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Jacob Zuma, condamné, ne se constituera pas prisonnier


Libé
Mardi 6 Juillet 2021

A l’expiration du délai imposé par la justice pour se rendre aux autorités, l’ex-président sud-africain Jacob Zuma a annoncé dimanche soir qu’il ne se constituseait pas prisonnier, malgré une condamnation à de la prison ferme par la plus haute Cour du pays. Après sa condamnation mardi à 15 mois pour outrage par la Cour constitutionnelle pour avoir à plusieurs reprises refusé de témoigner dans le cadre d’enquêtes pour corruption d’Etat, la décision semblait sans appel: Zuma, 79 ans, irait derrière les barreaux. La justice lui avait donné cinq jours pour se rendre dans un commissariat et le pays attendait de voir si l’ancien président allait obéir de lui-même ou serait emmené au cours d’une spectaculaire arrestation par la police. C’est finalement en jouant à nouveau de ses deux armes favorites, la ruse juridique et le soutien populaire, qu’il s’est acheté un sursis: la Cour a accepté samedi une demande du camp Zuma de revoir son jugement et une nouvelle audience a été fixée au 12 juillet. “Pas besoin que j’aille en prison aujourd’hui”, a-t-il déclaré, en riant, lors d’une conférence de presse dans son fief de Nkandla, dans le Kwazulu-Natal (Est). Techniquement, cette nouvelle audience ne suspend pas la condamnation mais Jacob Zuma a estimé qu’”ils ne peuvent pas accepter les papiers et attendre de moi que je me présente en prison”. Et la horde de partisans campés dimanche devant sa résidence dans la campagne zouloue, munis de banderoles “Ne touchez pas à Zuma!”, était là pour l’appuyer. S’exprimant en zoulou et entonnant des chants avec la foule qui a scandé son nom, le politicien, volontiers provocateur, a lancé : “Quand j’ai vu la police ici, je me suis demandé comment ils allaient arriver jusqu’à moi, comment ils allaient passer à travers tous ces gens”. L’ex-président est accusé d’avoir pillé l’argent public pendant ses neuf années au pouvoir. Depuis la création en 2018 d’une commission d’enquête sur la corruption d’Etat, Zuma, déjà mis en cause par une quarantaine de témoignages, multiplie les manoeuvres pour éviter d’avoir à s’expliquer, ce qui l’a envoyé à la case prison. Pour le politologue sud-africain Ralph Mathekga, ces derniers rebondissements sont un “non-sens”. “C’est embarrassant pour le pays et tout ça se produit simplement à cause d’une menace d’instabilité politique”, dit-il. Certains craignent en effet que la condamnation de l’ancien président n’engendre une grave crise politique au sein du parti historique au pouvoir, le Congrès national africain (ANC). Le parti a annulé ce week-end une réunion de son tout-puissant Comité national exécutif (NEC), déclarant être “conscient de la situation qui se développe au KwazuluNatal” et de la nécessité “de donner une direction claire”. Miné par une guerre de factions, l’ancien chef d’Etat y compte encore de fidèles soutiens, opposés à l’actuel président Cyril Ramaphosa. Et l’une de ses tactiques a été d’entretenir les divisions pour mieux régner. Retranché dans sa maison de Nkandla, l’ancien dirigeant a reçu pendant le weekend un défilé de dignitaires locaux et membres de l’ANC, pour “des conversations politiques”, selon l’un d’entre eux. “Tout cela se passe dans le Kwazulu-natal, c’est une province dans laquelle si on poursuivait tous les membres de l’ANC qui ont quelque chose à se reprocher, la moitié auraient disparu”, souligne le politologue Ralph Mathekga. Ailleurs, le pays n’a pas été mis à feu et à sang au nom de Zuma. “Il a encore du pouvoir, mais il ne faut pas exagérer le soutien” qu’il peut obtenir, souligne M. Mathekga, estimant que “son pouvoir s’estompe malgré tout, Zuma est un homme politique d’hier”, remontant au temps des affaires. Mais si les autorités ne finissent pas par l’arrêter, “l’Afrique du Sud sera considérée comme un État défaillant dans lequel l’État de droit ne s’applique pas”, affirme de son côté le politologue Ebrahim Fakir. Cyril Ramaphosa a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille, mais il a lui-même été appelé à témoigner devant la commission d’enquête pour corruption.


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