James Comey, l'énième chute du flic qui hérisse Trump


Libé
Mercredi 1 Octobre 2025

James Comey, l'énième chute du flic qui hérisse Trump
Limogé brutalement du FBI par Donald Trump en 2017, il était déjà à l'époque la bête noire du président républicain. James Comey, qui se veut l'incarnation d'une police et d'une justice indépendantes des pouvoirs politiques, est désormais inculpé.
"C'est un flic véreux, il l'a toujours été", a encore asséné vendredi le maître de la Maison Blanche, qui a la rancune tenace.

James Comey, 64 ans, a la méticulosité d'un enquêteur et la cuirasse de celui qui va jusqu'au bout: l'ex-puissant patron de la police fédérale américaine, longtemps encarté chez les républicains, a pu irriter tous les bords politiques, sans jamais se départir de son flegme.
Il avait été sèchement débarqué en 2017, alors que le FBI enquêtait sur d'éventuelles ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016.
Comey avait accusé l'administration Trump de l'avoir diffamé et, "plus important encore, de diffamer le FBI en disant que l'organisation était en désarroi, mal dirigée, que le personnel avait perdu confiance en son leader. C'étaient, purement et simplement, des mensonges" 
Un mois plus tard, le grand flic - 2 mètres sous la toise - publiait une déclaration confirmant que M. Trump lui avait demandé d'abandonner l'enquête sur Michael Flynn, son ex-conseiller suspecté d'être mêlé aux ingérences russes supposées.

Un véritable bâton de dynamite envoyé sur le tapis du bureau ovale, quelques heures seulement après que M. Trump, lui aussi natif de New York, eut annoncé avoir nommé son successeur au FBI.

L'année suivante, James Comey publiait un livre - "A Higher Loyalty" (Une plus grande loyauté) - dans lequel il comparait le milliardaire à un chef mafieux et un "menteur en série".
 
"Des mensonges"
 
Rompu aux joutes politiciennes de Washington, cet ancien procureur fédéral et vice-ministre de la Justice excelle dans les auditions sur la colline du Capitole, toujours concentré, les sourcils froncés.

Devant une commission du Sénat, il avait accusé l'administration Trump de l'avoir diffamé et, "plus important encore, de diffamer le FBI en disant que l'organisation était en désarroi, mal dirigée, que le personnel avait perdu confiance en son leader. C'étaient, purement et simplement, des mensonges".

A-t-il puisé sa ténacité d'un traumatisme d'enfance ? Il a expliqué avoir, à l'âge de 15 ans, été brièvement capturé avec son frère par un prédateur sexuel. "A un moment donné, nous nous sommes allongés sur le lit de mes parents avec les pistolets pointés à l'arrière de nos têtes... Je pensais qu'il allait nous exécuter", avait-il raconté à CNN.
Après avoir tenté de fuir et d'être repris, les deux garçons s'en étaient sortis grâce à un voisin et son chien.

Pendant trois décennies, James Comey a navigué dans les cercles politico-judiciaires fédéraux, distribuant publiquement des cartons jaunes dans l'exécutif ou le judiciaire.
Il est parvenu à projeter une image de fidèle serviteur du droit, lui qui est aussi un renard de la politique. Le tout sans épargner le camp démocrate.
 
Souci du détail
 
Sous Barack Obama, le patron policier avait souvent éclipsé sa responsable hiérarchique, la ministre de la Justice Loretta Lynch. Il s'est même permis parfois de fâcher les autorités judiciaires.

Il l'a fait par exemple en soutenant que les policiers étaient devenus réticents à s'impliquer dans leur tâche, après l'avalanche de critiques qu'ils avaient subies dans le sillage de la mort de Michael Brown, un Noir de 18 ans abattu en 2014 dans le Missouri.

En 2016, il avait ainsi recommandé de ne pas poursuivre l'ex-secrétaire d'Etat et candidate à la présidentielle Hillary Clinton, après le scandale de ses emails révélé en pleine campagne pour la Maison Blanche. Mais il avait aussi pointé son "extrême négligence", obtenant les applaudissements des républicains.

Le souci du détail lui a fait rapporter par écrit chacun de ses entretiens en tête-à-tête avec le président Trump lors du premier mandat de ce dernier. Qui ne l'a jamais oublié.
James Comey aura aussi croisé le fer avec la Silicon Valley, tentant de convaincre Apple de débloquer un smartphone utilisé par l'auteur d'un attentat en Californie. Les experts du FBI avaient trouvé la parade.

Il est désormais poursuivi pour fausse déclaration et entrave à la justice, selon le ministère. Il encourt jusqu'à cinq ans de prison.


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