Partant de ce point de vue, Nejmi a souligné l’importance accordée au patrimoine culturel oral et à sa collecte, en général la culture, dans sa dimension anthropologique comme dans son aspect savant. L’acte d’écrire n’a commencé qu’à des phases historiques ultérieures. D’où la perdition, a-t-il précisé, d’une bonne partie de ce patrimoine oral, notamment en matière de culture amazighe. Le but de cette refonte réside dans la démocratisation de la vie culturelle marocaine et l’expression dans une société libre et démocratique de toutes les voix, les styles, les modes de vie, les formes de pensée et les manifestations culturelles anthropologiques. « Si la création littéraire arabe n’avait vu le jour qu’avec la dynastie almoravide, la formation du dialecte marocain, tel que nous le connaissons aujourd’hui, a été entamée à l’époque mérinide. D’ailleurs, en l’absence de compilation des différentes créations littéraires, nous ne disposons, aujourd’hui, que d’un texte de cette période, à savoir «Malâbat lkfif» (Jeu du malvoyant)», a précisé ce chercheur en patrimoine oral et qui avait soutenu une thèse de doctorat sur «L’art de l’Aïta oral».
L’histoire du Maroc, selon l’auteur de «Gertrude», avait été marquée à une certaine époque par une prédominance d’une culture mauresque «andalouse», par rapport aux autres genres sous-estimés. Bien qu’elles regorgent de grandes potentialités en matière de musique, de rythmes, de chants, de costumes, de coutumes et traditions ancestrales, ces cultures longtemps dédaignées, à savoir la culture amazighe et celle des «Aroubiya», ont su conserver leurs traits essentiels et marqué leur présence sociale et populaire. Il faut certainement affirmer que la lutte culturelle dans ce sens n’est aucunement étrangère à l’instauration d’une certaine démocratie politique dans son sens large.
Bien avant l’intervention de Nejmi, le chercheur Fouad Lahmidi avait retracé le parcours de l’invité de ce café littéraire, en évoquant les différents prix nationaux et internationaux obtenus et son engagement comme l’un des animateurs du champ culturel institutionnel, que ce soit au sein de l’Union des écrivains du Maroc ou de « Bayt Achiîr » (la Maison de la Poésie), entre autres.