à une punition collective des Marocains pour
se venger. Elle a commis un crime contre
l’humanité au vu du droit international, affirmele
président de l’ADEMA Mohamed Harwachi.
Libé : Quelles sont les raisons et dans quelles conditions l’ADEMA a été créée?
M. Harwachi : L’Association pour la défense des Marocains expulsés d’Algérie a été créée en 2005 pour réhabiliter les 45.000 familles victimes du régime algérien. Le monde et le Maroc ont connu un élan dans le domaine des droits de l’Homme et nous avons voulu créer un cadre pour lutter, pour rendre justice aux familles marocaines et réclamer un dédommagement et des excuses de la part de l’état algérien. D’autre part, notre dossier a été longtemps marginalisé et il fallait donc donner un coup de pouce à notre cause à travers la création d’une association qui défendrait nos droits. Certes, au début, notre initiative a rencontré plusieurs difficultés mais aujourd’hui, on est reconnu comme un cadre de tous les refoulés d’Algérie. Et nous avons une section européenne et beaucoup de sympathisants à travers le monde. Notre croyance en notre cause et la persévérance de nos militants ont payé en fin de compte.
Quels sont les objectifs de cette création?
Ce sont les objectifs définis dans le règlement qui régit l’association. En général, la défense des droits des déportés d’Algérie dans son sens global afin de réaliser une véritable intégration dans la société car après 33 ans des événements, les refoulés ne sont pas vraiment intégrés. De plus, nous cherchons à exposer notre cause à l’échelle internationale pour plus de reconnaissance, plus d’équité et plus de justice à travers une réelle réhabilitation des Marocains expulsés en 1975.
L’Algérie a toujours prétendu que vous résidiez illégalement sur le sol algérien.
J’ai suivi dans ce sens les déclarations de certains responsables algériens ou encore certains pseudo-intellectuels à la solde du régime. Les Marocains résidaient d’une manière légale chez nos voisins depuis des siècles. Plusieurs d’entre eux possèdent la carte de Moujahid délivrée aux résistants et plusieurs rues et avenues portent leurs noms. Et peut-on dire que les 12000 Algériennes qui ont rejoint leurs maris au Maroc résidaient aussi illégalement en Algérie? L’Algérie a procédé à une punition collective des Marocains pour se venger. Elle a commis un crime contre l’humanité au vu du droit international. Les autorités algériennes doivent répondre de ces crimes devant les juridictions internationales compétentes.
Vous reprochez souvent à la diplomatie marocaine de ne pas soutenir votre cause comme il le faut. Qu’attendez-vous du Maroc?
Ce que nous attendons, c’est le soutien à notre cause. L’aide nécessaire pour une vraie réinsertion de toutes les générations de refoulés. La diplomatie marocaine a fait beaucoup d’erreurs par le passé dans le dossier du Sahara et au sujet de notre cause aussi.
Dans la situation actuelle, on est patriote et on ne cherche pas à contrarier ni à critiquer le gouvernement marocain vu sa position passive depuis le début envers notre cause. Ce que nous réclamons, c’est le respect de notre dignité comme citoyens qui ont payé très cher leur citoyenneté et leur patriotisme.
Et faire en sorte que les Marocains aient une vie décente dans leur pays et bénéficie des mêmes droits que les autres citoyens dans le domaine du travail, de l’habitat, entre autres.
Vous avez révélé l’affaire des tombes collectives de Sabkha d’Oran.Vous avez des preuves ?
Le cimetière clandestin de Sabkha est connu par beaucoup d’Oranais d’un certain âge. Le régime algérien y enterrait des opposants, des Marocains, des Français et même des Italiens. Les crimes ont eu lieu sur des périodes différentes : 1962, 63, 65,68 et bien sûr 1975. Nous avons saisi le Secrétaire général des Nations unies et comptons poursuivre les autorités algériennes auprès des instances compétentes pour crimes contre l’humanité. Bien sûr, l’Etat algérien poursuit sa politique de l’autruche mais étant donné l’atmosphère qui règne au sein de la communauté internationale, nous sommes capables d’ouvrir grandes ouvertes les portes de l’enfer et lui mener la vie dure dans ce dossier qui peut prendre une ampleur plus grande. L’internationalisation de ces crimes de Sabkha n’est pas loin à mon avis.
Quelles sont alors vos prochaines actions?
On vient d’organiser un sit-in devant l’Ambassade d’Algérie pour attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur notre juste cause. Dans ce cadre, on ne peut pas avoir une liste des initiatives et prévoir des actions à prendre car on doit attendre les réactions. Mais ce qui est sûr, c’est que nous ne lâcherons pas prise. Et que nous défendrons notre cause jusqu’au bout. Nous entreprendrons des initiatives relatives à la sensibilisation sur notre dossier et nous tenterons d’améliorer la situation difficile ou se trouvent beaucoup de Marocains refoulés d’Algérie.