

L’autoroute, l’avion, le train…ainsi, tous les chemins mènent à Tanger…au cinéma pour le plus grand rendez-vous du cinéma marocain. La fête de la profession devenue annuelle pour accompagner la dynamique d’une jeune cinématographie, aujourd’hui en pole position dans la région et un modèle dans son mode de production où l’aide publique joue comme un véritable moteur. Le choix de passer à une périodicité annuelle est venu au moment opportun : d’abord pour confirmer un constat. La production de films courts a connu un véritable boom et la récolte des films longs est d’année en année plus prometteuse. Il fallait alors s’adapter à ce nouveau rythme…mais pas seulement. Le choix d’une échéance annuelle, aujourd’hui réussi, était aussi porté par une vertu pédagogique : un exercice grandeur nature pour tirer l’ensemble de la profession vers davantage de professionnalisation. Placer la barre à un niveau qui nous dessine une nouvelle configuration où tous les acteurs opèrent une certaine (re)mise à niveau technique, artistique, organisationnelle et mentale. Oui, l’annualité du festival est une véritable révolution culturelle qu’il faut gagner tous les ans…tous les jours par tous…
Un observateur impénitent avait fait la remarque que l’année 2009 n’a pas eu son festival, à cause du léger repli de la onzième édition qui est passée au mois de janvier contrairement à celle de 2008 qui a eu lieu au mois de décembre. C’est une remarque de puriste qui pose une question phénoménologique sur la définition d’une année. Une année civile est un segment délimité par le premier janvier et le 31 décembre. Pour une manifestation qui aspire à être la vitrine et le reflet d’une année entière et pleine, ne faut-il pas bien attendre le 31 décembre à minuit ? C’est la pratique courante et régulière dans des domaines performants comme l’économie et les finances. Dans d’autres domaines voisins, comme le football, on a bien vu des finales de coupe se dérouler selon un calendrier très loin du calendrier civil…Pour les observateurs, le choix de janvier est venu naturellement dans le sillage de l’amélioration de la forme et du contenu du festival. Le choix de janvier s’est imposé aussi d’autant plus légitimement que l’une des séquences majeures, désormais, de chaque édition est la présentation du bilan cinématographique de l’année écoulée. C’était la première conférence de presse du festival et le premier moment fort du festival avec une intervention brillante de Nour-Eddine Saïl, directeur général du CCM. Intervention qui est partie d’un document important distribué à cette occasion ; il donne un aperçu global de l’ensemble de l’activité de 2009 dans le domaine du cinéma. Sa lecture est instructive, c’est un véritable outil de travail. « Pour nous, c’est un pas de plus sur la voie de la transparence des chiffres, mettre à la disposition des journalistes, des chercheurs, des observateurs de la chose cinématographique des éléments fiables pour lancer le débat sur des bases concrètes ». En effet, on peut déjà relever les grandes tendances du cinéma marocain comme jeune industrie et comme choix de production. Il y a des chiffres d’abord qui concernent la fréquentation des salles ; c’est le point noir de cette dynamique d’ensemble. L’ensemble des entrées ne dépasse pas les 3.000.000 de spectateurs ! Ce sont en effet 2.638.707 spectateurs qui ont choisi de voir un film dans sa patrie originelle, une salle de cinéma. Ils étaient un peu plus de 2.960.000 en 2008. C’est très faible comme score. Mais, au sein de ces chiffres, il y a le bon comportement du film marocain; c’est un nouveau record qui a été enregistré en 2009 avec plus de 723.900. C’est d’ailleurs ces films qui permettent aux salles de résister à la vague des fermetures. Sur un plan plus symbolique, ce chiffre permet aux films marocains de réaliser 26% de la part du marché et du coup arracher la deuxième place dans le box-office par nationalité dans le marché local. La première place étant pratiquement un monopole américain, le cinéma marocain est désormais un concurrent sérieux pour le cinéma égyptien et hindou traditionnellement installés en tête du box office.
Autre chiffre important, celui de l’avance sur recettes, le fonds d’aide relevant du Centre cinématographique marocain a distribué en 2009, 52 millions de dirhams au bénéfice de 19 films longs et courts. (Nous reviendrons plus en détails sur ces chiffres).
L’autre événement qui a marqué cette conférence d’ouverture est la présentation du nouveau trophée qui va récompenser les heureux lauréats. Il est l’œuvre généreuse (la conception a été offerte par l’artiste) du designer international, Hicham Lahlou.