Festival du film francophone d'Angoulême

“Sofia” de Meryem Ben M'barek en compétition officielle


Mehdi Ouassat
Lundi 20 Août 2018

Après avoir été récompensé au dernier Festival de Cannes du Prix du scénario dans la catégorie "Un certain regard", le film "Sofia", de la réalisatrice marocaine Meryem Ben M'barek, concourt en compétition officielle au Festival du film francophone d'Angoulême (FFA) qui se tiendra du 21 au 26 août. Dans ce long-métrage, qui figure parmi les dix films provenant de France, Belgique, Canada et de Suisse, en compétition officielle de cette onzième édition du FFA, la jeune cinéaste aborde plusieurs thèmes de société, dont le déni de grossesse, la fraction sociale au Maroc, ou encore le regard condescendant porté par l’Occident sur les femmes du monde arabe. «J’ai fait ce film parce qu’il me manquait quelque chose dans la représentation des femmes du monde arabe», explique Meryem Benm’Barek. «Souvent, dans l’art, elles sont représentées comme des femmes victimes du patriarcat et du machisme. C’est en partie vrai, mais penser cette condition ne peut se faire non plus en dehors d’une réflexion sur le contexte économique et social de ces femmes-là», souligne celle qui a su construire son casting où l’on retrouve notamment Sara Elmhamdi Elalaoui qui s’est fait connaître grâce à «Much Loved» de Nabil Ayouch, Sarah Perles qui a participé à «Burnout» de Nour-Eddine Lakmari, en plus de la célèbre Maroco-Belge Lubna Azabal et Hamza Khafif. 
Dans un entretien accordé à nos confrères de FDM, Meryem Benm’Barek explique qu’elle n’a aucune limite quant à ses choix de thème dans l’écriture et la conception d’un film. «La patte d’un artiste c’est plutôt la manière dont il s’approprie une thématique. Si, par exemple, on aborde un sujet aussi universel que l’amour, on peut observer qu’entre Roméo et Juliette, Bonnie and Clyde ou encore Harry et Sally, l’histoire se répète mais toujours avec un point de vue, une interprétation du monde et une sensibilité unique et propre à chaque auteur», souligne-t-elle. Et d’ajouter: «Mais il est vrai que je suis en général assez portée sur des sujets qui font appel aux sens. J’aime les films sensibles et sensitifs. Je n’ai pas de thématique “fétiche” ; tout dépend des questionnements et des émotions dans lesquels je me trouve à un moment précis de ma vie. Le tout est d’en faire une fiction et de la raconter avec un recul nécessaire qui permet d’universaliser le propos, même s’il s’agit toujours de sa propre interprétation d’une réalité donnée». Concernant les cinéastes qui l’inspirent, Meryem Benm’Barek dit qu’elle est portée par beaucoup d’artistes en général mais ceux qui la fascinent le plus défendent un cinéma sensitif et organique. «Pour moi, le maître en la matière reste John Cassavetes. Mais je suis tout aussi subjuguée par l’écriture scénaristique d’Asghar Farhadi, par les découpages proches de la dentelle d’Hitchcock, l’insolence de Xavier Dolan ou la véracité du réalisme des films d’Andréa Arnold», précise-t-elle, avant d’ajouter : «Après, je ne vous cache pas que je suis davantage inspirée par la vraie vie plus que par le cinéma». «Je crois que dans les métiers d’art, il faut s’autoriser à se mettre en danger, c’est-à-dire affronter le monde et les gens et faire face aux risques que ça implique», conclut l’artiste. 
Rappelons enfin que Festival du film francophone d'Angoulême qui débutera par la projection mardi soir du film "Lola et ses frères", une comédie dramatique française de Jean-Paul Rouve, propose une riche programmation avec, outre la compétition officielle, une dizaine d'avant-premières dont des adaptations de pièces de théâtre primées et à succès, un focus sur l'œuvre du réalisateur, producteur et scénariste français Jacques Doillon et un hommage au cinéma haïtien. Une section courts métrages figure également au programme. Créé par les producteurs Marie-France Brière et Dominique Besnehard, le FFA défend un cinéma populaire et subtil et met à l’honneur la Francophonie et les films francophones d’aujourd’hui, ceux du passé mais aussi les talents de demain. De grands films y ont fait, par le passé, leurs premiers pas tel "Intouchables".
 


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