-
Entretien entre l’ambassadeur du Maroc en République dominicaine et le nouveau président du parlement centraméricain
-
Vers la création d'un réseau des magistrats africains
-
Le stress hydrique intensifié par été caniculaire
-
Le peuple marocain célèbre l'anniversaire de SAR la Princesse Lalla Meryem
-
Les ateliers "jouer et apprendre" se poursuivent à Al Qods
Incompréhension
Hassan Lachguar, député ittihadi et membre du Conseil de la ville, trouve, pour sa part, incompréhensible la sortie médiatique de Mme Asmaa Rhlalou vu sa place et sa position en tant que maire de la capitale investie de mille et un pouvoirs et qui se trouve au centre de la prise de décision. « Notre surprise est totale d’autant que Mme la maire s’est contentée de soulever seulement ce dossier alors qu’il y a d’autres questions plus importantes et plus urgentes que l’on passe curieusement sous silence. Bref, nous considérons ces propos comme du bavardage inutile qui cherche, ni plus ni moins, à susciter l’intérêt des médias. Et en tant que Groupe socialiste, nous comptons envoyer une lettre à Mme la maire pour davantage d’informations sur ce sujet », nous a-t-il déclaré.
Selon des sources proches du dossier, la dernière sortie médiatique de Mme la maire a été perçue comme une insulte à l’ensemble du personnel communal qui a du mal à se voir qualifié de « fantômes » alors qu’il s’agit, au fond, d’un problème de gestion des ressources humaines et des conditions de travail.
« Les fonctionnaires sont conscients qu’il s’agit d’un faux problème et refusent de servir de dindons de la farce », nous a indiqué une source de la commune urbaine de Rabat sollicitant l’anonymat. Et de poursuivre : « En effet, le chiffre de 2.400 fonctionnaires fantômes est erroné et exagérément gonflé. On se demande d’où Mme la maire a sorti ces statistiques puisqu’il n’y a pas d’études, rapports ou autres documents qui confirment ces chiffres. Cela prouve combien elle ne maîtrise pas les tenants et aboutissants de ce dossier ou qu’elle a été piégée à dessein. Et dans les deux cas, c’est grave puisqu’il s’agit de la maire de la capitale, qui plus est, et non d’un simple édile.
A rappeler que le PJD a fait mine de procéder, lors du dernier mandat, à une sorte de chasse aux fonctionnaires fantômes, mais cette chasse aux sorcières n’a rien donné de concret. En fait, si ce phénomène existe, il est loin d’atteindre l’ampleur que la rumeur et les approximations lui accordent ».
Complexité
Pour notre source, le nombre des fonctionnaires au sein des communes de Rabat est passé de 7.100 en 2002 à 3.400 actuellement. Une situation qui trouve son explication dans les départs à la retraite, les démissions et l’embauche dans d’autres secteurs.
Hassan Lachguar« A noter, et pour des raisons bien déterminées liées à cette époque, que l’âge minimum des fonctionnaires dépasse la quarantaine (10% sont âgés entre 40 et 50 ans, 80% entre 50 et 60 ans et 10% entre 60 et 63 ans). Et chaque année, entre 10 et 20% des fonctionnaires partent à la retraite. Il faut rappeler qu’une grande majorité de ces fonctionnaires ont été embauchés dans les années 1992 et 1994 », nous a-t-elle précisé. Et de poursuivre : « La question des fonctionnaires fantômes est un problème qui existe partout. Il s’agit bien d’un problème complexe et multifactoriel. Et il faut le prendre cas par cas pour comprendre de près ce phénomène puisque parfois nous sommes face à des fonctionnaires « fantômes » par la force des choses.
En tant qu’élus USFP, nous sommes pour la reddition des comptes et la sanction des contrevenants, le cas échéant
En effet, il y a des fonctionnaires qui n’ont pas de bureaux à leur disposition, quand ils ne sont pas contraints de travailler dans des locaux démunis de tout, et il y a d’autres qui sont bannis, pour une raison ou une autre, par le président de l’arrondissement sans parler des fonctionnaires attachés auprès de services extérieurs. A noter également que le ministère de l’Intérieur a drastiquement réduit le nombre des services et divisions ».
Dans ce sens, notre source estime que les propos de Mme la maire constituent également des accusations graves contre les présidents des arrondissements, les caids chefs des annexes administratives et le wali puisque toutes ces entités administratives emploient des fonctionnaires communaux.
Responsabilité
Notre source soutient que la vraie question qui doit être posée est celle de la responsabilité de Mme la maire dans cette affaire. En effet, nombreux sont ceux qui se demandent pourquoi Asmaa Rhlalou a attendu tous ces mois avant de chercher à lancer ce qui est, en fait, un pétard mouillé.
« Mme la maire est en place depuis 10 mois et elle est, par la force de la loi, le chef hiérarchique de tout le personnel communal. Elle est la première responsable chargée de l’octroi des salaires, des promotions et de la sanction. Nous nous demandons où elle était pendant tout ce temps. Pourquoi n’a-t-elle pas procédé au gel des salaires des supposés « fonctionnaires fantômes » ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu des avertissements et des blâmes ? Tout simplement, pourquoi n’a-t-elle pas appliqué les dispositions du Code du travail à ce propos? », s’est-elle interrogée.
Pour une autre source qui a exigé l’anonymat, derrière ladite sortie médiatique de Mme la maire, il y aurait plutôt une manœuvre politique destinée à restructurer l’organigramme du Conseil communal et la première personne visée serait, de ce fait, le directeur des services ou celle chargée des ressources humaines.
« C’est un jeu politique qui vise à rebattre les cartes au sein de l’organigramme communal de la ville puisque tout le monde sait que ledit organigramme est fortement disputé par les partis politiques qui gouvernent la ville et chacun tente de placer ses pions», nous a-t-elle révélé. Et d’expliquer : « La maire cherche à faire pression sur le directeur des services ainsi que le responsable de la gestion des ressources humaines, et ce pour des visées purement partisanes ».
Pour d’autres, la maire cherche plutôt à dissimuler la réalité de l’administration communale à Rabat. Cette administration a, en effet, vu le nombre de ses services réduit de 46 à 25 et certains d’entre eux ont été tout simplement rayés de l’organigramme comme c’est le cas de la police administrative qui englobait 200 fonctionnaires qui ont dû chercher un poste ailleurs, et ce malgré la mission cruciale de ce service en matière d’hygiène, de salubrité publique, d’urbanisme et d’occupation du domaine public.
Reddition des comptes
Hassan Lachguar estime qu’au fond ce dossier renvoie à la question du service public et de la gestion des ressources humaines communales. « Pour nous, la position de Mme la maire traduit ou plutôt exprime l’absence de cette approche du service public et la volonté de développer et promouvoir le personnel communal », nous a-t-il indiqué. Et de conclure : « Nous sommes avec l’application des lois et procédures en vigueur. Nous sommes pour la reddition des comptes et la sanction des contrevenants le cas échéant».
Hassan Bentaleb