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Immersion au coeur du souk Dlala des Habous


Samira Lagsir
Vendredi 19 Avril 2024

Immersion au coeur du souk Dlala des Habous
A Casablanca, le quartier des Habous se dresse comme un joyau intemporel, où les traditions marocaines s'entremêlent harmonieusement avec la vie urbaine.

En effet, et dès les premiers pas dans ce dédale de ruelles étroites, on est envoûté par l'atmosphère enchanteresse qui y règne. Les façades aux tons chauds, les portes en bois finement sculptées et les motifs géométriques ornant les murs témoignent d'un riche héritage culturel, où chaque détail raconte une histoire particulière.

Au cœur de ce quartier émerge un marché exceptionnel appelé "Souk Dlala" qui offre aux visiteurs une expérience inoubliable. Il s’agit, en fait, de ventes aux enchères de tapis et d’ustensiles traditionnels en cuivre et en argent.

Dans ce cadre, Abdelilah Zahir, responsable du marché et propriétaire d’un magasin de tapis depuis 43 ans, nous a déclaré :   "Autrefois, les artisans venaient avec leurs produits, exposant leurs articles de manière aléatoire aux propriétaires de magasins vendant tapis et ustensiles en cuivre. Cela a provoqué le mécontentement d'un groupe de commerçants qui ne bénéficiaient pas des revenus des transactions, contrairement à d'autres. C'est ainsi qu'ils se sont organisés pour instaurer ce type de vente appelé Dlala, visant à promouvoir l'égalité des chances entre eux." Et d’ajouter : « Auparavant, la pratique de la Dlala était quotidienne, à l'exception du vendredi. Cependant, en raison de la pandémie de Covid-19, les vendeurs concernés étaient interdits d'exposer leurs produits. Après la pandémie, les vendeurs de la Dlala ont repris leurs activités, mais seulement trois fois par semaine, le mardi, le jeudi et le samedi après-midi, pour une durée d'environ deux heures . Ce type de vente repose sur un "Dellal", chargé d'exposer et de commercialiser les marchandises."

Toujours d’après notre interlocuteur, le marché de Dlala s'est développé ultérieurement grâce à la participation de femmes tissant des tapis à cette époque. Originaires de différents quartiers de la ville  tels que Sidi Moumen, Sidi Othmane, El Bernoussi, leur présence a fait du marché une destination attrayante pour un nombre considérable de commerçants issus de diverses régions du Maroc, désireux de vendre leurs produits.

Toutefois, devenir Dellal au sein du Souk des Habous n’est pas donné à tout le monde. En effet, certains critères sont indispensables tels que l'honnêteté et la fidélité ainsi que l'accord des commerçants. Ces intermédiaires gagnent 5% sur chaque vente réalisée et 2,5% en cas de non-vente de la marchandise. Pour beaucoup d'entre eux, c'est leur unique source de revenus. Actuellement, on dénombre seulement 10 courtiers (Dellala), alors que par le passé, leur nombre dépassait la cinquantaine, nous a précisé Abdelilah Zahir.

Il est à noter également que ce métier demeure exclusivement réservé aux hommes. Cependant, quelques femmes choisissent d’étaler leurs marchandises sans avoir recours à un intermédiaire. Leur nombre a augmenté ces derniers temps.

Rachida, une commerçante ambulante habitant près de la célèbre mosquée Al Mohammadi, située dans le quartier des Habous, partage son expérience : “J'ai commencé à exercer ce métier depuis l'emprisonnement de mon mari. C'était le seul moyen de subvenir aux besoins de mes enfants. Bien qu'ils soient maintenant indépendants, ce métier reste pour moi une passion que je ne pourrais jamais abandonner. C'est comme une drogue.”

Pour sa part, Fettah Zaki, un acteur associatif, soutient que “la forme actuelle de la Dlala suscite la colère de certains commerçants. Selon eux, les marchandises exposées aujourd'hui sont de qualité médiocre, contrairement à celles d'autrefois qui étaient de grande valeur et très authentiques ».

La même source a ajouté qu'il est vivement demandé d'inclure le dimanche parmi les jours de travail, étant donné que c'est un jour où le commerce est florissant. « Cela pourrait contribuer à améliorer les revenus de ceux qui souffrent de précarité économique », a-t-elle fait savoir.

Samira Lagsir (journaliste stagiaire)


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