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Impatience et crispations en Espagne autour du fonds de relance européen


Libé
Mercredi 19 Janvier 2022

Impatience et crispations en Espagne autour du fonds de relance européen
"Lente", "bureaucratique", "arbitraire"...En Espagne, les critiques se multiplient contre la gestion des fonds issus du méga-plan de relance européen, attendus avec impatience par les milieux économiques et source de tensions entre le gouvernement et l'opposition. Principale bénéficiaire avec l'Italie de ce plan d'aide massif, validé par Bruxelles en juillet 2020, l'Espagne doit recevoir 140milliards d'euros d'ici 2026, dont 70 milliards non remboursables. Une manne cruciale pour l'économie du pays, très affectée par la crise sanitaire. "On parle de montants extraordinaires", a insisté samedi le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, en rappelant que l'Espagne, qui a reçu deux versements de 9 et 10milliardsfin 2021, avait été "le premier pays avec le Portugal" à toucher des fonds du plan de relance. Ce plan, baptisé "Next Generation" et destiné à soutenir la transition écologique et la transformation numérique dans les pays de l'Union européenne, est une "opportunité historique pour l'Espagne", a insisté M. Sanchez, en défendant l'action de son gouvernement sur ce dossier. Une façon de faire taire les critiques de plus en plus nombreuses chez les chefs d'entreprise concernant le manque de réactivité de l'administration et le défaut de coordination entre le gouvernement et les régions dans le déploiement du plan sur le terrain. L'Espagne a été "le premier pays" à recevoir des fonds mais ces sommes "n'ont pas été injectées" aussi vite qu'espéré "dans l'économie réelle", a ainsi regretté la CEOE, principale organisation patronale espagnole, début janvier. Selon les données disponibles, seuls 38% des fonds alloués à Madrid pour 2021 ont été utilisés au 31 décembre. Cela reste "très éloigné des objectifs", a souligné dans un rapport le think tank économique Funcas, inquiet des effets de ce "retard" sur la croissance. Dans une note interne révélée début décembre par le quotidien El Pais, le constructeur aéronautique Airbus avait lui-même épinglé ces lenteurs, évoquant un "manque de coordination et de leadership" et un "manque d'intérêt" des ministères impliqués. Au-delà de ces retards, ce sont les choix réalisés dans l'utilisation des fonds qui suscitent l'agacement des milieux économiques, notamment au sein de la CEOE, qui dénonce des appels à projets souvent "atomisés" et réduits à de "petits montants". "Le système actuel de répartition" conduit à "un éparpillement" des fonds, orientés vers des projets "parfois curieux", a abondé José Luis Zoreda, vice-président d'Exceltur, organisation patronale du secteur touristique, citant le cas d'un "terrain de golf dans la région des Asturies". Pour avoir "un vrai impact", les fonds devraient se concentrer "sur quelques projets de taille importante", ayant un fort potentiel de "transformation" de l'économie espagnole, a insisté le responsable patronal. Ces derniers jours, la bataille a pris un tour politique: le Parti Populaire (PP, droite), principal parti d'opposition, a accusé le gouvernement de favoriser dans ses choix de financements les régions et municipalités de gauche. "Nous avons proposé voilà deux ans une agence indépendante chargée de gérer les fonds européens", comme l'ont fait "la Grèce", "l'Italie" et "la France", "mais Sanchez a préféré répartir les aides de façon arbitraire", a attaqué le chef de ce parti, Pablo Casado. Evoquant de possibles faits de "clientélisme" et de "corruption", le leader du PP a annoncé un possible recours en justice, dans le sillage de plusieurs responsables régionaux de droite, dont la présidente de la région de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, étoile montante du PP. Une offensive vivement dénoncée par le gouvernement et la majorité, qui ont assuré que les fonds étaient "répartis de manière juste" et "transparente", suivant "des critères définis au parlement". Les critiques du Parti Populaire "ne sont pas pertinentes", a insisté la ministre de l'Economie Nadia Calviño. "La mise en oeuvre du plan de relance s'accélère" et va atteindre sa "vitesse de croisière" en 2022, a-t-elle ajouté. Un message relayé lundi par Pedro Sanchez, qui a "appelé toutes les institutions publiques à la responsabilité". "Ne faisons pas des fonds européens une question partisane (...), c'est ce que je demande à l'opposition", a-t-il martelé.


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