
Mais, la pire des statistiques diffusées par le CPP est le nombre d’enfants qui croupissent dans les geôles israéliennes. L’on compte ainsi pas moins de 214 enfants, dont la jeune Malak Al Khatib, âgée de 14 ans, considérée comme la plus jeune Palestinienne dans les prisons de l’occupant israélien.
La procédure de détention fait d’Israël un Etat hors-la-loi international. En effet, la procédure de détention administrative permet aux autorités israéliennes de maintenir en détention des prisionniers sans motifs, ni peines prononcées par un tribunal. La détention administrative permet à l’armée israélienne de détenir une personne sans inculpation ni jugement, pour une période de six mois renouvelables indéfiniment, sur le fondement de preuves tenues secrètes et auxquelles le prisonnier n’a pas accès.
La mascarade dans tout ce processus caduc et caricatural réside aussi dans le fait que le détenu, encore moins son avocat, ne peut s’enquérir des charges l’inculpant. Elles ne sont transmises qu’au juge. Du coup, la démocratie à l’israélienne ne permet pas à tout détenu palestinien de savoir ce qu’on lui reproche exactement, à part qu’il est potentiellement «terroriste» et donc «ennemi d’Israël»!
Le comble est qu’en théorie, les prisonniers peuvent faire appel devant la justice militaire, mais les conditions d’un procès juste et équitable ne sont jamais réunies.
Le cas de Khader Adnan est très médiatisé. Ce Franco-Palestinien avait observé jusqu’au 16 janvier dernier une grève de la faim contre le renouvellement sans arrêt de sa détention administrative. Boulanger de 36 ans et étudiant en économie, il en est à sa dixième arrestation et a déjà purgé six ans de prison ferme.
Au moins 32 autres détenus palestiniens ont été placés en détention administrative ou ont vu leur détention se prolonger depuis le début de l’année 2015.
Pression et répression
La détention administrative est encadrée par le droit international humanitaire, qui limite son utilisation à l’existence d’«impérieuses raisons de sécurité» et à la condition que cette mesure soit «absolument nécessaire». En pratique, Israël l’utilise comme un véritable instrument de pression/répression dans les Territoires occupés à l’encontre des opposants politiques. Elle est par conséquent constitutive d’une détention arbitraire. Les principales victimes en sont des Palestiniens, membres de la société civile ou de partis politiques, qui contestent l’occupation israélienne et contre lesquels l’armée ne dispose pas d’assez d’éléments pour les poursuivre en justice ou auxquels elle veut extorquer des informations.