Il faut le reconnaître. Les handicapés reviennent de loin dans ce pays. Dans une société qui a toujours caché ses handicapés, comme de la poussière sous le tapis, le Maroc tente aujourd’hui de mettre en place une vraie politique publique d’insertion des personnes handicapées.
Et au gouvernement, c’est la ministre en charge de la Famille, du Développement social et de la Solidarité qui a la responsabilité du dossier des handicapés. Dossier épineux, transversal, où tout est à faire, à construire au nom de l’égalité des citoyens et des chances.
Une personne handicapée a-t-elle réellement accès à la pleine citoyenneté dans un pays comme le nôtre ? C’est toute l’équation. Un non-voyant ou un mal-entendant est-il réellement en phase des changements que connaît le Maroc ? Il est permis d’en douter à regarder les médias publics de chez nous qui n’ont à peu près rien prévu en direction de cette catégorie de personnes handicapées.
L’accès à l’emploi est au cœur des revendications des associations de personnes handicapées. La discrimination est patente, aveuglante, criante d’injustice. Les offres d’emploi portant la mention « être apte physiquement » -même pour un emploi qui ne nécessite aucune aptitude physique particulière- viennent en témoigner douloureusement et rappeler que le handicap est toujours synonyme d’une condamnation au chômage, à perpétuité. Gros plan sur la grosse campagne médiatique menée actuellement en France et ses capsules publicitaires où l’on voit le comédien d’origine marocaine, Jamal Debbouze, assumer son handicap et faire tomber tous les tabous sur le chemin de la non-discrimination en matière d’emploi des personnes handicapées.
Il y a quelques jours, le Maroc célébrait la Journée nationale des personnes handicapées. C’était le 30 mars dernier. Et une brèche dans le monde de silence des autistes a été donnée à voir, jeudi 2 avril, à l’occasion de la Journée mondiale de l’autisme. Autant de raisons et de causes pour que cette semaine, « Libération » choisisse de consacrer son dossier du week-end à ces personnes qui souffrent d’un handicap, quel qu’il soit. Un dossier qui fait le point, interroge les textes de lois, lève le voile sur les discriminations et interpelle les décideurs. Un dossier qui veut donner espoir en braquant les projecteurs sur des « success story », en sport, dans les arts, en culture. Un dossier qui dit haut et fort qu’une personne handicapée n’a pas plus de droits qu’un Marocain qui n’a pas de handicap. Mais qui n’en a pas pour autant moins parce que handicapé. Un dossier, enfin, à consommer sans modération.