociales limitées, pour ne pas dire complètement ratées, ne peut se faire qu'en menant une réforme institutionnelle indispensable dans le champ social ».
Il a également appelé à la nécessité de remédier aux dysfonctionnements institutionnels qui constituent un obstacle à la promotion de l'action sociale publique en raison du manque de coordination et de convergence entre les différentes structures et institutions intervenant dans ce domaine. Mais malheureusement, «il semble que le gouvernement ne dispose d’aucune vision de réforme institutionnelle sociale, car nous n'avons trouvé aucune mesure allant dans ce sens, ni dans le programme du gouvernement, ni dans la loi de Finances de 2022», a-t-il fustigé.
En ce qui concerne le préalable gestionnaire, le président du Groupe socialiste n’y est pas allé par quatre chemins en s’interrogeant comment le gouvernement entend renforcer les piliers de l'Etat social par sa gestion unilatérale et son mépris de l'approche participative dans la gestion de la chose publique.
Pour preuve, le gouvernement a fait fi des propositions de l'opposition, et a systématiquement et sans aucune raison valable rejeté les amendements que les groupes de l’opposition ont déposés dans le but de renforcer l'Etat social. Pis encore, l’Exécutif a pris des décisions de façon unilatérale, à l’instar de celle concernant les nouvelles conditions d’accès au concours de recrutement des enseignants, notamment la fixation de l’âge maximum à 30 ans, et ce sans aucune concertation avec les organisations et syndicats concernés.
« Le Groupe socialiste a rappelé au gouvernement qu'il doit comprendre que l'Etat social est un Etat de dialogue social et de consensus avec les acteurs économiques et sociaux, et que la logique d'hégémonie politique basée sur une majorité numérique ne peut pas préserver la paix sociale, condition sine qua non pour le renforcement de l'Etat social », a encore soutenu Abderrahim Chahid.
Partant de la littérature mondialement connue des principales expériences internationales et du référentiel socio-démocrate de l’USFP, le président du Groupe socialiste à la Chambre des représentants a affirmé que l’Etat social est, par essence, un Etat qui maintient l’équilibre dans la structure économique en soutenant les PME, et dans la structure sociale en soutenant les classes pauvres et moyennes; un Etat d'inclusion sociale et d'encouragement à la participation politique, économique, sociale et culturelle des différents groupes sociétaux (femmes, jeunes, enfants, personnes handicapées, personnes âgées). Malheureusement, les actions du gouvernement, selon lui, envers ces groupes sont circonstancielles et limitées, et ne contribueront pas à leur véritable intégration sociale; et, enfin, c’est un état de services publics de base pour tous dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'emploi, du logement et des transports. D’après Abderrahim Chahid, le gouvernement n'a, malheureusement, pas proposé de mesures ambitieuses à cet égard, mais s’entête plutôt à poursuivre les mêmes politiques existantes.
Pour Abderrahim Chahid, les politiques publiques menées par le gouvernement depuis sa nomination s’inscrivent en faux contre cette acception de l’Etat social. «Il a préféré –vu les référentiels politiques de ses composantes- imposer des politiques libérales, conservatrices et d'exclusion. Dès lors, à partir de notre positionnement dans l'opposition, nous ne pouvons que mettre en garde le gouvernement contre cela et nous appelons à y remédier afin d'éviter toutes les conséquences funestes ou tensions sociales éventuelles », a-t-il averti. 


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