Entretien avec le comédien Abdellah Ferkous : «Le cinéma national doit se débarrasser de ceux qui ne connaissent que le seul langage de l’argent»


Propos recueillis par Alain BOUITHY
Vendredi 19 Août 2011

Entretien avec le comédien Abdellah Ferkous : «Le cinéma national doit se débarrasser de ceux qui ne connaissent que le seul langage de l’argent»
Abdellah Ferkous n’est plus à présenter. Grande figure du cinéma marocain, le comédien s’est distingué dans de nombreuses productions qui ont fait de lui une référence du 7ème art national. Le comédien marrakchi est à l’affiche de «Zman Kenza», le nouveau téléfilm du réalisateur Daoud Aoulad Syad, diffusé dernièrement sur la deuxième chaîne, 2M.

Libé : Actualité oblige, à quoi ressemble la journée de l’acteur que vous êtes durant le mois sacré de Ramadan?

Abdellah Ferkous :Ma journée ressemble à celle de tous les Marocains: je me réveille tôt, je vais au travail, je fais mes prières puis j’attends la rupture du jeûne. Ensuite, je regarde la télévision.

Parlons justement de télévision. Qu’aimez-vous regarder en général sur le petit écran?

J’aime bien voir des productions marocaines et bien entendu tout ce qui peut m’instruire et aussi m’amuser. Mais je suis surtout porté sur les productions nationales et m’intéresse particulièrement à leur niveau.

Restons donc à la télé où vous êtes à l’affiche du dernier téléfilm de Daoud Aoulad, «Zman Kenza». Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre le casting de ce film?

J’ai été touché par la thématique du film qui aborde une question à mon sens cruciale: la pression psychologique que vivent les parents à l’orée de leur vie du fait qu’ils sont abandonnés par leur progéniture. Ce film pose donc la question du devoir des enfants envers leurs parents, invite la société à prendre conscience de cette tragédie et surtout à ne pas tomber dans de tels travers très courants dans les sociétés occidentales. C’est un drame que des enfants ne s’intéressent plus à leurs géniteurs au moment où ils ont le plus besoin d’eux.

Ce problème est effectivement préoccupant dans les sociétés occidentales. Avez-vous le sentiment qu’il se pose au Maroc?

On en parle parce que c’est une réalité qui s’installe ici sans qu’on s’en rende compte peut-être. Le téléfilm «Zman Kenza» est là pour éviter qu’on tombe dans ce comportement, que les enfants prennent toujours soin de leurs parents et surtout ne les abandonnent pas à leur propre sort.

Ce film a été tourné à Marrakech. Jouer dans la ville d’où vous êtes originaire a quelque chose de particulier pour vous?

C’est sûr. Mais il faut dire aussi que Marrakech représente dans une certaine mesure le Maroc : on y retrouve tous les problèmes sociaux et notamment familiaux auxquels le pays est confronté. L’espace marrakchi est de ce point de vue idéal pour aborder un sujet de cette importance.

Un mot sur l’ambiance qui a prévalu pendant le tournage.

Je ne vous apprendrai pas plus parce que l’ambiance qui a prévalu lors du tournage, vous l’avez constatée sur l’écran.

Vous avez joué dans diverses productions. Y a-t-il un genre qui vous intéresse particulièrement?

J’aime jouer dans les films d’action et dans le genre comique (de situation) sur des thèmes touchant au quotidien des citoyens.

On parle en bien du cinéma marocain depuis une décennie. En tant qu’acteur, avez-vous ressenti une évolution dans ce secteur?

Ces dernières années, le cinéma marocain a reçu de nombreux prix. Cela n’est que le début pourvu qu’on travaille sur une autre idée du cinéma afin que celui-ci se développe plus et continue à obtenir d’autres récompenses.

Ces nombreuses récompenses ont-elles apporté des changements dans le statut de l’acteur au Maroc?

C’est une grande question. Les acteurs ont une carte d’artiste dès leur premier pas. Ils ont même un statut, sauf que celui-ci  n’est pas activé. On peut donc déplorer qu’il y ait encore des artistes sans carte, ce qui les oblige à travailler en free-lance.

Que faut-il faire?

Les producteurs et réalisateurs doivent penser à un vrai cinéma marocain pour vraiment prétendre devenir international: il faut qu’il soit véritablement national pour qu’il devienne international.

Ce n’est pas encore le cas ?

Ça dépend des produits. Le cinéma national a besoin de professionnels responsables et capables de résoudre ce problème. En outre, il faut se débarrasser des gens qui n’ont que des intérêts financiers et accordent peu de crédit au côté artistique: leur place au cinéma peut être préjudiciable.

Vous êtes une référence dans le cinéma marocain. Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui voudront s’y investir?

Les jeunes qui veulent faire carrière au cinéma doivent accorder beaucoup d’attention et de considération à ceux qui les ont précédés dans ce domaine. Ce sont leurs aînés, ils se sont investis avant eux et ont acquis une expérience avérée qui peut leur être utile dans bien de situations. Pour le reste, c’est une question de volonté, d’abnégation et de patience.

Des projets?     
   
J’en ai beaucoup. Mais je ne saurais en dire plus puisque rien n’est encore officiel. Aucun engagement jusqu’à présent pour que je vous en parle. Il n’y a ni signature ni accord. Au moment opportun nous en reparlerons.


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