-
A l’occasion de Aid Al Maoulid, Libération présente ses vœux déférents à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à la famille Royale, au peuple marocain et à l’ensemble de la Oumma islamique
-
Incendie au quartier général de la mission internationale au Darfour : Omar el Béchir attendu en Ethiopie
-
Le greffier du Tribunal spécial pour le Liban présente sa démission
-
Plusieurs pays occidentaux ne participent pas aux travaux : La conférence sur le racisme s’est ouverte sur fond de défections
-
L’amour aux temps de l’immigration : Lecture du film “Un fiancé pour Yasmina” d’Irène Cardona
Leur grève, en plus du dérapage de trop, c’est-à-dire la mort d’un camionneur, a fini par paralyser le secteur économique et affoler les marchés intérieurs. Flambée des prix des fruits et légumes et crainte de pénurie, les citoyens ont payé le prix fort la réforme du Code de la route et la volonté affichée d’un ministre décidé à mettre fin à l’hécatombe de la guerre des routes en terre marocaine.
« Dans cette histoire, le gouvernement a fait preuve d’obstination. Depuis le début, ce dossier a souffert d’une mauvaise gestion gouvernementale. Souvenez-vous, des grèves ont été déclenchées sous l’Exécutif Jettou à la présentation du Code de la route devant le Parlement. Ghellab a dû le retirer et revoir sa copie avant de le représenter une seconde fois. Lors de la session passée, notre groupe parlementaire a présenté pas moins de 100 amendements. Les plus importants, ceux essentiels n’ont tout simplement pas été retenus par le gouvernement. Aujourd’hui, ce même gouvernement paie le fait de n’avoir écouté personne : ni les parlementaires, ni les transporteurs, ni les médias », explique Saad-Eddine El Otmani, président du conseil national du PJD.
Le report de l’examen du projet du Code de la route devant la Chambre des conseillers –on ne reviendra pas sur la forme inédite où l’on voit un président de Chambre et un ministre annoncer le report de l’examen de ce projet et l’ouverture d’un dialogue avec les professionnels du secteur- n’aura pas réussi à calmer syndicats et grévistes. Même divisés sur la question et alors que certaines centrales ont choisi d’arrêter le mouvement de grève, la paralysie était bien palpable, à travers tout le territoire, tout au long de la journée du lundi 13 avril. Stations-service prises d’assaut et sous surveillance policière, des kilomètres de queue pour pouvoir mettre de l’essence, des marchés à court d’approvisionnement, bref la crise s’est installée nourrie par déclarations intempestives de représentants de la fédération des transporteurs, demandant sans autre forme de procès le retrait du projet de Code de la route et l’ouverture d’un dialogue avec le Premier ministre et non plus le ministre du Transport. On n’est pas loin de la crise politique et du lâchage de Ghellab qui techniquement, a mille fois raison et politiquement non, au regard du poids du lobby des transporteurs.
Dialogue social : un problème de méthodologie
Dans la soirée de ce lundi 13 avril, alors que le mouvement des transporteurs se radicalise et que l’activité économique du pays est frappée de plein fouet, Abbas El Fassi entre en scène. Il tient réunion avec les représentants de plusieurs associations professionnelles du secteur du transport et leur confirme que l’examen du Code de la route par la Chambre des conseillers est suspendu « jusqu’à ce qu’un accord consensuel soit trouvé ». Une commission a d’ailleurs été créée pour étudier les amendements que proposent les professionnels des transports. Pour Larbi Ajjoul, membre dirigeant de l’USFP, il y a, à la base, un problème d’approche du dialogue social. « Le dialogue social est considéré de manière globale, il y a beaucoup trop d’intervenants, on mêle tout à la fois, le secteur public et le secteur privé. La crise actuelle est une conséquence de cette méthodologie qui peut se justifier quand on veut instaurer un climat de confiance mais pas quand on veut résoudre les problèmes par secteur. Autant le pays a besoin d’un Code de la route moderne, autant une telle réforme nécessite l’approfondissement du dialogue. En fait, le gouvernement aurait dû anticiper les dégâts », soutient notre interlocuteur ittihadi.
La gestion politique de cette crise accolée désormais au Code de la route suscite nombre d’interrogations. L’intervention (curieuse) du président de la Chambre des conseillers pour la suspension du texte, l’ouverture de nouvelles négociations par le ministre du Transport et enfin un Premier ministre qui s’empare bien tardivement du dossier pour désamorcer une crise qui frôlait l’enlisement. « Le gouvernement n’est pas audible. On ne l’entend pas et encore moins sa communication de crise », fait valoir le député du PJD, Saad Eddine El Othmani.
A quelques semaines des élections communales, la cote de popularité du gouvernement et de sa majorité vient d’être sérieusement écornée. Merci qui ?