
"Nous n'insultons personne lorsque nous défendons nos idées", a déclaré le président français François Hollande lundi soir à Paris. "La France ne fait pas de leçon, à aucun pays, mais la France n'accepte aucune intolérance", a-t-il ajouté.
Mais près de deux semaines après le carnage dans les locaux de l'hebdomadaire satirique commis par deux frères jihadistes français, l'incompréhension est totale dans le monde entre ceux qui défendent le droit d'un journal à moquer la religion quelle qu'elle soit et ceux qui crient au blasphème.
Douze personnes au total ont été tuées dans la fusillade et la fuite des assaillants, dont de grands noms du dessin de presse français.
La Tchétchénie, république musulmane du Caucase russe, est devenue pour quelques heures lundi l'épicentre de la contestation anti-Charlie Hebdo.
Scandant "Allah Akbar" et agitant des banderoles proclamant leur amour pour le Prophète Mohamed, des centaines de milliers de manifestants se sont réunis au pied de la mosquée de Grozny, selon une journaliste de l'AFP sur place.
Les autorités locales et le gouvernement fédéral à Moscou ont évoqué de 800.000 à 1 million de manifestants. Mais il est difficile de dire avec précision combien de personnes, de Tchétchénie et de l'ensemble du Caucase russe, ont répondu à l'appel du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov. La population totale de la Tchétchénie s'établit officiellement à 1,2 million d'habitants et celle de Grozny à 220.000 habitants.
"Derrière l'incident des caricatures, se trouvent les autorités et les services secrets des pays occidentaux", a accusé le dirigeant tchétchène devant la foule, martelant qu'il ne laisserait "personne insulter le Prophète".
Parmi les manifestants, certains estimaient que les victimes de l'attaque contre Charlie Hebdo le 7 janvier, au coeur de Paris, avaient "mérité" leur sort.
"Ce sont ces mêmes forces obscures, celles qui ont provoqué ces caricatures, qui ont assassiné ces gens", expliquait un vieil homme, revêtu de la coiffe traditionnelle tchétchène.
A l'instar de la Tchétchénie, la contestation contre les caricatures faisait tache d'huile dans plusieurs pays, même si la majorité des musulmans reste étrangère à ce mouvement de contestation. A Jalalabad, dans l'est de l'Afghanistan, environ 500 manifestants ont défilé et brûlé un drapeau français.