“Je suis l'une des victimes de la déportation algérienne. Je suis né en 1944 et je vis une situation sociale critique à cause de cette déportation. J'ai participé aux côtés de mes frères algériens contre la colonisation et je croyais que le Maroc et l'Algérie étaient une seule patrie. L'expulsion m'a privé de mon épouse et de mes deux enfants. Je vis dans une solitude amère. Une vie sans aucun sens. Avec l'expulsion, les autorités algériennes ont détruit ma vie. On vivait paisiblement en harmonie avec nos frères algériens jusqu'au jour où ce maudit président décréta la déportation des Marocains.
Et puisque je vivais dans une famille mixte comme beaucoup de Marocains d'Algérie, la souffrance était décuplée et très douloureuse. Quand je pense à cette journée du 18 décembre et à ma famille dont je n'ai aucune nouvelle, je tombe en sanglots. Je vis un calvaire tant sur le plan moral que pécuniaire. Lors de la déportation, on a été nombreaux à être humiliés par les autorités algériennes, nous qui avons défendu l'honneur de l'Algérie. C'est vraiment atroce ce que Boumediène nous a fait. J'ai tenté à maintes reprises de retourner en Algérie pour récupérer ma femme et mes enfants mais en vain. Et à chaque tentative, je fus arrêté et reconduit à la frontière. J'espère un jour revoir ma famille lorsque les relations entre les deux pays seront au beau fixe.»
“Je suis née à Bni Inssaf dans la wilaya de Tlemcen en 1944 de mère et père marocains.Je crois que nous avons besoin de ces séances avec des gens comme vous qui daignent nous écouter. J'ai vu à la télévision que les autorités marocaines font ça pour des gens victimes des années qu'on appelle de plomb.
Les déportés d'Algérie ont, eux aussi, besoin de ces séances d'écoute et de suivis médicaux et sociaux également. Dieu seul sait ce qu'on a enduré par la faute des autorités algériennes. Nos vies ont été chamboulées complètement. Au début de ce drame humain, la police algérienne a commencé par les Marocains d'origine soussie qui étaient dans le commerce et puis ce fut notre tour de vivre l'enfer sur terre. Nous qui étions dans le domaine agricole.
Une campagne bien orchestrée par Boumediene qui voulut humilier les Marocains et les Marocaines. Quand j'y pense, j'ai des insomnies. J'ai participé à la résistance algérienne contre l'occupation et je ne le regrette pas mais cette révolution a détruit ma vie… »