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Dans le cadre de ce document, rendu public récemment, l’institution constitutionnelle dirigée par Ahmed Réda Chami met en avant un certain nombre de points de vigilance dont celui sur la question du dessalement de l’eau de mer, désormais considéré comme l’une des solutions prometteuses pour mobiliser d’importants volumes d’eaux non-conventionnelles, indispensables à la sécurité hydrique et alimentaire du pays.
Pour parvenir à un mix hydrique résilient face aux mutations climatiques, le Conseil préconise d’emblée d’inscrire le dessalement dans une vision nationale concertée, considérant cette solution comme « capable de valoriser et de mobiliser de manière responsable et durable les ressources hydriques conventionnelles et non-conventionnelles pour satisfaire la demande en eau potable des ménages ainsi que les besoins spécifiques des secteurs productifs et des territoires ».
Les stations de dessalement doivent être munies de dispositifs de contrôle, de surveillance, de veille et de suivi continu afin de « neutraliser les impacts délétères potentiels du dessalement, notamment sur les écosystèmes marins dans leur diversité », a, par ailleurs, estimé le CESE jugeant opportun de consacrer le focus de cette année à la gestion du stress hydrique, notamment au vu de la sécheresse sévère que le Maroc a endurée ces dernières quatre années, culminant en 2022.
Comme pour souligner l’urgence et la nécessité de porter toute l’attention à cette question, l’institution note que l’augmentation de la fréquence et de l’intensité de la sécheresse, dans le contexte du changement climatique, s’est traduite par un sévère déficit hydrique touchant tous les usages (agricole, industriel, touristique, domestique, etc.).
Cela a eu « des répercussions majeures à la fois sur l’économie, les écosystèmes, la sécurité humaine (surtout hydrique, alimentaire et sanitaire) et les moyens de subsistance pour une grande part de la population », a-t-elle rappelé dans son rapport.
Appel à une rupture majeure dans nos habitudes de consommation
Il est évident que la sécheresse, jadis perçue comme un risque conjoncturel, est dorénavant une donne structurelle, exacerbant le stress hydrique qui assaille le pays.
C’est dire que pour répondre à cet enjeu, « une intervention urgente visant à atténuer ses effets immédiats, notamment sur les populations, secteurs et territoires vulnérables, se révèle vitale », a soutenu le Conseil.
Bien que les pouvoirs publics aient fait preuve de réactivité en déployant un ensemble de mesures de portées conjoncturelle et structurelle afin d’atténuer les effets immédiats de la sécheresse et faire face au stress hydrique à moyen et long termes, le CESE estime cependant que « le traitement optimal du stress hydrique – qui est également exacerbé par d’autres facteurs tels que l’augmentation de la demande en eau, les pertes et les pollutions – nécessite de mettre en place des mesures stratégiques s’inscrivant dans la perspective d’une gouvernance efficace de l’eau, en pleine convergence avec la réforme d’autres secteurs, notamment le secteur agricole ».
Ainsi, afin de garantir la sécurité hydrique durable du pays et de renforcer sa résilience face aux risques futurs engendrés par le changement climatique, notamment le phénomène de la sécheresse, le CESE formule un ensemble de recommandations.
Les propositions du Conseil, qui s’appuie sur un diagnostic partagé, visent à orienter les actions et les réformes futures. Avec l’ambition ultime « d’assurer la durabilité de la sécurité hydrique du pays et de renforcer sa résilience face à un éventail de risques futurs (climatiques, hydriques, alimentaires, etc.) ».
Grosso modo, le Conseil plaide pour le développement d’un plan national de sécheresse, sur la base d’un système d’alerte précoce, compilant des données agrométéorologiques et hydrologiques en temps réel, pour ensuite définir, pour chaque niveau d’alerte, les mesures à prendre, ainsi que les entités responsables de leur mise en œuvre.
Il préconise aussi la mise en place d’un mécanisme institutionnel d’arbitrage et de coordination en période de sécheresse, basé sur une large concertation multi-acteurs aux niveaux central et territorial et la création d’un organe indépendant, qui serait chargé, dans une logique de gestion intégrée des ressources hydriques, de l’allocation optimisée de ce bien national et de la mise en place d’une politique tarifaire des ressources hydriques.
Le CESE appelle, par ailleurs, à « accélérer le programme de mobilisation des eaux non-conventionnelles en particulier par le renforcement des capacités des collectivités territoriales en matière de collecte et de traitement des eaux usées et la diversification des utilisations des eaux traitées dans les domaines agricole et industriel et éventuellement dans la recharge des nappes souterraines; et la promotion de l’investissement dans la collecte et l’utilisation des eaux de pluie ».
En plus de renforcer les actions de sensibilisation des usagers de l’eau sur la rationalisation des utilisations et l’économie d’eau, l’institution préconise de repenser le modèle agricole en relation avec l’exploitation et la gestion de l’eau en redéfinissant les activités et les spécialités agricoles pour permettre à chaque région de se spécialiser dans des pratiques et cultures durables sur le plan hydrique.
Alain Bouithy