Les ressources en eau renouvelables sont évaluées à 29 milliards de m3/an. Celles qui peuvent être techniquement et économiquement mobilisables ne dépassent pas 21 milliards de m3/an, soit en 1996, 830 m3 par habitant et par an et 411 m3 par habitant et par an en 2020 selon les projections de la Direction générale de l'hydraulique.
De plus, le contexte hydrologique du Maroc reste principalement influencé par une irrégularité annuelle et interannuelle très marquée des précipitations et une hétérogénéité de leur distribution spatiale. L'ensemble de ces indicateurs montrent que la pénurie chronique d'eau devient une donnée structurelle dont il faut tenir compte, à l'avenir, dans les politiques, et les stratégies de gestion des ressources en eau.
Alors que le volume d'eau disponible par an et par habitant se situe aujourd'hui à 730 m3, il ne sera que de l'ordre de 580 m3 en 2030 et la confrontation des ressources en eau mobilisables et des besoins de l'agriculture, de l'industrie et de la population annonce un déficit général en 2020. Dans certaines régions, cette comparaison annonce à court terme, un « stress hydrique » prononcé, dû à l'inégale répartition des ressources.
Déjà rare, la ressource est également soumise à une augmentation continue des besoins, due à l'évolution rapide de la population, à l'amélioration du niveau de vie, au développement industriel et à l'extension de l'agriculture irriguée. Ces pressions sur les ressources en eau s'accompagnent d'une dégradation croissante et de plus en plus grave de leur qualité. Cette dégradation de la ressource coûte cher au pays, soit près de 6% du PIB.
Pour faire face au défi, l'accélération du développement des infrastructures et systèmes d'assainissement est une priorité absolue.
Mais il ne permettra nullement de gérer la rareté de l'eau à l'amont. L'alternative en la matière consiste en une politique de limitation de la demande aux besoins strictement nécessaires qui permettrait de différer l'échéance de déficit, d'économiser la ressource en adoptant les techniques modernes économes d'eau, de préserver la ressource contre la dégradation par les rejets urbains, industriels ou agricoles et de réduire le poids des investissements nécessaires à la satisfaction de la demande.
La gestion de la demande sera donc désormais considérée comme une action qui aura priorité sur toutes les autres ; y compris celles ayant trait à la réutilisation des eaux usées, au transfert d'eau entre bassins versants hydrauliques et au dessalement de l'eau de mer.
Le temps des solutions de facilité et de l'eau qui coule à flots est donc révolu à jamais.