Historique des contrôles, performances, passeports biologiques: la lutte antidopage dispose d'une montagne de données et cherche à mieux les exploiter, notamment par l'intelligence artificielle, selon Benjamin Cohen, le directeur général de l'International Testing Agency (ITA).
"Sans données, on ne peut rien faire, donc on travaille dessus toute la journée", résume auprès de l'AFP le juriste suisse, qui pilote cette jeune structure chargée depuis six ans du programme antidopage des JO, de celui du Tour de France et de "plus de 65 organisations internationales".
Pour lui, l'enjeu est d'affiner "l'analyse de risques", donc de décider quels athlètes surveiller plus étroitement en fonction de données suspectes, recoupées avec les éventuels renseignements obtenus par l'unité d'investigation, en y engloutissant le moins possible de temps et de ressources.
"Si on arrivait à être plus mobiles, on arriverait à se concentrer sur le travail de lutte contre le dopage et moins sur l'administration qu'il y a derrière, très lourde parce qu'on traite de données très sensibles", plaide le dirigeant.
D'où l'importance de mieux traiter "les centaines de milliers" de données biologiques, résultats sportifs et tests antidopage - menés par l'ITA, les fédérations internationales qui ne lui ont pas délégué leur programme, et surtout par plus de 200 agences nationales anti-dopage (NADO) à travers le monde.
"Il y a encore quelque temps, tout le monde travaillait avec un fichier Excel", raconte Benjamin Cohen, décrivant un patient "travail de nettoyage" des doublons, parfois simplement liés à la saisie des noms et prénoms des athlètes.
"Aujourd'hui on a notre propre logiciel, et la prochaine étape" passera par deux outils pour "automatiser certaines tâches": "Programmer des ordinateurs qui vont extraire ces données, parce qu'on fait encore beaucoup ce travail manuellement", et développer des interfaces permettant à "deux bases de données de se parler", en particulier entre l'ITA et les NADO, détaille-t-il.
Restera ensuite à "saisir toutes les opportunités que l'intelligence artificielle nous offre", à condition "d'utiliser ces nouveaux outils de manière éthique, notamment quand on parle de protection des données des athlètes".
"Si c'est bien fait et avec l'aval des régulateurs, l'IA va nous permettre d'aller beaucoup plus loin dans l'analyse des risques, dans les prédictions", développe le dirigeant.
Alors que l'ITA travaille depuis les JO-2020 de Tokyo à développer un "passeport de performance", pendant du passeport biologique pour détecter les progressions hors normes, "on va aussi prédire certains résultats sur la base de ce qu'un athlète aurait fait ces quatre dernières années", poursuit Benjamin Cohen.
"L'intelligence artificielle va nous amener à dire: +ça c'est vraiment un résultat inhabituel, qui pourrait évoquer une pratique dopante+... ou pas. Mais au moins il pourrait nous aider à les +flagger+, à nous avertir", expose-t-il.
Le projet de passeport de performance, initialement testé en natation et haltérophilie où aucun facteur extérieur n'influence les performances, "avance bien" et a été présenté la semaine dernière "à la famille du vélo", selon Benjamin Cohen.
"C'est un outil qu'on aimerait aussi développer dans le cyclisme, sur la piste ou en contre-la-montre, où on peut se permettre d'effectuer ces mesures sur la puissance et la performance individuelle", ajoute le responsable, espérant boucler l'étude de faisabilité "d'ici la fin de l'année".
Pour les gendarmes de l'antidopage, suivre l'évolution technologique a d'autant plus d'importance qu'elle façonne aussi les méthodes d'entraînement et creuse le fossé entre les plus riches et les autres.
"Je ne suis pas prophète mais quand on regarde la combinaison de l'IA et de la biochimie, on peut arriver à une conclusion plutôt dystopique sur ce que (...) ces deux développements scientifiques peuvent permettre pour améliorer la performance", avertissait ainsi fin avril Thomas Bach, le président du Comité international olympique, dans une interview à l'AFP.
"Sans données, on ne peut rien faire, donc on travaille dessus toute la journée", résume auprès de l'AFP le juriste suisse, qui pilote cette jeune structure chargée depuis six ans du programme antidopage des JO, de celui du Tour de France et de "plus de 65 organisations internationales".
Pour lui, l'enjeu est d'affiner "l'analyse de risques", donc de décider quels athlètes surveiller plus étroitement en fonction de données suspectes, recoupées avec les éventuels renseignements obtenus par l'unité d'investigation, en y engloutissant le moins possible de temps et de ressources.
"Si on arrivait à être plus mobiles, on arriverait à se concentrer sur le travail de lutte contre le dopage et moins sur l'administration qu'il y a derrière, très lourde parce qu'on traite de données très sensibles", plaide le dirigeant.
D'où l'importance de mieux traiter "les centaines de milliers" de données biologiques, résultats sportifs et tests antidopage - menés par l'ITA, les fédérations internationales qui ne lui ont pas délégué leur programme, et surtout par plus de 200 agences nationales anti-dopage (NADO) à travers le monde.
"Il y a encore quelque temps, tout le monde travaillait avec un fichier Excel", raconte Benjamin Cohen, décrivant un patient "travail de nettoyage" des doublons, parfois simplement liés à la saisie des noms et prénoms des athlètes.
"Aujourd'hui on a notre propre logiciel, et la prochaine étape" passera par deux outils pour "automatiser certaines tâches": "Programmer des ordinateurs qui vont extraire ces données, parce qu'on fait encore beaucoup ce travail manuellement", et développer des interfaces permettant à "deux bases de données de se parler", en particulier entre l'ITA et les NADO, détaille-t-il.
Restera ensuite à "saisir toutes les opportunités que l'intelligence artificielle nous offre", à condition "d'utiliser ces nouveaux outils de manière éthique, notamment quand on parle de protection des données des athlètes".
"Si c'est bien fait et avec l'aval des régulateurs, l'IA va nous permettre d'aller beaucoup plus loin dans l'analyse des risques, dans les prédictions", développe le dirigeant.
Alors que l'ITA travaille depuis les JO-2020 de Tokyo à développer un "passeport de performance", pendant du passeport biologique pour détecter les progressions hors normes, "on va aussi prédire certains résultats sur la base de ce qu'un athlète aurait fait ces quatre dernières années", poursuit Benjamin Cohen.
"L'intelligence artificielle va nous amener à dire: +ça c'est vraiment un résultat inhabituel, qui pourrait évoquer une pratique dopante+... ou pas. Mais au moins il pourrait nous aider à les +flagger+, à nous avertir", expose-t-il.
Le projet de passeport de performance, initialement testé en natation et haltérophilie où aucun facteur extérieur n'influence les performances, "avance bien" et a été présenté la semaine dernière "à la famille du vélo", selon Benjamin Cohen.
"C'est un outil qu'on aimerait aussi développer dans le cyclisme, sur la piste ou en contre-la-montre, où on peut se permettre d'effectuer ces mesures sur la puissance et la performance individuelle", ajoute le responsable, espérant boucler l'étude de faisabilité "d'ici la fin de l'année".
Pour les gendarmes de l'antidopage, suivre l'évolution technologique a d'autant plus d'importance qu'elle façonne aussi les méthodes d'entraînement et creuse le fossé entre les plus riches et les autres.
"Je ne suis pas prophète mais quand on regarde la combinaison de l'IA et de la biochimie, on peut arriver à une conclusion plutôt dystopique sur ce que (...) ces deux développements scientifiques peuvent permettre pour améliorer la performance", avertissait ainsi fin avril Thomas Bach, le président du Comité international olympique, dans une interview à l'AFP.