Zendaya. Ado star devenue icône touche-à-tout

Droit des générations futures




Hamid Loqmani, président de l’ONG «Rencontre démocratique» : “Pour toutes ces raisons, nous appelons le chef du gouvernement à partir”


Propos recueillis par MUSTAPHA ELOUIZI
Mercredi 8 Août 2012

Hamid Loqmani, président de l’ONG «Rencontre démocratique» : “Pour toutes ces raisons, nous appelons le chef du gouvernement à partir”
Les déclarations
du chef du
gouvernement Abdelilah Benkirane sur la chaîne
Al Jazeera suscitent des réactions
de tous bords.
Après Transparency
Maroc qui a dénoncé ce qu’elle a qualifié
de «désengagement de la lutte contre
la corruption»,
une autre ONG monte au créneau
et appelle carrément le chef du
gouvernement
à la démission.
Il s’agit de «Rencontre Démocratique»,
dont le président Hamid Loqmani s’explique
dans cet entretien avec «Libé».


Libé : Pourquoi avez-vous appelé le chef du gouvernement à démissionner ?

Hamid Loqmani : Le chef du gouvernement a accumulé beaucoup d’erreurs déjà, mais la plus grave a trait à ses déclarations autour de la lutte contre la corruption, diffusées sur la chaîne Al Jazeera, lors de son passage à l’émission «Bila Houdoud». Abdelilah Benkirane  a déclaré ouvertement que la lutte contre la corruption ne figure pas sur son agenda, même si ce slogan avait encadré sa campagne électorale et constituait l’axe majeur de son programme gouvernemental. La formule « effacer l’ardoise » veut dire que le chef du gouvernement procède à la normalisation avec toutes sortes de prévarication et pardonne à tous les corrompus du pays, en violation flagrante des termes de la Constitution, ayant consacré le principe de la non-impunité, la reddition des comptes et l’option démocratique. La corruption ne peut cohabiter avec la démocratie, qui signifie la suprématie de l’autorité judiciaire, des règles de loi et du principe de la transparence. Si Benkirane est chef du gouvernement grâce aux urnes démocratiques, ce qu’il est en train de faire n’a aucune légitimité démocratique.

Et alors, que doit-il faire … ?

Lorsqu’on ne peut réaliser ce qu’on avait déjà promu, ce pour quoi les gens ont voté pour vous, il n’y a qu’une seule issue. Et les démocrates du monde entier choisissent cette option démocratique, à savoir quitter le poste, en respect aux électeurs et au peuple et aux valeurs de l’engagement électoral.

Un chef de gouvernement n’a-t-il pas le droit d’avoir des priorités ?

Si. Mais la lutte contre la corruption n’est pas une simple option facultative, mais est bel et bien une obligation constitutionnelle. Et encore faut-il que sa politique soit compatible avec ses engagements et l’esprit démocratique. L’une des priorités actuellement, reste la préparation d’un climat sain pour le développement économique, social et culturel. Le handicap majeur à ce projet reste la prolifération des différents aspects de prévarication dans les différentes institutions de l’Etat, chargées de la gestion des affaires publiques. Et toutes ces institutions tombent sous le coup du gouvernement. Il est donc inadmissible de s’adresser aux corrompus en disant : «Les corrompus, s’ils existent, seront châtiés par Dieu !» Emanant d’un chef du gouvernement, ces propos sont inconvenables, car ils abrogent l’autorité de la loi et le rôle des institutions. Pire, ils incitent à davantage de corruption.

Quels sont, selon vous, les fondements essentiels de la lutte contre la corruption ?

La lutte contre la corruption nécessite, à mon sens, l’élaboration d’un plan d’urgence intégré dont les grands objectifs doivent être la résultante d’un véritable dialogue national. C’est là où l’on doit distinguer les engagements de chacune des parties prenantes, et bien évidemment, l’autorité judiciaire doit être le fer de lance de toute cette stratégie, tout comme cela fut déjà établi par d’autres pays, à situation pareille, comme l’Italie avec la politique : «Mains propres».

Il y a pourtant au sein de l’actuel gouvernement des initiatives visant à dénoncer l’économie de rente. A votre avis, que manque-t-il à ces opérations ?

Combattre l’économie de rente mérite une stratégie persuasive, à même de mettre à la disposition également des alternatives à travers des lois et politiques publiques. L’objectif étant de pouvoir permettre un climat de concurrence économique productive dans le cadre de la loi. Faute de quoi, les initiatives menées par certains ministres PJD restent isolées et ressemblent trop à des propagandes médiatiques. Il s’agit là d’un déficit patent en matière d’assimilation de l’effort à fournir par rapport à la question de la lutte contre la corruption.

Quelle est dans ce cadre la mission et quels sont les objectifs de votre Association «Rencontre démocratique»?

La «Rencontre démocratique» est un carrefour de tous les démocrates imprégnés de valeurs universelles des droits humains et de la réelle citoyenneté. Cet espace réunit aussi tous les modernistes convaincus des valeurs de la liberté, du progrès, du rationnel et du réalisme, de différence, de la pluralité et du respect de la pensée d’autrui, dans le cadre des constances démocratiques. Et face aux prémices de régression constatées dans les cercles rétrogrades et conservateurs, nous ne pouvons que manifester notre volonté d’asseoir un sursaut de lutte pour préserver nos acquis et aller de l’avant vers une démocratie plus ouverte et plus équilibrée.
La société civile a tant joué son rôle dans le changement vers la démocratie, sa valeur s’est même consacrée constitutionnellement, au point qu’elle est actuellement promue en tant que partenaire parfait dans l’élaboration, le contrôle et la gestion de la chose publique. D’où, notre stratégie dans «Rencontre démocratique», visant à capitaliser les avantages de la nouvelle Constitution, afin d’accompagner les élites au niveau des centres de décision. 


Lu 916 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.












Inscription à la newsletter



services