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Face aux violences et malgré la peur, des soldats ont choisi de fuir : Nouvelles défections au sein de l’armée syrienne


AFP
Lundi 10 Octobre 2011

Face aux violences et malgré la peur, des soldats ont choisi de fuir : Nouvelles défections au sein de l’armée syrienne
Quand l’armée syrienne a pris d’assaut son propre village dans la province de Homs en tirant sur des civils sans armes, le lieutenant Amine s’est décidé à faire défection et à rallier les rangs de l’opposition. «Je ne pouvais plus supporter les exactions de l’armée», affirme à l’AFP ce lieutenant de 25 ans, en demandant que son vrai nom ne soit pas utilisé. En juin, il est entré clandestinement au Liban, avec ses parents et ses frères et soeurs pour éviter les représailles. Il raconte avoir vu dans Homs des soldats forcer la maison d’un militant présumé et tirer sur les jambes de son épouse et de sa fille pour les forcer à leur dire où il se trouvait. «Je suis parti parce que j’avais besoin de vivre avec la conscience tranquille», déclare Amine. «J’ai rejoint l’armée pour protéger mon peuple et ma terre, pour libérer le Golan (occupé par Israël) et non pour libérer Homs et Deraa (sud)». Plusieurs soldats syriens ont fait défection ces derniers mois avec des récits similaires, parlant d’une campagne de «terre brûlée» menée par le régime du président Bachar al-Assad et ses redoutables milices armées, les «chabbiha», pour étouffer la révolte populaire. Ils ont trouvé refuge en Turquie, ou au Liban, où ils ont rejoint les quelque 5.000 réfugiés Syriens qui ont fui les violences. Comme preuve de leur identité, ils montrent leurs documents militaires à l’AFP. Selon des informations de presse non confirmées, ils sont de plus en plus nombreux, et certains ont formé un groupe clandestin appelé l’Armée syrienne libre. Experts et diplomates estiment que le phénomène n’est pas très répandu, mais qu’il témoigne de l’hostilité grandissante à la répression brutale qui a fait, selon l’ONU, plus de 2.900 morts depuis le début mi-mars de la révolte. «J’ai fait défection avant d’avoir à choisir entre tuer quelqu’un ou être moi-même tué pour ne pas avoir obéi aux ordres», dit Rami, membre du renseignement militaire qui a fui au Liban, décrivant une armée de soldats désabusés mais soumis par la terreur.  «Les soldats sont surveillés de très près par leurs supérieurs et dès qu’un soupçon pèse sur eux, ils deviennent une cible» , raconte Rami, la quarantaine, qui, comme les autres déserteurs, n’utilise pas son vrai nom. «Lorsque cela arrive, il faut rapidement emmener la famille et plier bagage» .Les soldats dont la loyauté est mise en doute sont placés en première ligne. «Si vous ne tirez pas, ils vous tueront et diront à votre famille que c’était l’œuvre d’un gang terroriste armé», explique Rami. Youssef, un frêle soldat de 20 ans arrivé au Liban en août, raconte que l’ordre était donné à son unité à Homs de tirer sur des gens même s’ils ne manifestaient pas, afin de terroriser la population. Un jour, les membres de son unité ont reçu l’ordre de tirer «dans le dos» d’un homme sans arme circulant à vélo. «Il s’est vidé de son sang sans que sa famille ne puisse lui porter secours. Je ne sais pas pourquoi il a été tué, il ne représentait aucune menace», raconte-t-il avec beaucoup d’émotion. Et les services de sécurité tirent souvent sur les soldats pour accréditer la version du régime selon laquelle des «groupes terroristes armés» sont à l’origine des troubles, assure-t-il. Maher, un militant ayant fui au Liban, raconte qu’il a été chargé avec d’autres opposants à Homs de trouver des refuges, des vivres et des vêtements civils pour les déserteurs. Selon lui, beaucoup de ces déserteurs sont toujours dans la région et attendent des armes pour pouvoir faire face à la répression. Youssef, lui aussi, voudrait les rejoindre: «Moi, je n’ai pas fui. Je veux retourner très vite dans mon pays, avant la chute du régime, car je veux combattre ceux qui s’en prennent à mon peuple».


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