Celles du Forum des femmes parlementaires en sont convaincues : parce que leur absence est un dysfonctionnement du système politique, la nécessaire institutionnalisation des mesures concrètes permettant l’accès des femmes dans les conseils locaux est une urgence. « Le Premier ministre n’avait-il pas dans sa déclaration gouvernementale prononcée devant le Parlement, fait vœu de parité ? Les communales sont une étape pour impulser cet élan », rappelle une élue du Forum des femmes parlementaires.
On s’en souvient, les femmes parlementaires avaient lancé, en octobre dernier, un appel solennel pour que les communales ne se fassent pas sans la moitié de la société, vidant de leur sens les institutions électives. Un appel qui refuse que « la politique au Maroc soit un quasi-monopole des hommes » et demande notamment que « des mesures concrètes soient prises par le gouvernement et les partis politiques afin qu’en 2009 la participation des femmes dépasse les pourcentages symboliques».
Cette contribution du Forum des femmes parlementaires pour que les femmes pénètrent dans les communes, ces chasses gardées hautement masculines, étaient aussi une manière de mener bataille contre le sous-développement et la pauvreté. Une manière aussi de quitter le discours et que le Maroc respecte ses engagements proclamés. Devant le Parlement, alors qu’il faisait sa déclaration gouvernementale, le Premier ministre a affirmé que son gouvernement allait se pencher « sur l’élaboration d’un plan d’action (…) pour accroître la représentation des femmes dans les institutions élues et aux postes de décision en vue de la parité ». Parité, le mot est lâché. Probablement un horizon lointain pour l’Istiqlalien Abbas El Fassi mais qui se prépare dès aujourd’hui, à la veille du rendez-vous communal prévu en juin 2009. Et à la fin du mois de novembre dernier, la Chambre des députés adoptait enfin le projet de Code électoral.
Une petite victoire que les militantes vivent malgré tout comme un grand pas. Après les désaccords, les revirements, les faux prétextes et les réticences, les Marocaines ont finalement arraché, au forceps et à la toute dernière minute, leur représentativité aux élections communales qui se dérouleront le 12 juin prochain.
Dans l’après-midi du mardi 25 novembre, le projet de Code électoral a été enfin adopté en commission de l’Intérieur et c’est toute la question du niveau de la représentativité des femmes aux élections qui a occupé le gros du débat. «Nous étions arrivés en commission avec une proposition consensuelle car il fallait absolument aboutir au consensus de tous les partis représentés au Parlement pour faire avancer les choses et ne pas risquer un rejet de la proposition», se rappelle une députée de gauche.
Des sièges supplémentaires ont été prévus dans les communes pour permettre la représentativité des femmes dans les conseils. En quelque sorte des listes supplémentaires réservées aux femmes que la loi ne mentionne pas aussi clairement pour échapper à l’écueil de l’anti-constitutionnalité.