Adoptée à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, la déclaration ministérielle formule une série de recommandations, allant de la nécessité de modifier les modes de consommation d’eau, en particulier dans l’agriculture, à celle de collecter et de traiter les eaux usées, au-delà de l’indispensable accès aux toilettes. Pendant une semaine, sur les rives du Bosphore, plus de 25.000 personnes ont débattu des moyens de protéger et de préserver cette ressource, sous la double pression de la croissance démographique (9 milliards d’humains en 2050 contre 6,5 milliards aujourd’hui) et du réchauffement climatique.
“Le Bangladesh fait face à des défis effrayants”, est venu rappeler Ramesh Chandra Sen, son ministre de l’Eau, évoquant “les inondations, l’érosion des berges”.
“L’avenir de l’agriculture est dans une utilisation plus efficace de l’eau”, a souligné Jacques Diouf, directeur général de la FAO, rappelant que l’agriculture représentait à elle seule 70% de la consommation mondiale. Si la semaine a donné lieu à un véritable foisonnement d’idées et d’échanges, mettant en relief le lien étroit entre eau, énergie et alimentation, son épilogue a laissé un goût amer. Tous les participants ne partageaient pas, loin s’en faut, la position du ministre turc de l’Environnement, Veysel Eroglu, selon lequel la déclaration finale est “un document important qui servira de repère.
La France, l’Espagne et plusieurs pays d’Amérique latine et d’Afrique ont tenté, en vain, de faire modifier le texte afin qu’il stipule que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un “droit” humain fondamental et non pas seulement un “besoin”, comme cela a été retenu.
Une vingtaine de pays - parmi lesquels l’Espagne, l’Afrique du Sud ou le Bangladesh - ont signé une déclaration dissidente, selon un délégué vénézuelien.
“Je suis déçue, car je pense que c’est un droit très important”, a réagi la secrétaire d’Etat française à l’Ecologie, Chantal Jouanno. “Il est choquant de voir que, pour la première cause de mortalité dans le monde, il n’y a pas plus de mobilisation politique”, a-t-elle regretté.
Environ 80% des maladies des pays en développement (diarrhées, choléra...) sont liées à l’eau. Le sénateur français Jean-François Legrand, qui a animé à Istanbul un collège d’environ 300 parlementaires originaires de près de 90 pays, a jugé la déclaration ministérielle “incolore, inodore et sans saveur”.
A preuve, la notion de “droit à l’accès à l’eau”, réclamée avec force par nombre d’ONG et plusieurs pays, ne figure pas dans ce texte qui énumère un certain nombre d’engagements: nécessité de faire des économies d’eau, en particulier dans le domaine agricole, de lutter contre la pollution des cours d’eau comme des nappes phréatiques. Il affirme, en outre, la nécessité de collecter et de traiter les eaux usées, au-delà de l’indispensable accès aux toilettes.
“La déclaration ministérielle est un document important qui servira de repère au niveau gouvernemental”, a déclaré le ministre turc de l’Environnement, Veysel Eroglu.
La France, l’Espagne et plusieurs pays d’Amérique latine et d’Afrique ont tenté, en vain, de faire modifier le texte. La déclaration finale stipule que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un “besoin humain fondamental”, et non pas un “droit”.
“Nous sommes attristés. On nous a refusé la possibilité de faire des changements dans le document”, a déclaré un délégué éthiopien.
Tout en saluant une semaine de débats “intenses et productifs”, le Partenariat français pour l’eau (PFE), qui regroupe des représentants de l’Etat, des collectivités locales, des entreprises et des ONG, a “déploré” dimanche que cette notion ne figure pas dans la déclaration ministérielle.
La secrétaire d’Etat française à l’Ecologie, Chantal Jouanno, a clairement indiqué qu’elle souhaitait que le texte soit renforcé en ce sens.
“Comment parler de droits de l’Homme si on ne parle pas de droit à l’accès à l’eau? C’est le droit qui conditionne tous les autres”, avait-elle déclaré à l’AFP.