partie de ces
championnes déterminées à aller davantage de l’avant. Après avoir ravi trois médailles d’or aux Jeux paralympiques qui
se sont déroulés l’été
dernier en Chine, l’athlète marocaine compte
rééditer le coup de la
distinction lors
des prochaines échéances.
Benhama avait crevé l’écran au lendemain des Jeux paralympiques. L’occasion a été pour nous de réaliser avec elle un entretien, dont nous republions de larges extraits.
Libé : Pourriez-vous nous parler de vos débuts ?
Sanaa Benhama : A l’instar de l’ensemble des athlètes marocains, j’ai entamé ma carrière lors des jeux scolaires. Au début, je concourrais dans les épreuves du cross-country et je faisais partie du club de l’Ittihad de Khémisset. A 19 ans, j’avais décidé d’aborder un nouveau cap, en allant intégrer le centre sportif de l’AS.FAR en 2003. Après avoir passé des tests médicaux, le staff compétent a diagnostiqué une mal voyance et m’a orienté vers le handisport. Au départ, j’avais du mal à accepter cette réalité, mais avec le temps et la volonté, je me suis dis qu’il faudrait que j’accepte mon sort. Vu que mes premiers pas dans l’athlétisme étaient dans le cross, je me voyais une athlète de demi-fond, mais grâce à mon entraîneur Fikri qui a pu déceler d’autres qualités, il m’a conseillée d’opter pour le sprint. C’est à partir de ce moment là que ma carrière a débutée.
L’entame, c’était au niveau de la scène nationale ?
Ma première participation à une manifestation réservée aux champions à besoins spécifiques date de 2007. C’était à l’occasion des phases finales de la Coupe du Trône. J’étais déterminée à faire partie des athlètes qui constitueront la sélection marocaine de handisport. Et pour atteindre cet objectif, il a fallu que je me donne à fond, ce qui m’a permis de remporter les deux courses du sprint, le 100 et 200 m, tout en réalisant les minima des Jeux paralympiques. Une fois les minima atteints, j’ai pris part avec l’équipe nationale à des stages de concentration en Algérie et en Tunisie. Et c’est à Tunis d’ailleurs, que j’ai pu obtenir la classification internationale afin de concourir dans les courses T13 des Jeux paralympiques de Pékin 2008.
Comment avez-vous vécu cette édition chinoise où votre moisson a été de trois médailles d’or ?
Les Jeux olympiques ou paralympiques, c’est la consécration des champions. Quatre mois avant le départ pour Pékin, j’avais contracté une blessure, mais cela ne m’a pas empêché d’accentuer le travail de mon programme de préparation, tout en gardant confiance et en étant optimiste. Mon entraîneur n’a rien laissé au hasard et a peaufiné tout le programme, surtout qu’il savait qu’il ne m’accompagnerait pas à cette édition. D’ailleurs, A Pékin, les consignes techniques de mon coach, je les recevais par téléphone avant chaque course. J’étais alignée sur quatre épreuves à savoir le saut en longueur, le 100, le 200 et le 400 m. Et je devais débuter le 12 septembre, étant inscrite au concours de longueur et du tour de piste. Au saut en longueur, du fait que je n’avais pas le droit de me retirer, je me suis contentée de la participation, abandonnant au deuxième essai avec tout de même une septième place au classement final. Il faut dire que je n’avais pas d’autres choix dans la mesure où le calendrier du jour ne m’aidait pas à aller jusqu’au bout dans l’épreuve du saut en longueur. Il y avait le 400 m dont la finale était programmée à 18h30, seulement trois heures après celle du saut en longueur. Je me suis concentrée davantage sur le 400 m pour terminer première de la série, avant d’enchaîner sur une victoire en finale avec un temps de 55 sec 56, ce qui est un record paralympique.
Ce premier titre a été pour beaucoup dans la suite de vos exploits au « Nid d’oiseau » ?
Bien entendu. Puisque que je ne tablais pas sur une victoire sur le 400 m et je misais tout sur le 100 et 200 m. Au demi-tour de piste, je devais assurer ma qualification en finale, autrement dit il n’y avait pas assez de temps pour la récupération. La qualification dans la poche, j’ai disputé la finale et une fois la ligne d’arrivée franchie, je me suis rendue compte que je venais de réaliser le doublé. Sur le 100 m, j’appréhendais ma blessure contractée au cours des précédentes épreuves, mais je me suis dit que ce n’est pas le moment de lâcher prise. Les caprices de la météo étaient là et il pleuvait des cordes sur la piste. Mais je n’avais d’yeux que pour une troisième couronne : en demi-finale, j’ai gagné avec un nouveau record paralympique (12 sec 35) et en finale je me suis imposée avec un record du monde égalé (12 sec 28).
Qu’en est-il de vos objectifs lors des prochaines échéances ?
Mon objectif est des plus clairs : gagner et défendre dignement les couleurs nationales. En étant triple championne paralympique, il va falloir maintenant que je confirme. Il y a tout d’abord les Championnats du monde en Nouvelle-Zélande en 2010 et je nourris l’espoir de garnir le palmarès du sport marocain par des sacres mondiaux. Alors qu’en 2012, l’heure sera au rendez-vous majeur, les Jeux paralympiques de Londres et je tiens à défendre mes trois couronnes. A Londres, il est fort possible que je dispute aussi le 800 m, alors qu’à Wellington, je m’alignerai également sur le saut en longueur. Pour cette saison, je compte participer aux meetings handisport de la saison estivale.